Interviewé dans le cadre d’un (énième) dossier sur la violence du rugby moderne paru dans le Midi Olympique, le tout jeune retraité Vincent Clerc a donné son sentiment sur l’évolution de son sport.
A la question de savoir si les impacts sont plus violents aujourd’hui, il tient à nuancer : “Je ne sais pas si on peut dire ça. Peut-être que ça tape un peu plus fort depuis cinq ou six ans mais les blessures viennent-elles vraiment de là ? Je me pose la question. À un moment donné, je voyais beaucoup de commotions qui survenaient sur des interventions défensives où les joueurs cherchaient à plaquer avec leur épaule forte et mettaient la tête du mauvais côté. Du coup, n’est-ce pas une mauvaise technique de plaquage qui engendre plus de blessures plutôt que la vitesse d’impact elle-même ? On voit aussi des joueurs plaquer de plus en plus haut et se faire mal comme ça… Alors tout cela est-il plus lié à l’évolution du rugby, de sa vitesse et de sa puissance, ou est-ce plutôt qu’on veut tellement marquer l’adversaire qu’on se met plus en danger ? La question se pose.”
Et Clerc de rappeler que de nombreuses blessures arrivent également par malchance : “Après, on n’évitera jamais les blessures d’un genou sur un mauvais appui par exemple. Ça fera toujours partie du rugby…”
Quand le journaliste du Midi Olympique l’interroge pour savoir si le rugby d’aujourd’hui “détruit” les hommes, là encore, le recordman du nombre d’essais en TOP14 tient à nuancer en rappelant que le rugby a toujours été un sport traumatisant : “Bien sûr que le rugby est traumatisant. Moins on récupère entre les matchs et les saisons, moins on laisse le temps au corps de se régénérer pour encaisser les chocs. Mais c’est un sport traumatique depuis toujours. Si le joueur est exemplaire, va faire correctement sa récup’ après tous les entraînements et tous les matchs, a une bonne hygiène de vie et prend le temps de s’étirer, sa carrière va sûrement durer plus longtemps qu’un autre qui ne le fera pas. Le paramètre de la blessure à lui seul ne suffit pas. Il y a l’hygiène de vie donc mais aussi la nourriture, le sommeil, la récupération, les soins etc. On ne peut pas prendre en compte uniquement le traumatisme sur le terrain. Ce serait trop facile.”