L’ancien troisième ligne international Italien passé notamment par le Rugby Club Toulonnais, Sergio Parisse a mis un terme à sa carrière au mois de juin dernier.
Lors d’un entretien accordé au journal L’Équipe, ce-dernier est revenu sur le match de la Coupe du monde de 2019 annulé contre la Nouvelle-Zélande.
C’est à cause d’un typhon que World Rugby décidait d’annuler le match et de d’attribuer un score de 0 à 0.
Ce match nul officialisait l’élimination des Italiens dans la compétition.
Sergio Parisse a évoqué cette incroyable situation. Il l’affirme : les Italiens étaient très tristes. Extrait:
C’était déjà historique car on a fait match nul contre les All Blacks ! (il se marre). Plus sérieusement, nous étions surtout déçus de terminer notre Coupe du monde de cette façon. C’était même violent. On a été mis au courant, puis on a attendu le passage du typhon et enfin nous avons fait nos bagages et sommes rentrés en Italie !
C’est deux jours avant le match que la décision a été prise. Extrait:
À la fin de notre dernier entraînement, deux jours avant la rencontre (initialement programmée le 12 octobre 2019). Nous étions très heureux, la séance s’était très bien déroulée. Nous étions motivés à l’idée de défier la Nouvelle-Zélande. Je savais que cette rencontre pourrait potentiellement être la dernière sous le maillot italien, comme pour Leonardo Ghiraldini et Alessandro Zanni. Nous nous sommes mis en cercle. Le sélectionneur (l’Irlandais Conor O’Shea) a pris la parole. Il cherchait ses mots puis a fini par annoncer que World Rugby avait pris la décision d’annuler la rencontre. S’en est suivi un long silence. C’est difficile à décrire. Le moment était difficile à vivre. Dans les regards, il y avait de l’incompréhension.
S’ils étaient tristes, en revanche, les Italiens n’étaient pas en colère. Et pour cause l’Italie aurait très certainement perdu le match. Extrait:
On savait qu’il y avait des risques climatiques sur le Japon à cette période de l’année (septembre-octobre). Le sentiment était surtout de la déception. Nous étions prêts. D’autant que nous étions dans une situation où, comptablement, nous pouvions encore nous qualifier. Même si nos chances étaient infimes et que la Nouvelle-Zélande était clairement favorite et supérieure. Sauf qu’avec l’annulation du match et un match nul (0-0), l’Italie est éliminée sans jouer…
Si le match avait pu se jouer, nous l’aurions très certainement perdu. Mais, en termes d’équité, ce n’était pas normal. Je l’avais dit quelques jours plus tard : “Si la Nouvelle-Zélande avait (eu) besoin de 4 ou 5 points contre nous, le match n’aurait pas été annulé.” Je le pense toujours ! (il rigole). La vérité est qu’il était plus facile d’éliminer l’Italie sans jouer. World Rugby n’aurait jamais éliminé les All Blacks dans les mêmes circonstances ! Ils auraient trouvé une autre date. Je ne remets pas en cause la bonne foi de World Rugby. L’instance ne voulait pas faire de tort à l’Italie. Mais le poids politique de l’Italie n’est pas le même que celui de la Nouvelle-Zélande. Tout le monde est d’accord sur ça.
Les Italiens sont finalement restés enfermés dans leur hôtel. Extrait:
Nous étions enfermés dans notre hôtel de Toyota. C’était d’une tristesse incroyable, même si nous avions la chance d’être accompagnés par nos familles. On n’a même pas senti passer le typhon ! Nous regardions les informations à la télé et nous avons vu les dégâts causés dans certaines villes. Mais enfermés dans notre hôtel, c’est comme s’il ne s’était rien passé ! De toute façon, dans nos têtes, le Mondial était déjà fini. Nous comptions simplement les jours pour savoir quand nous pourrions rentrer à la maison.
Il précise ensuite avoir eu une belle carrière en terminant sa saison à Toulon, à l’âge de 40 ans. Extrait:
Derrière, j’ai continué à jouer au rugby. Jusqu’à presque 40 ans ! (il a mis un terme à sa carrière en fin de saison avec Toulon). Il faut arrêter de voir le verre à moitié vide ! J’ai des amis qui se sont blessés et n’ont jamais repris. Je pense par exemple à Andrea Massi. Il s’est pété le tendon d’Achille face à la France lors de la Coupe du monde 2015. Il ne savait pas qu’il ne rechausserait plus les crampons ! C’est terrible. Je me sens hyper chanceux d’avoir joué aussi longtemps.
Bien sûr, chaque joueur s’imagine une sortie rêvée. J’aurais aimé porter une dernière fois le maillot de la Squadra Azzurra dans un stadio Olimpico de Rome plein à craquer et pouvoir saluer les supporters italiens. Mais j’ai le privilège d’avoir disputé cinq Coupes du monde et d’avoir 142 sélections avec l’Italie. J’ai fini à Toulon en gagnant le Challenge européen. Je termine ma carrière apaisé. J’aurais pu faire mieux. Mais ç’aurait pu être pire aussi (il sourit). Je suis comblé, un point c’est tout.