Le pilier droit de l’équipe de France, Uini Atonio possède des origines Samoanes et a grandi en Nouvelle-Zélande.
Interrogé via Sud-Ouest, ce-dernier estime que ce mélange fait que son style de jeu est un petit “bordel”. Extrait:
Dans mon style de jeu, c’est un peu le bordel avec un petit mélange des trois influences (sourire). Vous savez, mon père a joué pour les Samoa en 10 dans les années 1980 : il a longtemps voulu qu’on joue avec mon frère à ce poste mais, avec nos gabarits, on a tous les deux joué devant. J’ai joué pour la Nouvelle-Zélande en jeunes, j’ai voulu porter le maillot des All Blacks, mais j’ai fait la Coupe du monde des moins de 20 ans avec les Samoa. Ça, c’est l’un des souvenirs que je ne pourrai jamais oublier.
Il explique comment son papa était strict. Extrait:
J’étais un peu forcé de jouer au rugby (sourire) ! C’était le sport numéro 1, comme le foot l’est ici en France. Mon père nous emmenait tous les mardis et les jeudis à l’entraînement. Et tous les samedis, on se levait, on mangeait et on partait au match : à 9 heures du matin, pieds nus, on était déjà en train de plaquer. C’était dur parce que mon père était très exigeant.
Si on ne marquait pas X essais, on marchait pour rentrer à la maison. Il y avait quand même trois ou quatre bornes. Il était toujours dur : même si on était sélectionné dans les équipes régionales, il n’était jamais content. Il voulait qu’on réussisse. Quand j’ai signé mon premier contrat, c’est la première fois je crois qu’il m’a « lâché » un petit peu. C’est à partir de là qu’il a commencé à dire que c’était bien.
Même quand on faisait un bon match, il ne disait rien. Il ne voulait pas qu’on ait la grosse tête. Avec mon frère, on était toujours dans les équipes régionales, voire nationales : c’était déjà énorme pour notre âge. Mais il ne montrait pas ses émotions. Ce n’était pas quelqu’un qui aidait par les encouragements. Il voulait qu’on y arrive par nos propres moyens.
Il essaye de reproduire cela avec ses enfants. Extrait:
J’essaie de faire pareil avec mes enfants. Mais vu que mon fils ne veut pas faire du rugby (sourire), je ne peux le faire qu’à travers les autres sports. J’essaie de lui inculquer la même chose. Vous savez, on n’était pas les plus riches : c’était dur quand on était jeune. Il ne faut pas que tu laisses penser que la vie est facile.
Il revient ensuite sur son enfance. Extrait:
Je ne manquais pas d’amour. Mes parents étaient toujours là pour moi. Mon père est soudeur, il le sera pendant encore deux ou trois ans, ma mère travaillait dans l’hôtellerie. Quand je dis qu’on ne manquait de rien, c’est qu’on mangeait quoi. C’était dur, mais il y avait à manger. En plus, on avait un énorme jardin avec beaucoup de légumes ou des fruits. Ce n’était pas la « cata ». Dans le quartier, personne n’était propriétaire. Il n’y avait qu’une voiture par famille, ce qui était déjà énorme.
J’ai grandi dans la province des Crusaders. Mais comme les Blues gagnaient tout le temps, on en venait à se dire que c’était trop facile pour eux. Mon frère est resté à fond derrière eux. Moi, je dis que je suis pour les Blues parce que j’aime ce style de rugby : il y avait des Carlos Spencer, des Joe Rockocoko… Ils faisaient n’importe quoi et ça marchait !
Il précise qu’il était à l’internat durant son enfance. Extrait:
J’ai été à l’internat vous savez : je ne rentrais chez moi qu’une fois tous les deux mois. Tu dors avec les copains, tu manges avec eux, tu joues avec eux : on faisait tout ensemble. J’adorais ce côté familial. Je retrouve ça d’ailleurs à La Rochelle. Toutes les semaines, on fait des repas ensemble.
Petit, il faisait du théâtre. Il a beaucoup aimé. Extrait:
J’aimais bien. Ça m’a beaucoup aidé parce que quand j’étais jeune, je n’avais pas trop confiance en moi : ça m’a appris à m’ouvrir aux gens. J’ai fait six ans de théâtre. Les trois dernières années, on avait même une troupe, on faisait des spectacles : on était payé pour en faire à Auckland ou un petit peu partout…
Tu te rends compte en plus que l’argent ne fait pas tout. Ce sont les petites histoires qui t’amènent là où tu en es aujourd’hui. La plupart des potes ne savent pas ça. Quand ils finissent le rugby, ils ont des diplômes. Nous, on était obligé de travailler.
Ça m’a surtout inculqué le respect. Quand tu vois des gens travailler dur pour avoir le Smic, tu te rappelles que tu as été dans la même situation il n’y a pas si longtemps.
Pour conclure, Uini Atonio affirme avoir aidé sa famille sur le plan financier. Extrait:
J’ai fait en sorte que ma mère arrête de travailler il y a trois ans, elle commençait à fatiguer. Mais c’est normal : c’est tout le temps comme ça chez nous. Même si j’avais fait un boulot normal, ça aurait été pareil d’ailleurs. On a la chance d’avoir de beaux salaires. La maison dans laquelle ils habitent, je l’ai achetée. Je suis content d’avoir pu le faire.