René Bouscatel, président de la Ligue nationale de rugby, a répondu aux questions de RMC Sport sur les effets de la Coupe du monde 2023 pour le rugby français, mais aussi sur la potentielle participation d’Antoine Dupont aux Jeux olympiques de Paris 2024 avec l’équipe de France de rugby à VII.
Comment surfer sur la Coupe du monde de rugby en France?
2,4 millions de spectateurs, 1,6 million de visiteurs dans les fan zones, 280 millions de téléspectateurs, plus de 800 millions dans le monde… Ce sont des chiffres très importants. Il faut maintenir cet élan, que ça continue en Top 14. Ce n’est pas la chute de l’équipe de France en quarts de finale qui doit mettre un bémol à cette progression.
Voyez-vous déjà des conséquences sur les abonnements, le remplissage des stades de Top 14?
Les abonnements se font en début de saison. Donc on le verra l’année prochaine. La fédération a annoncé 15% de plus de nouveaux licenciés dans les clubs professionnels et amateurs. On sent véritablement un engouement. La première journée de Top 14, bien qu’elle se déroule le lendemain de la finale de Coupe du monde, a été un succès. Nous allons voir les prochaines journées. Je pense que les chiffres vont augmenter progressivement. Avant la Coupe du monde, tous les chiffres de téléspectateurs et de spectateurs étaient en hausse. L’an dernier, c’était plus de 15.000 spectateurs par match en Top 14. Des chiffres qui avaient dépassé ceux avant Covid. Les audiences TV étaient aussi en grande progression. Nous allons voir cette année, mais je pense que ça se fera naturellement.
Au niveau des jeunes, les licences décollent?
C’est un chiffre donné par la FFR. C’est un très bon score. Encore une fois, il y a eu un succès populaire extraordinaire. C’était une ambiance folle dans tous les stades, sans aucun problème de sécurité. On a vu des familles venir aux matchs, nous avons une féminisation de plus en plus importante des tribunes, il y avait aussi des enfants. Je pense que nous allons continuer sur cette progression. Ce ne sera pas une révolution, mais la Coupe du monde est un boost supplémentaire pour faire progresser encore cet engouement sur nos compétitions.
L’engouement est tout de même moins fort que si les Bleus avaient été champions du monde. Est-ce une petite déception?
C’est plus qu’une déception, mais la défaite est inscrite dans le sport. Sinon, il n’y aurait pas d’intérêt. On pensait que la France irait beaucoup plus loin dans la compétition, qu’elle ne serait pas éliminée dès les quarts de finale. Mais les deux meilleures équipes du monde ont été battues au même niveau. C’est aussi une déception pour l’Irlande. Il est certain que si la France était allée plus loin, tout cet engouement serait encore plus fort. Mais c’est la vie, c’est le sport.
Êtes-vous favorable à la musique dans les stades de Top 14 comme lors de la Coupe du monde? Le sujet semble diviser.
Oui c’est un sujet. Nous allons expérimenter en Top 14 avec quelques clubs, une expérience musique ciblée. En ce qui me concerne, je suis pas très fan de ce genre d’animation. Je pense que le jeu se suffit à lui-même. Mais ce n’est qu’à titre personnel. Et c’est vrai qu’il y a eu de belles ambiances pendant la Coupe du monde. Donc on fera quelques expériences, peut-être plus tard en Pro D2. Mais avec beaucoup de retenue et de progression si nous devons aller par là.
Les arbitres ont été pris à partie durant le Mondial. Y êtes-vous sensible? Appelez-vous à la vigilance sur les terrains? Faut-il resserrer les boulons?
Le rugby, c’est le respect. Le respect de l’adversaire, de ses coéquipiers, et par dessus tout de l’arbitre. J’ai été très choqué par tous ces commentaires faits par les uns et les autres. Je considère que ce ne sont pas les arbitres qui ont fait gagner ou perdre certaines équipes. Il faut que chacun des perdants prennent leurs responsabilités. Ce ne sont pas les arbitres qui font rater les ballons, qui se mettent à la faute. Il peut y avoir des questions d’interprétation sur telle ou telle action, mais franchement ça ne représente pas grand-chose par rapport à 80 minutes de match.
Êtes-vous favorable au “bunker” en Top 14?
Personnellement, je ne suis pas très favorable. Les arbitres se doivent de prendre leurs responsabilités. Le “bunker”, c’est une manière de les déresponsabiliser. Une propension à y avoir recours, je ne pense pas que ça amène plus de clarté. Quand un arbitre prend une décision, il doit être respecté. Les arbitres se trompent rarement. Quand j’étais président de club, le lundi on revoyait les matchs avec le staff. Sur deux ou trois actions, j’avais une opinion très affirmée, puis quand je regardais à la vidéo, je me rendais compte que j’avais tort et que l’arbitre avait le plus souvent raison.
Après chaque Coupe du monde, les stars du Mondial affluent en Top 14. Est-ce vital pour le championnat?
C’est très important de voir des joueurs de cette dimension et de cette qualité rejoindre le Top 14. C’est une bonne nouvelle pour leur club et pour le championnat. Mais ce n’est pas vital. Le rugby est un sport d’équipe. Avoir des stars dans nos compétitions, et nous en avons beaucoup, françaises ou étrangères, c’est un plus mais ce n’est pas déterminant.
Via RMC Sport