Le sélectionneur de l’Australie, Eddie Jones s’est longuement confié dans les colonnes du Midi Olympique pour évoquer divers sujets.
Il a tout d’abord parlé de sa guerre avec les journalistes Australiens. Extrait:
Un trop-plein, sans doute… Les Wallabies ont probablement la plus jeune équipe de cette Coupe du monde ; une équipe prometteuse, enthousiaste, talentueuse mais qui se fait systématiquement dénigrer. Je me devais de défendre les joueurs.
Le droit à la critique est fondamental ? Et le droit de se défendre aussi. Je ne pouvais pas leur laisser dire des inepties sans riposter. Je fais ce métier depuis très longtemps (il entraîne au plus haut niveau depuis 1998) et je pense en savoir autant qu’eux sur la préparation d’une équipe. Et puis, dire que je n’ai pas informé certains joueurs de leur non-sélection est une absurdité : parce que je sais quelle est ma responsabilité dans ce genre de situation. (il soupire) Maintenant, si un joueur refuse de prendre mon appel parce qu’il sait qu’il n’est pas sélectionné révèle aussi beaucoup de choses sur sa personnalité…
Il explique ensuite sa décision de ne pas retenir Michaël Hooper pour le Mondial. Extrait:
Déjà, sa blessure au mollet n’était pas totalement résorbée. Et puis, on doit aujourd’hui aller de l’avant et donner le pouvoir à cette nouvelle génération. Elle a besoin de nouveaux leaders ; je suis là pour déceler lesquels.
Il indique ensuite pourquoi Will Skelton a été désigné capitaine des Wallabies. Extrait:
Will est un gagnant. Il a par le passé remporté des trophées avec les Saracens et en gagne aujourd’hui avec La Rochelle. Il n’y a pas de hasard. Et puis, il connaît l’environnement français, la culture locale et nous aidera à vivre du mieux possible cette aventure loin de nos terres. Je crois aussi que Will Skelton a un côté rassembleur que les gens ignorent. Il peut être le ciment de notre jeune équipe.
Le XV de France a Paul Willemse et Romain Taofifenua, la Nouvelle-Zélande Brodie Retallick ou Scott Barrett, les Springboks Eben Etzebeth ou RG Snyman… Posséder, à droite de sa mêlée, un deuxième-ligne de ce gabarit est une arme.
Il explique pourquoi Tawera Kerr-Barlow n’a finalement pas été appelé, lui qui possède la nationalité Australienne. Extrait:
Kerr-Barlow est un super joueur. Mais il est Néo-Zélandais jusqu’au bout des ongles. Il est Kiwi par tous ses aspects et il me semblait difficile d’amener un joueur comme lui dans une si courte aventure. Et puis, la fédération australienne n’a jamais ouvert la porte à cette possibilité, alors…
Selon lui, les Australiens ont toutes les chances de remporter le Mondial. Extrait:
Nous ne sommes qu’aux prémices de notre histoire. Quand j’ai été nommé sélectionneur (en janvier dernier), j’ai été dans l’obligation de détruire l’équipe en place pour en créer une nouvelle.
Parce qu’il fallait changer le sens de l’histoire. Parce que nous avions jusque-là un record de défaites ahurissant et sortions de huit années très médiocres… J’ai donc fait ce qu’avait fait Fabien Galthié trois ans plus tôt, lorsqu’il a été nommé sélectionneur. Il a détruit l’ossature en place, lancé de jeunes joueurs et développé un nouveau « french style ». De notre côté, nous sommes simplement en train d’essayer d’ériger un nouveau style de rugby australien.
Il a ensuite exprimé son admiration pour les Bleus. Extrait:
La chose qui m’impressionne le plus à propos du XV de France est sa discipline. C’est aussi ça, le nouveau style français dont je vous parlais en préambule. Les Bleus ne font plus de cadeaux : ils harcèlent les porteurs de balles adverses, mettent une pression terrible sur chaque ruck et utilisent à bon escient la longueur de coup de pied de Dupont, Ramos ou Jaminet.
Le match d’ouverture ? Ces deux équipes sont celles qui tapent le plus au pied, au niveau international : les Bleus usent en moyenne du pied long trente fois dans une rencontre et les All Blacks, quand Richie Mo’unga (Crusaders) est titulaire à l’ouverture, frappent tout autant. Celui qui négociera le mieux cette partie de tennis en soixante coups remportera donc la rencontre.
Cela ressemblera, en fait, à une partie de tennis à Roland Garros où les deux adversaires se répondront d’abord depuis le fond du court avant de surprendre l’autre par un amorti près du filet. Mais qui de la France ou de la Nouvelle-Zélande réussira-t-elle le plus d’amortis ?
Il explique ensuite pourquoi il a appelé Pierre-Henry Broncan dans son staff et pas Marc Dal Maso. Extrait:
Pierre est un passionné, un coach intelligent… Et puis, j’avais besoin à mes côtés de quelqu’un qui puisse m’aider à comprendre la culture de la France, un pays où nous nous apprêtons à passer deux mois. Par le passé, j’avais déjà eu une très bonne expérience avec Marc Dal Maso, qui avait fait de la mêlée japonaise (Eddie Jones fut sélectionneur du Japon de 2012 à 2015, N.D.L.R.) un édifice pour le moins conquérant.
Marc Dal Maso ? La façon dont il bâtit une mêlée demande du temps. Et du temps, nous n’en avons pas… Je vous rappelle que je n’avais que six mois pour présenter en Coupe du monde une équipe compétitive…