L’entraineur de l’attaque Tricolore, Laurent Labit s’est confié via L’équipe.
Il a dans un premier temps évoqué l’équipe d’Italie, le prochain adversaire des Bleus. Extrait:
Ils arrivent à faire mieux pendant le Tournoi face à des équipes qui ont moins de temps de préparation. Les All Blacks aujourd’hui, ça fait trois mois qu’ils travaillent ensemble. Les Italiens ont un jeu très énergivore. C’est bien ce qu’ils font, les longues séquences. Mais il faut tenir. Vendredi, ils marquent un essai de fou après quinze temps de jeu mais ensuite, c’est renvoi, jeu au pied contré, essai des Blacks. Si tu ne vas pas chercher cette équipe d’Italie, si tu lui permets d’avoir des rucks rapides, elle récite. Mais là, les Blacks lui ont fait une bataille terrible au sol et elle a explosé physiquement. Contre eux, ça se joue physiquement.
Après, attention, ce qu’ont réalisé les Néo-Zélandais, c’est beau. Ils ont tellement de joueurs doués techniquement avec le ballon que si vous ouvrez trop le jeu face à eux, ça peut faire mal.
Dans la foulée, il indique avoir discuté avec l’adjoint du sélectionneur Néo-Zélandais, Jos Schmidt, à l’issue de la victoire des Bleus contre la Nouvelle-Zélande.
Ce-dernier lui a indiqué que ses joueurs n’auraient pas pu faire davantage sur le plan physique, contre la France. Extrait:
J’ai parlé avec Joe Schmidt à la fin. Ils ne pouvaient pas faire plus physiquement ce jour-là. Ils ne pouvaient pas rivaliser 80 minutes. Ce qui a changé, c’est qu’ils ont récupéré Shannon Frizell, qui apporte de la puissance, de la densité, et Jordie Barrett, qui est un point de fixation costaud au milieu et qui donne une option de plus avec le pied. Quant à Brodie Retallick, ce n’est pas le même que celui qui revenait de blessure contre nous.
Ils ont quatre provinces, ils travaillent souvent ensemble. Dans leur équipe, ils ont des mecs à 80, 100, 150 sélections. Ils ont une grosse expérience collective, ils font très peu tourner. Et puis ils ont des principes de jeu qui sont ancrés depuis longtemps. Mais quand ils sont pressés, contrés, comme on a pu le faire en seconde période du match d’ouverture, ils sont comme les autres, ils font des fautes.
Dans la foulée, il affirme que la stratégie des Bleus n’est pas forcément d’avoir la possession du ballon. Extrait:
On sait qu’il y a des équipes contre qui c’est important d’avoir la possession, et d’autres surtout pas, parce que c’est trop dangereux. La possession, elle veut tout dire et rien dire. Il y a des équipes dont on sait que c’est mieux de les laisser partir de loin. Je pense que contre la Nouvelle-Zélande, avoir le ballon permet de trouver des solutions. Ils aiment la possession en attaque mais pas trop la subir quand il faut défendre. Ils cherchent le turnover rapide, le contre éclair. Si vous tenez le ballon, ils sont un peu plus indisciplinés, ils ont plus de mal à récupérer le ballon. Les Irlandais travaillent vite sans le ballon, souvent à quatorze sur les pieds. Tu sais qu’il va falloir dépenser beaucoup d’énergie pour trouver une brèche. C’est une équipe très disciplinée qui fait peu de fautes. Donc la dépossession a du sens. Et l’Afrique du Sud, c’est brutal, très physique. Chaque contact amenuise ton réservoir d’énergie, donc tu prends des risques pour la fin de match.
Si vous revoyez le match, vous verrez. Contre eux, le danger, ce sont les jeux au pied courts, dans l’entrejeu. Si c’est long, ils ne relancent pas. D’ailleurs, ils ont beaucoup tapé contre nous (39 fois). On savait que c’était un match particulier avec la cérémonie d’ouverture, le stress du début. La déception, c’est le match contre l’Uruguay (27-12). On pensait qu’on allait juste réciter notre rugby. On est tombés sur une équipe sud-américaine, type Argentine, qui nous a attaqués dans les rucks avec beaucoup d’énergie. Contre l’Italie et pour les matches qui suivront, on sait que nous n’aurons pas ces soucis d’agressivité et de concentration. Contrairement à d’autres équipes, nos joueurs sont habitués à jouer ce genre de match de phase finale.
Il a ensuite parlé de la large victoire remportée contre la Namibie (96-00). Extrait:
On a pu dérouler notre jeu parce que, physiquement, on leur a fait mal. Les lancements, ça reste une de nos grandes forces. On fait partie des meilleurs au monde sur le nombre d’essais après le premier temps de jeu (avec les Blacks). C’est davantage sur nos circuits offensifs plus longs qu’on attend davantage. Plus d’engagement, plus d’agressivité, plus de précision.
On a remarqué que certains de nos adversaires s’adaptaient à notre jeu au pied. Ils préfèrent sortir les ballons plutôt que de partir dans des échanges de jeu au pied parce qu’ils savent qu’ils n’ont pas notre longueur et qu’ils vont perdre du terrain. Ça veut dire qu’on a eu plus de lancements sur touche à jouer que d’habitude. C’est une donnée importante. On va vers des matches qui seront de plus en plus fermés. La priorité ira sans doute à la défense et la conquête. La part de l’attaque sera plus limitée, sauf sur les lancements de jeu, où il faudra être clinique.