Les Springboks, adversaires de la France en quarts de finale de la Coupe du monde ce dimanche (21h), ont construit leurs parcours grâce à leur discipline. Ils ne sont pas les moins pénalisés mais sont les seuls à ne pas avoir joué la moindre minute en infériorité numérique.
Ce sera l’une des clés du quart de finale de Coupe du monde contre la France: la discipline. Et jusqu’ici, les Sud-Africains se sont montrés quasi exemplaires. Car les Springboks sont les seuls, depuis le début de la compétition, à n’avoir écopé d’aucun carton. Une vraie performance, d’autant que les Sud-Africains sont réputés comme leur jeu dur et très physique. Ils n’ont donc jamais dépassé la limite.
“Merci de le mentionner! Le mot-clé pour nous est le respect“, pose le directeur du rugby sud-africain, Rassie Erasmus, à ce sujet.
Les champions du monde en titre ont, selon lui, beaucoup progressé après la période de Covid. “Juste après la pandémie, il y avait eu la tournée contre les Lions, puis les matchs contre la Nouvelle-Zélande en Australie. Mais nous étions dans une bulle, la communication était minimale”, se souvient-il.
“Les référents arbitrage de World Rugby ne pouvaient pas venir nous voir, il était difficile de venir aux matchs, de s’améliorer. Cela a créé de la frustration”, appuie Erasmus. Il a ensuite pris ce dossier en main. Jusqu’à appeler, l’an passé, l’arbitre gallois Nigel Owens, un cador du sifflet maintenant retraité.
“Je lui ai dit qu’on ne voulait pas se faire détester par les gens, des divergences peuvent exister“, dévoile Erasmus.
“Ce que j’ai retenu de cet appel, c’est que le respect que l’on doit à l’arbitre est inaliénable et même s’il se trompe, il faut construire cette relation sur le long terme. On doit alors faire les choses différemment ou comprendre pourquoi telle ou telle chose marche. Parfois, il faut s’adapter pour l’arbitre, dans les mêlées par exemple, car ils ne peuvent pas toujours savoir qui domine. Le respect se gagne, se mérite.” Un terme ressort: pédagogie. Les coachs se sont arrêtés pour expliquer et répéter avec les joueurs les règles et les changements.
“Si on se retourne en arrière, dans la construction de nos compétitions, nous avons pris le temps de faire les choses bien, sur et en dehors du terrain”, détaille Deon Davids, entraîneur adjoint. “Nous sommes focus sur les changements concernant les contacts, les plaquages par exemple. Il n’y a pas de point sur lequel on s’entraîne en particulier, mais ce sont les règles. Nous faisons des simulations pour avoir de la continuité, surtout dans les zones où nous sommes pénalisés pour nous améliorer. Je suis content de voir que ça commence à payer. Nous faisons au mieux pour être meilleurs à l’entraînement mais c’est aussi aux joueurs de bien intégrer les règles.”
Si l’Afrique du Sud fait exception au niveau du nombre de cartons, elle n’est pas pour autant la moins pénalisée. Parmi les équipes présentes en quarts de finale, elle se classe quatrième, la palme de la meilleure équipe revenant à la France (huit pénalités concédées par match). Le fait de jouer à domicile peut-il avantager les Bleus? Les entraîneurs des Boks ont beaucoup été questionnés sur le sujet ces derniers jours.
“C’est humain avec la foule, les spectateurs contre le pays hôte, parfois cela met la pression sur l’arbitre, avoue Deon Davids. Mais les arbitres sont professionnels, ont de l’expérience et ils font tout pour prendre les bonnes décisions selon les situations avec les assistants. Ils ont des solutions. C’est difficile de juger et de dire que l’arbitre prend telle ou telle décision à cause de la pression. La pression est sur tout le monde sur le terrain et c’est quelque chose que nous devons accepter. Nous devrons contrôler ce que nous pourrons contrôler et espérer que les bonnes décisions seront prises. La seule chose à faire sera d’être cliniques et que ça tourne du bon côté.” Dans le détail, l’Afrique du Sud est l’équipe qui a concédé le moins de pénalités en attaque (2,5) mais le deuxième plus haut total en défense (6,8) parmi les équipes toujours en lice.
Lors de l’étude des précédentes rencontres, Rassie Erasmus a également aperçu un point important. “La France ne joue pas un rugby violent. Ce que les Français font de bien, c’est que quand il y a une situation de plaquage haut par exemple, ils le montrent à l’arbitre”, a indiqué le directeur du rugby des Springboks. “Je pense qu’ils simulent parfois, ce qui est intelligent. Dans certaines situations, l’arbitre va ainsi avoir recours à la vidéo, et c’est là où les Français sont malins. Ils n’utilisent pas de mauvais tours dans les mêlées ou dans les mauls, ils sont juste physiques. Et c’est le genre d’équipe qu’on respecte et qu’on veut affronter.”
Erasmus, qui a l’habitude de parler et parfois polémiquer avant ou après les matchs, a sûrement en tête la dernière opposition entre les deux formations, en novembre 2022 (victoire française 30-26). Le bilan des pénalités avait été équilibré mais supérieur à la moyenne actuelle: 12 pénalités contre les Bleus, 11 contre les Springboks. Le match avait surtout été marqué par trois cartons. Un jaune pour Deon Fourie et deux cartons rouges, dont un pour Du Toit pour une charge en plein visage sur Danty (l’autre rouge était pour Antoine Dupont).
Parle-t-il de ce moment quand il évoque les “simulations”, car Danty avait joué la semaine suivante face au Japon? Erasmus avait violemment critiqué l’arbitre anglais Wayne Barnes à l’issue du match sur les réseaux sociaux et les Boks avaient réclamé en vain la vidéo concernant l’essai de Falatea qui avait donné la victoire aux Bleus. Ce qui avait valu à Barnes des menaces autour de sa famille. Erasmus avait été suspendu deux semaines par World Rugby.
Ben O’Keefe, l’arbitre néo-zélandais, est prévenu: tout le monde est sur ses gardes. Il dirigera son premier quart de finale de Coupe du monde. Il a déjà arbitré un match de chaque équipe: le succès des Bleus contre l’Uruguay et la défaite sud-africaine face à l’Irlande.
Via RMC Sport