Ce vendredi soir, le XV de France s’est imposé contre les All-Blacks à l’occasion du match d’ouverture de la Coupe du monde.
Chroniqueur pour Midi Olympique, l’ancien international Français Richard Dourthe n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour évoquer la faiblesse des Néo-Zélandais.
Il se demande où sont réellement passés les All-Blacks.
Selon lui, les Blacks portent désormais le noir de leur propre deuil.
Voici le portrait effrayant des All-Blacks tiré par Richard Dourthe. Extrait:
“On m’a beaucoup posé cette question, ces jours derniers : « T’es heureux, chameau ? » Evidemment que je suis heureux ! Le XV de France a mis trente points aux All Blacks, hurlé à la face des Springboks ou des Irlandais qu’il était prêt au combat et de façon plus globale, le sport que j’aime tant est aujourd’hui au centre de toutes les attentions dans le pays ! Quant aux fines gueules de toute obédience me répétant à l’envi que la cérémonie d’ouverture était naze, je leur réponds volontiers que, rythmée, gracieuse, « frenchie », elle eut le mérite fondamental de faire chanter le Stade de France et rendre les gens heureux…
Mais là n’est pas mon propos. En me retournant sur ce match inaugural, je m’interroge aujourd’hui sur le niveau réel des All Blacks. Car vous les avez vus comme moi, n’est-ce pas ? Où est passée, dès lors, la Nouvelle-Zélande qui portait le deuil de ses adversaires ? Évaporée, semble-t-il… Et j’ai beau faire et refaire ce match à l’envi, le meilleur Néo-Zélandais du match s’appelait vendredi soir Uini Atonio, portait Cocotte au poitrail et chantait la Marseillaise…
Au sujet des Tout Noir, je regrette déjà qu’ils n’aient pas été capables de se doter d’un paquet d’avants solide, dense et conquérant avant que ne démarre cette compétition : la mêlée néo-zélandaise pose bien trop souvent le genou à terre, la défense des mauls pénétrants est chez les Tout Noir fort légère et, excepté ce tracteur de Scott Barrett, aucun des avants kiwis n’est suffisamment puissant pour placer cette formidable ligne de trois-quarts dans l’avancée.
Franchement ? Je serais né à Dunedin ou Hamilton, je regretterais ainsi beaucoup que Rieko Ioane, Beauden Barrett, Will Jordan ou Mark Telea n’aient pas plus souvent le ballon entre les mains parce que de toute évidence, ces mecs-là feraient un massacre derrière un cinq de devant dominant ! Vous l’avez vu Ioane, quand il accélère ? Et Telea, lorsqu’il pose un cad’ deb’ dans une cabine téléphonique ? Non, sérieusement… Une ligne de trois-quarts possédant une telle force de frappe et des « skills » pareilles mériterait être bien mieux escortée qu’elle ne l’est aujourd’hui…
Au-delà de ça, et pour avoir affronté quelques fois la Nouvelle-Zélande dans ma carrière, j’ai enfin constaté ce week-end que les Kiwis ont totalement perdu leur instinct de tueurs : pour moi, un All Blacks a toujours été quelqu’un marquant des points dès qu’il franchit les 22 mètres adverses ; et vendredi soir, les coéquipiers d’Ardie Savea ont été plus maladroits que d’habitude dans les zones de marque, ont lâché des ballons et même fait deux passes à l’arbitre de touche, sur des temps forts… En réalité, j’ai beau concéder avec vous que l’on peut être champion du monde après avoir foiré son premier match, j’ai cette fois-ci l’impression que ces All Blacks partent vraiment de très loin…”