Le sélectionneur du XV de France, Fabien Galthié s’est longuement confié via L’équipe pour évoquer l’élimination des Bleus en quart de finale de la Coupe du monde.
Il explique comment il a vécu cette élimination. Extrait:
C’est quatre ans de labeur, d’investissement total. Quand ça s’arrête de telle manière… Je suis d’abord descendu dans le vestiaire. J’ai serré les joueurs, juste serré. Parfois assis par terre, parfois ils titubaient. D’habitude je ne parle pas après les matches, là j’ai parlé. Je les ai remerciés. Après je suis parti en conférence de presse. J’ai tout de suite eu une pensée pour nos supporters. Depuis vingt-quatre semaines, ce que les gens que je croise me renvoient, c’est de l’amour. Je ne dirais pas inconditionnel, mais on est rentrés quelque part dans le coeur des gens.
Il a revisionné la rencontre cinq jours après la finale. Extrait:
Quatre-cinq jours après la finale, dans le train entre la gare d’Austerlitz et la gare de Cahors. J’avais 5 h 30 de train. Au fil de l’eau, j’ai dû le revoir une dizaine de fois.
Il a ensuite décompressé en quittant le groupe. Extrait:
C’est d’abord une décompression qui est presque un phénomène de dépression. Donc d’abord tu récupères. Tu souffres mais en même temps il faut être présent parce que les membres du staff appellent, ceux qui restent comme ceux qui partent. Il faut surtout se poser les bonnes questions. Des questions très personnelles.
Il ne s’est pas posé la question de savoir s’il avait envie de repartir pour quatre ans. Extrait:
Non, je ne me suis pas posé cette question. La première question, c’est accepter cette blessure. Puis dépasser cette blessure. C’est un travail à faire sans complaisance. Les joueurs doivent faire ce travail aussi.
Dans la foulée, il indique se sentir responsable de la défaite. Extrait:
On peut tout dire. Je me sens responsable de la défaite, de l’objectif non atteint. Mais je me sens tout aussi responsable des 80 % de victoires en quatre ans, je me sens responsable d’avoir rempli les stades.
Il peste contre ceux qui estiment qu’il a eu tous les moyens pour gagner le Mondial et qu’il a échoué. Extrait:
Je la laisse à ceux qui la prononcent. Mais plutôt que de dire : on lui a donné les moyens, je dirais : nous nous sommes donné les moyens. Tout a été construit en harmonie. On dit : “un staff pléthorique”. Un tiers, je l’ai pris à la DTN. Et puis un euro investi pour le quinze de France, c’est fois vingt de retour pour la FFR. J’avais ce budget à tenir, ça a été tenu. Le quinze de France est un centre de profits pour la fédération et donc pour les clubs. On marche ensemble. Tout le monde a bien compris l’intérêt d’être associé dans les bons moments comme les plus difficiles. Ça s’appelle la solidarité.
Il confirme ne pas s’être trompé dans l’approche tactique du quart de finale. Extrait:
Dans ce match, il y a deux matches : la première mi-temps et la deuxième. En première, on est totalement dans ce qu’on a décidé tactiquement. Et ça s’ouvre tellement, on se procure tellement de temps forts… On est même surpris. Au total, on est entrés onze fois dans la zone de conclusion. Selon les datas, on aurait dû marquer 37 points. Nous en avons marqué seulement 28. Quand, sur des données, vous êtes en capacité de marquer 37 points, face à l’Afrique du Sud, c’est que tactiquement, vous ne vous êtes pas trompé sur un plan offensif. On ne marque pas assez ! Alors qu’on a des occasions de marque qui ne sont pas compliquées (il sourit). Mais ça, c’est le jeu, c’est la décision, le choix, les faits de match…
Il évoque ensuite la bonne rentrée du bon Sud-Africain. Extrait:
Ça aurait pu être le cas pour nous aussi. Les joueurs qu’on a fait rentrer, Romain “Tao”, Reda (Wardi), Sekou Macalou, François Cros, ils ont déjà gagné des matches sur les vingt dernières minutes.
Il répond ensuite à ceux qui estiment qu’Antoine Dupont aurait dû être remplacé. Extrait:
J’entends la question. Sur les points que l’on a faits avec Antoine, à la mi-temps, pour savoir comment il se sentait, il n’a pas de signaux, et il n’a pas de revendication. En deuxième période, il fait encore une action sur le côté fermé où il s’échappe, tape à suivre, avec un énième rebond pas favorable…
Fabien Galthié a ensuite expliqué sa décision de repasser à un jeu de possession peu de temps avant le début du Mondial. Extrait:
On est revenu à un jeu de possession et nous, on a été pénalisés que cinq fois en quarts de finale. Normalement, tu es censé être plus récompensé. On a eu besoin de trois matches. Dès l’Angleterre, on est très juste (10-53, le 11 mars). Dans l’alternance. On est plus ambitieux. Moi j’ai toujours pensé qu’il fallait jouer en fonction des règles. Là, on s’était réadaptés, on avait retrouvé notre force, notre confiance.
Moi il m’a semblé qu’on était très forts pour cette Coupe du monde. Tu mets trente points aux Blacks. Bon. Tout le monde disait que ce n’était pas les Blacks, moi je n’étais pas tout à fait d’accord. Tu mets 60-7 à l’Italie. Je pense qu’on était très bien.
Je reviens au scénario du quart de finale. On n’avait pas prévu d’avoir onze possessions dans la zone de conclusion. Onze, normalement tu gagnes le match. Quand tu as moins de quatre fautes dans la zone 22-22 – là on en a commis deux -, quand tu gagnes la bataille du gagne-terrain au pied, tu es en position de gagner le match. Il y a un critère qui nous pose problème : les ballons perdus. On en a perdu dix-huit. Autre critère qui nous coûte : les pénalités en mêlée.