L’ancien joueur de la Section Paloise, le pilier Lourens Adriaanse a appris qu’il était atteint d’un cancer lymphatique il y a environ un an.
Désormais guéri, il s’est confié via Sud-Ouest Pour évoquer sa maladie.
Il explique pourquoi il prend la parole. Extrait:
Je n’ai jamais voulu raconter ça pour avoir de la reconnaissance ou quoi que ce soit. Les premières nouvelles étaient tristes, c’était marquant. Je ne voulais pas vraiment faire les gros titres avec ça. Je suis heureux d’en parler aujourd’hui avec de meilleures nouvelles.
Il explique comment il a appris qu’il était atteint d’un cancer. Extrait:
C’est arrivé en fin de saison 2021-2022 avec les Sharks. La fin de championnat avait été difficile pour moi, je me sentais soudainement très fatigué. J’ai ressenti des douleurs dans mon cou et ma poitrine pendant les deux derniers matches. J’ai fait des tests médicaux et une biopsie le 1er août 2022.
Deux jours plus tard, j’ai eu un appel du médecin qui m’a parlé d’un « lymphome ». Au départ, j’étais un peu sous le choc mais il y avait comme un soulagement de savoir ce qui n’allait pas. Je ne connais pas trop le vocabulaire médical et c’est ma femme qui m’a dit « Tu sais que c’est un cancer ? »
Ça m’a pris un peu de temps de réaliser parce qu’au même moment, j’avais aussi une petite intervention chirurgicale pour un problème au pied. J’ai commencé la chimio début septembre. Les deux premiers mois, j’étais encore à Durban puis on a décidé de déménager au Cap, plus près de ma famille. C’est là que j’ai dû décider d’arrêter le rugby. J’avais 34 ans, j’allais vers mes 35. Il fallait que je me concentre d’abord sur la guérison.
Il confirme qu’arrêter sa carrière de joueur est difficile. Extrait:
Ce n’était pas facile mais c’est le cas pour tous les joueurs. C’est très difficile d’arrêter une carrière de rugbyman parce que c’est une grande part de notre quotidien. Mais j’ai appris avec ces épreuves qu’arrêter sa carrière de sportif n’était pas grand-chose comparé à un combat pour la vie.
Il explique comment il a combattu la maladie. Extrait:
Ce que j’ai appris, c’est qu’il faut rester positif. C’est difficile d’être malade, d’encaisser les traitements, les chimios… Mais si vous êtes combatif, que vous savez là où vous voulez aller, c’est possible. Je me suis dit ‘‘Ok j’ai le cancer, mais je ne l’aurai pas toute ma vie’‘. Il ne s’agit pas de nier la réalité, il faut lui faire face.
Petit a petit, il a commencé à prendre le dessus sur la maladie. Extrait:
J’ai passé plusieurs Tep scan. Le premier était en décembre, ça allait mieux, on voyait que la tumeur s’était réduite. On a refait un scan fin février. Le cancer reculait mais il fallait encore passer par des rayons. On s’est mis d’accord pour un nouveau scan pour le mois d’août, un an après la biopsie. On y est allé avec ma femme. On attendait que le médecin nous dise le résultat mais il tardait un peu. Je sentais que c’était une bonne nouvelle parce qu’il me parlait de plein de choses comme la Coupe du monde de rugby. Je l’ai arrêté, je lui ai dit « OK docteur, mais s’il vous plaît, où en est ce cancer ? » Sa réponse a été un grand soulagement pour ma femme et moi. Pour mes deux filles de 4 et 7 ans aussi.
Nous leur avons dit que j’étais malade et que je devais suivre un traitement. C’était important d’être honnêtes avec elles, de les associer à cette épreuve. Bien sûr, les enfants n’ont pas besoin de tout savoir. En tant que parent, vous vous forcez à relativiser, à sourire pour ne pas les inquiéter. Mais c’est incroyable de voir comment ils comprennent les choses. Il n’était pas envisageable de tout cacher.
Il indique se sentir mieux désormais. Extrait:
Je suis redevenu moi-même… même si je n’ai plus vraiment la même condition. Je me sens vraiment privilégié. J’étais très fatigué pendant les chimios mais c’était encore supportable. Tout le monde ne réagit pas de la même manière aux traitements, j’ai eu de la chance. En Afrique du Sud, nous sommes très croyants. La foi m’a porté, cela m’a donné de l’énergie, de l’inspiration. Je suis reconnaissant.
Il affirme avoir reçu beaucoup de soutien. Extrait:
Je ne suis pas beaucoup sur les réseaux sociaux, mais ç’a été spécial de voir tous les messages que j’ai reçus, et plus particulièrement de la Section Paloise. C’était réconfortant aussi parce qu’en même temps que ma maladie, c’était la fin de ma carrière. Comme je l’ai dit, c’est dur de ne pas pouvoir se dire « Je vais jouer mon dernier match ». Pour moi, l’histoire ne s’est pas terminée comme ça, et les messages de soutien m’ont fait du bien.