Le Professeur Frédéric Lauwers, chef du service de chirurgie maxillo-faciale et plastique de la face au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Toulouse, a récemment opéré le demi-de-mêlée international Français Antoine Dupont d’une double fracture du visage.
Interrogé via La Dépêche, le spécialiste a accepté de prendre la parole pour la première fois depuis son opération d’Antoine Dupont.
Il explique précisément en quoi consiste son métier. Extrait:
Nous faisons de la chirurgie de la face au sens large avec des composantes osseuses, musculaires, cutanées et dentaires. Les liens sont importants avec l’ophtalmologie, l’ORL et la neurochirurgie puisque la face et le crâne sont contigus. La chirurgie maxillo-faciale est basiquement associée aux événements traumatiques comme les guerres, les accidents, les tremblements de terre ou le terrorisme. On la réduit souvent au prisme des patients défigurés alors qu’il existe des niveaux différents.
Il précise que son domaine d’intervention est finalement très vaste. Extrait:
Notre domaine d’intervention est très vaste, nous traitons les malformations congénitales de la face, les reconstructions liées à des maladies comme le cancer et bien sûr la traumatologie, notamment au CHU de Toulouse, seul centre de recours sur l’ensemble de l’Occitanie ouest et l’un des plus gros centres en France. Entre les accidents sur la voie publique, les accidents de montagne ou de sport, nous traitons quasi quotidiennement des fractures de la face. Nous opérons aussi dans les cas d’apnée du sommeil, une pathologie courante qui peut-être améliorée en agrandissant la voie aérienne.
Il affirme effectué également de la chirurgie esthétique. Extrait:
Oui, car la face a une fonction sociétale de plus en plus marquée, elle est toujours exposée au regard des autres. Aujourd’hui, les gens ne se regardent plus dans un miroir, ils se prennent en photo et se livrent aux autres, tout est esthétique.
Il explique ce qui lui plait dans ce métier. Extrait:
Je voulais être chirurgien avant tout. J’étais attiré par la chirurgie pédiatrique mais pour mon internat, il n’y avait pas de poste libre. J’ai pris la chirurgie maxillo-faciale sans savoir où j’allais. J’ai trouvé que c’était magique ! Un de mes premiers souvenirs au bloc concerne un patient à qui on a reconstruit la mandibule, entre 8 heures et 23 heures, au tout début de la microchirurgie. Pouvoir proposer une solution à un patient qui était amputé de ses fonctions, ce fut comme une révélation.
Dans cette chirurgie, nous avons la responsabilité de rendre la face avec un impact sur la qualité de vie et la vie sociale. J’ai pu retrouver le volet pédiatrique en opérant des enfants et nous avons exporté l’expertise toulousaine dans plusieurs pays défavorisés, comme au Cambodge où je me rends deux fois par an depuis 25 ans avec Médecins du monde. Je suis heureux de dire que ce n’est plus de la chirurgie humanitaire, nous avons mis en place un programme de formation pour que ça fonctionne sans nous.