Ce mercredi après-midi, le sélectionneur du XV de France Fabien Galthié a débriefé l’élimination des Bleus en quart de finale de la Coupe du monde contre l’Afrique du Sud.
C’est lors d’une conférence de presse de 30 minutes que le technicien Français a tenté d’analyser et d’expliquer l’échec de son équipe lors du Mondial.
Il est revenu point par point sur ce qui n’a pas fonctionné pour son équipe.
Sur son silence après l’élimination en quart de finale :
«En conférence d’après-match, World Rugby avait prévu 15 minutes de temps de parole. On est venu avec Antoine Dupont et on a parlé. Quand tu te fais sortir en quart de finale, tu laisses la compétition se dérouler. Les joueurs sont partis dans leurs clubs. Il fallait laisser le Top 14 reprendre. Les sélectionneurs qui se sont exprimés sont les vainqueurs. Il fallait laisser du temps. Il faut laisser la place à ceux qui ont gagné mais aussi le temps du deuil. Pour nous, ça a été une énorme déception. Ça a été quatre ans de travail acharné, de travail réussi, avec plus de 80 % de victoires avec tous les records que vous connaissez… Le seul objectif que nous voulions, c’était être champion du monde. La déception aurait été la même si on avait perdu en demi-finale ou en finale de la même façon, c’est-à-dire d’un point. On a échangé entre nous, entre les joueurs, le staff, pour savoir comment ça allait. Le mot qui revient et que je vous partage, c’est qu’il faut l’accepter. Il faut dépasser cet état-là. Pour tout vous dire, j’avais prévu de vous parler plus tard, fin novembre, mais devant le nombre des demandes, j’ai décidé d’accélérer le processus pour partager cette peine et cette douleur».
Sur le soutien des Français :
«On voulait rassembler, partager et fédérer. C’était presque inespéré d’avoir tout ce soutien. On le sentait avant et pendant la compétition. En revenant au contact des familles et de la vraie vie, je me suis rendu compte comment les Français nous soutenaient. Je parle à l’imparfait mais je pourrais parler au présent. On ne reçoit que des messages de soutien et d’affection».
Sur la stratégie adoptée en quart de finale :
«On ne s’est pas trompé sur la stratégie. Quand vous rentrez 11 fois dans la zone de conclusion, c’était bien au-delà de nos espérances. Mais sur le dernier geste, sur des faits de jeu… Ça n’a pas suffi. Sur les sept matches de phase finale, nous sommes la seule équipe à s’être procurée autant de temps forts. Tactiquement, quand vous êtes en position de marquer 37 points, c’est que vous ne vous êtes pas trompés. Sur le plan défensif, on a encaissé 29 points. Si c’était à refaire, je prendrais la même stratégie. Le coaching a été un débat. Il était prévu que l’on coache plus tôt. On l’a retardé à certains postes mais il nous a semblé que c’était le bon moment. Mais on meurt à un point. Malgré tous les faits de jeu et ce scénario, on avait un objectif, c’était de jouer la gagne jusqu’à la dernière action. Je veux féliciter les joueurs. Malgré le scénario, ils sont restés concentrés».
Sur cette «cicatrice » :
«C’est une douleur. Une blessure. Quand on joue une Coupe du monde, il faut être prêt à gagner, à la jouer. La douleur, la blessure, elle est normale. Celle qui n’a pas mal, c’est la championne du monde. Pour en avoir parlé avec les leaders, car je les ai tous eus au téléphone, cette cicatrice, on l’aura à vie. Ça fait partie de notre chemin. On ressent de la joie, de l’excitation, de l’énergie positive mais aussi des douleurs. Pour en avoir vécu, ce n’est pas un handicap».
Sur la relation entre les clubs et l’équipe de France :
«Pendant quatre ans, l’équipe de France a été un succès. Lors de notre premier Tournoi en 2020, seulement 15.000 places avaient été vendues face à l’Italie. En août à Saint-Étienne, à Nantes puis au stade de France, tout était à guichets fermés. Quand l’équipe de France va bien, ça profite également aux clubs. Lorsque ça tourne bien, les stades se remplissent en Top 14, en Pro D2, en Nationale… On va continuer à marcher ensemble. Tout le monde a bien compris que les deux institutions sont associées dans les bons et les mauvais moments».
Sur le potentiel du rugby français :
«Quand on a pris l’équipe de France en 2019, on me disait ’bon courage’. On me disait, ‘au poste de pilier droit, il n’y a personne, là non plus’… Et en fait, on s’est rendu compte que lorsque l’on amène une bonne méthodologie, on peut être surpris par les potentiels que l’on a dans le rugby français. Quand je vais voir les jeunes du PUC, je leur dis qu’un jour, ils peuvent jouer en équipe de France. Beaucoup ont le potentiel pour jouer. Et surtout, qui ont l’ambition d’y jouer. En quelques mois, on a travaillé avec les moins de 20 ans de Biarritz, de Pau, de Dax, de Mont-de-Marsan, de Bayonne, Grasse, Monaco, Nice, Stade Français… Rassembler, fédérer, partager, ça se situe là. Il faut dire aux joueurs qu’ils peuvent jouer en équipe de France. Il faut venir porter le maillot. La leçon à retenir de cette expérience, c’est qu’il n’y a pas de limite à l’exigence. Il n’y a pas de limite à l’exigence pour les joueurs de rugby français et pour avoir l’équipe de France la plus forte possible. Soyons exigeants collectivement, soyons exigeants individuellement, essayons de monter tous encore d’un cran notre niveau. Et c’est à ce prix qu’on sera encore plus performant.»
Via Le Figaro