L’international Australien James O’Connor ‘na pas disputé la Coupe du monde avec les Wallabies.
Ce-dernier a néanmoins pu assister à quelques matches.
Interrogé via Midi Olympique, il est notamment revenu sur la place de stade qu’il a offert à un jeune supporter, devant le stade de France, pour le match d’ouverture du Mondial. Extrait:
J’ai pris un vol pour Paris avec des joueurs de l’Australie A et des Barbarians. Je suis aussi allé voir Australie – Géorgie avec eux mais Sébastien, un ami français, m’a donné un ticket pour aller voir France – Nouvelle-Zélande. J’étais très excité mais il était en retard… J’étais avec certains de ses amis français et nous avons vu Lino et son père. Ils étaient bouleversés. Nous avons parlé et ils nous ont expliqué qu’ils étaient venus en train depuis Toulouse, exprès pour ce match, mais qu’un brigand leur avait vendu de faux tickets. J’ai demandé à Sébastien s’il pouvait me faire une faveur et donner son ticket à cet enfant qui était très excité de pouvoir assister à cette rencontre.
Il raconte ce moment exceptionnel. Extrait:
Au début, il était très timide. Son père savait qui j’étais. C’est pour ça, je pense, qu’il a accepté que j’invite son fils à voir la rencontre avec moi. Lino, lui, ne me connaissait pas, mais dans le stade, des Français, des Australiens ou des Néo-Zélandais sont venus parler avec moi, d’autres prendre des photos. Il a trouvé ça drôle. Du coup, il m’a demandé où je jouais. Je lui ai répondu que j’avais joué à Toulon et avec les Wallabies, et que j’étais encore proche de la sélection. Il a été choqué. Et quand je lui ai dit mon nom, il était vraiment choqué. C’était drôle. Après ça, nous avons passé un bon moment au stade. Nous avons regardé le match, eu des conversations agréables et nous sommes devenus amis. C’est un bon gamin.
Il a ensuite analysé la victoire des Bleus lors de cette rencontre. Extrait:
Sur ce match, l’équipe de France avait montré qu’elle était parmi les favorites pour jouer le titre. Elle a surpassé les All Blacks. Ils ont su tirer le meilleur parti de toutes les opportunités qui se sont présentées à eux, ils ont été cliniques. En regardant les All Blacks, je n’ai pas eu l’impression qu’ils étaient mauvais, plutôt que leur plan de jeu n’était pas celui que je choisirais pour jouer contre la France. J’ai eu l’impression que la France les privait de ballon et que les Néo-Zélandais n’arrivaient pas à entrer dans le match. Et puis Dupont est Dupont, il peut faire des choses incroyables…
Il ne manque pas d’encenser Antoine Dupont dans la foulée. Extrait:
C’est le général de l’équipe, il peut créer quelque chose à partir de rien. Son jeu au pied est magistral ! Sa capacité à faire un pas et à placer des coups de pied offensifs est cruciale. Certes, la France a d’autres joueurs capables de bien jouer au pied comme Thomas Ramos, mais Dupont peut faire la différence à n’importe quel moment. Et puis, c’est un peu comme l’Irlande sans Sexton : cela ne devient pas une mauvaise équipe, mais la présence de ces joueurs donne confiance à leurs partenaires. Après, le rugby en Coupe du monde est différent. Il s’agit, avant tout, de territoire et littéralement de ne pas se planter.
Il a également analysé les prestations de Matthieu Jalibert. Extrait:
Je le regarde jouer depuis longtemps et j’ai vu sa progression. Quand il a débuté, il faisait des choses incroyables, mais aussi des choses un peu stupides, il surjouait un peu. Aujourd’hui, même quand il n’est pas dans un grand jour, il limite ses erreurs. Il est presque en train de fermer son jeu, tout en conservant ce niveau de créativité, ce qui est une chose énorme. Sur ce que j’ai vu sur cette Coupe du monde, il est un joueur passionnant à observer et il trouve le bon équilibre pour dicter le tempo d’un match. Mais en phase finale les matchs sont différents et certains grands joueurs ne sont jamais arrivés à performer à ce niveau. Je pense surtout à des dix très offensifs, comme Carlos Spencer. En 2003, les All Blacks infligeaient des déculottés, puis ils ont perdu contre l’Australie en demi-finale. Je me souviens avoir demandé à mon père : “Pourquoi ne sont-ils pas en train d’écraser l’adversaire comme ils le faisaient il y a seulement deux matches ?” Il m’a expliqué que chaque geste pouvait être décisif, en positif comme en négatif. Je me souviens aussi de Michalak déborder les All Blacks en 2007 et éliminer cette belle équipe néo-zélandaise dès les quarts.
James O’Connor a surtout été impressionné par le match ayant opposé l’Afrique du Sud à l’Irlande. Extrait:
Oh mec, ça a été sanglant ! Ça a été un bon match, avec du rugby dans toute sa splendeur. Pour moi, c’est une énorme amélioration pour World Rugby parce que tu dois jouer, attaquer et créer maintenant pour gagner. En 2019, lors de la Coupe du monde, les équipes qui gagnaient étaient celles qui n’avaient pas le ballon et qui bottaient le plus, ce qui, à mon avis, n’était pas une belle pub pour notre sport.
Les spectateurs ne veulent pas regarder ça, c’est ennuyant. Le but, ce n’est pas de laisser la balle à l’adversaire en attendant que l’autre fasse une bêtise. Au lieu de taper, les Sud-Africains ont essayé de porter le ballon, même depuis leurs 22, ce que tu n’aurais pas vu de leur part avant, où ils se contentaient de s’en tenir à des sorties de camp au pied traditionnelles. Et, selon moi, l’Irlande a aussi attaqué durant 80 minutes. Ce match valait la peine de se lever tôt. Je me suis réveillé à quatre heures pour le voir. J’étais très heureux d’entendre l’alarme me tirer du lit et d’être fatigué durant la journée après avoir vu ça !
Dans la foulée, James O’Connor a évoqué sa forme physique. Extrait:
Je suis en pleine forme ! J’ai été proche de faire le Mondial avec les Wallabies, j’ai été réserviste au poste de centre et d’ouvreur. J’ai joué avec l’Australie A contre les Tonga et le Portugal. J’ai aussi fait une tournée avec les Barbarians ces dernières semaines au Royaume-Uni. J’ai l’impression que je n’ai jamais été aussi bon ! Mais c’est différent de quand j’étais jeune et que je jouais sur l’aile ou à l’arrière. Maintenant que je joue ouvreur et arrière, je comprends mieux le jeu, j’ai progressé là-dessus. J’aime observer la manière de jouer de chaque équipe. J’adore observer les joueurs, comme Jalibert, regarder comment ils adaptent leur jeu, comment ils progressent et comment ils peuvent changer d’état d’esprit. J’ai eu une grave blessure en 2021, ça m’a pris beaucoup de temps pour m’en remettre et retrouver ma condition physique. J’ai été bon peut-être sur les cinq derniers mois, c’était trop juste pour être au Mondial.
Il indique avoir échangé avec Eddie Jones. Extrait:
J’ai effectué une partie de la préparation avec la sélection, quand le groupe était élargi. Ma discussion avec lui a été positive, mais il a été clair : il a basé son équipe sur la jeunesse plutôt que sur l’expérience. Il a voulu changer les mentalités dans le rugby australien. Mais j’ai beaucoup aimé le camp d’entraînement et la manière d’entraîner d’Eddie Jones. Évidemment, j’aurais encore plus apprécié s’il m’avait fait jouer car je pense que j’aurais pu aider l’équipe avec mon expérience et ma vision du jeu. Mais je n’étais pas loin de le faire, c’est d’ailleurs pour ça que j’ai été avec l’Australie A et les Barbarians. S’il y avait une blessure chez les Wallabies, j’étais déjà en Europe et je pouvais arriver vite.
Avec l’expérience, tu sais gérer les matchs et te relever d’une défaite. Mais les jeunes t’apportent de l’énergie, ils ne sont pas conditionnés et n’ont que faire du passé. À la fin, c’est le coach qui fait l’équipe.
Il regrette bien évidemment les mauvaises prestations des Australiens. Extrait:
J’ai eu du mal à regarder le match de l’Australie contre les Fidji et le match contre le Pays de Galles parce que j’ai pu voir des choses qui me paraissaient évidentes et que nous pouvions changer et corriger. Les combinaisons n’étaient peut-être pas synchronisées. Il y a eu plusieurs blessés. Eddie n’a pas eu beaucoup de temps pour redresser l’équipe.
Selon lui, l’Australie doit s’inspirer de la France pour le prochain Mondial. Extrait:
Bien sûr que l’Australie doit s’inspirer de la France ! Quand tu regardes les joueurs et les ressources que nous avons, nous serons sans aucun doute une force avec laquelle il faudra compter en 2027 ! Nous serons dans le top quatre à la prochaine Coupe du monde si nous travaillons bien et que les bonnes décisions sont prises. Parce que quand tu regardes notre équipe, les éléments restés à la maison et le protocole de sélection il y a du potentiel. Dans cette équipe, on s’aperçoit qu’il y a des joueurs qui ne sont pas les meilleurs joueurs du monde, mais qui sont du niveau international, beaucoup d’autres pays les voudraient. Donc quand ils seront un peu plus vieux, avec plus d’expérience et qu’ils auront plus de vécu collectif, il y aura une belle équipe.
Les Français ont mis quatre ans pour développer et construire leur jeu, maintenant ils n’ont même plus besoin de se parler sur le terrain, ils jouent instinctivement ensemble. Ce n’est plus des individualités, c’est une équipe. Le rugby australien doit tendre à ça. Il va y avoir la tournée des Lions en 2025 puis la Coupe du monde, je suis sûr que les Australiens réagiront. Ils ne voudront pas perdre devant leurs fans.
Pour conclure, James O’Connor évoque son possible retour en Top 14. Il cite deux clubs. Extrait:
Bonne question ! Il ne faut jamais dire jamais. Mais si je reviens, c’est dans une équipe comme Toulouse ou La Rochelle, une équipe qui joue le titre. Jouer à Toulon, c’était un honneur, nous avons été champions d’Europe. Il n’y avait que des grands joueurs ! J’ai beaucoup appris, c’était une expérience géniale. C’est probablement le rugby le plus enthousiasmant que je n’aie jamais pratiqué. Donc, pour que je revienne en France, il faut que ce soit le bon moment et la bonne équipe. J’ai aussi l’impression que le Top 14 n’a pas eu l’occasion de voir la meilleure version de moi-même parce que j’étais encore un gamin à l’époque. Si je reviens, la France verra un meilleur joueur de rugby !