Le directeur de la performance du XV de France, Thibault Giroud s’est confié dans les colonnes du journal L’équipe pour évoquer la dernière ligne droite avant le Mondial.
Il évoque la semaine de préparation du match contre l’Australie, programmé dimanche. Extrait:
On est sur une semaine longue. C’est la dernière semaine de développement avant le match des Blacks (le 8 septembre). On a un jour de plus d’entraînement puisqu’on joue dimanche. On a laissé une journée tranquille au groupe lundi, sauf pour quelques individualités par rapport à l’annonce de la liste et au fait que nous ayons cette semaine longue qu’on ne voulait pas surcharger.
On a un ”ball in play” assez important aujourd’hui (mercredi), le dernier de la préparation. Il faut qu’on continue à travailler. On ne va pas adapter par rapport à la chaleur, ça fait un moment qu’on travaille avec, justement par objectif. Sur un ”ball in play”, c’est un travail à balles réelles et on ne va pas le mettre à 9 heures avec de la fraîcheur ou le soir parce qu’on doit relâcher les neuf joueurs qui repartent en club. Ça ne nous dérange pas, au contraire, de garder l’entraînement sous la chaleur.
Il revient ensuite sur la difficulté à annoncer à certains joueurs qu’il ne feront pas partie de la liste des 33. Extrait:
Quand vous annoncez à des joueurs qui ne sont pas dans la liste des 33, vous vous doutez bien que c’est dur. Ça fait deux mois qu’ils s’investissent tous les jours avec le groupe. Ce sont des compétiteurs. C’est ma deuxième Coupe du monde et je sais très bien qu’il y aura peut-être des joueurs qui vont se blesser et qu’il peut se passer encore beaucoup de choses tous les jours, à tous les entraînements, tous les matches. La porte n’est jamais fermée.
C’est pour ça que c’est très intéressant d’avoir des joueurs là qui ont fait toute la prépa avec nous. Ils vont être maintenus physiologiquement et rugbystiquement au mieux pour intégrer le groupe s’il y a un souci. Quand vous n’êtes pas gardé dans une liste de 33, évidemment c’est compliqué à gérer mais ce sont des joueurs intelligents et qui peuvent rebondir très vite. Il y a encore cette chance de participer à la Coupe du monde car ils savent que s’il y a un souci, c’est eux qu’on va appeler.
Questionné sur les blessures contractées par Cyril Baille et Romain Ntamack, Thibault Giroud se défend. Extrait:
La première chose que je vous ai dite en début juillet, c’est qu’il y aura des blessés. Et ce n’est pas fini, il y aura encore des blessés. Ça fait partie du rugby professionnel. Il y a eu beaucoup de polémiques ces dernières semaines sur la préparation. C’est comme tous les quatre ans, quoi que vous fassiez dans la préparation il y a des polémiques, soit elle est trop dure, pas assez bien ou trop facile. Je ne me suis jamais réjoui qu’il n’y ait pas de blessés après le stage à Monaco car je savais très bien qu’il y aurait des blessés. On l’a toujours dit.
Si on parle des temps de jeu, pour l’Afrique du Sud et la Nouvelle-Zélande, on est à 127 minutes en moyenne pour les avants et à 152 pour les trois-quarts. Nous, l’équipe de France, on est à 86 et 87. On a listé ces quatre matches pour chaque joueur. Et personne n’allait jouer les quatre. C’est clair. Il faut que tout le monde comprenne qu’on est obligés de jouer des matches. C’est du rugby professionnel de très haut niveau.
On ne peut pas faire du twirling bâton (*) pendant huit semaines, sortir les mecs du formol une semaine avant les Blacks et se dire que les mecs vont être bons parce qu’on les a mis sur le terrain. Ça n’existe pas. Si tout le monde le fait, c’est qu’il y a une raison. Et encore, nous n’avons pas joué le Rugby Championship comme les équipes du Sud. Il y a encore Nouvelle-Zélande – Afrique du Sud ce week-end, ça va taper. Les deux équipes ne vont pas jouer en poussant la poussette.
Évidemment, ce sont des partis pris. Nous ne sommes pas dans des sports où on n’a pas besoin de jouer. On a besoin de jouer des matches pour retrouver de l’intensité et nos automatismes techniques, tactiques et physiologiques. Il n’y a que l’Irlande qui a moins joué que nous mais sinon toutes les grosses nations ont plus joué. Et elles vont encore jouer ce week-end comme nous.
On prend des risques et on s’expose à avoir des blessés à tout moment mais on est obligé d’en passer par là. On ne peut pas ne pas faire de matches amicaux. Et on ne peut pas avoir une préparation en laissant les joueurs le plus dans la fraîcheur sous prétexte de ne pas les blesser. C’est impossible. On n’a pas changé la préparation parce qu’on a perdu Romain (Ntamack) et que Cyril (Baille) s’est blessé. On est sur la route. C’est un parti pris que l’on a fait depuis longtemps. On est toujours sur ce chemin-là.