Les Clermont – Toulon ne sont jamais des matchs comme les autres. La saine rivalité qui oppose les deux clubs a connu son apogée dans les années 2010-2020 entre deux des publics les plus passionnés du championnat. Les deux clubs sont aujourd’hui en reconstruction, sur des modèles très différents mais avec le même objectif : retrouver au plus vite le parfum des phases finales. Entre une terre auvergnate de travail et un sol toulonnais où le combat est roi, les retrouvailles se font bien souvent dans le petit périmètre, là où les matchs se gagnent. Face à des Varois à l’équilibre, l’ASM aura à cœur de confirmer sa victoire à Montpellier, devant son public, pour continuer de grimper dans le classement.
Après 6 journées, les hommes de Pierre Mignoni sont à la recherche de ce que viennent de décrocher (et doivent valider) les Auvergnats : une précieuse victoire à l’extérieur. Après 3 déplacements pour autant de défaites (à Lyon, Bordeaux et Perpignan) les Varois sont parvenus à ramener 2 points de bonus défensifs mais pas encore de succès. Ils savent, comme tous, que c’est pourtant le passeport pour les phases finales : leur objectif de la saison qu’ils n’ont plus atteintes depuis 2018 (et une défaite à domicile en barrage face au LOU à Mayol). 5 années, une éternité pour les « rouge et noir » triples champions d’Europe en 2013, 2014 et 2015 et vainqueurs de leur dernier Brennus en 2014. Dans ce pays de rugby, la passion est ardente et à l’image des évènements de la semaine dernière autour de la rencontre face au Racing, tout est prétexte à l’embrasement. Pourtant les signaux sont positifs à l’image d’une équipe ultradominatrice face aux Racingmen qui a plié la rencontre lors du premier acte en inscrivant 23 points en 40 minutes, ne laissant que des miettes aux visiteurs. Certes ceux-ci, portés par leur phénomène anglais, Arundell, ont recollé au score mais le RCT a tenu et peut continuer de construire.
La meilleure mêlée Toulon face à la meilleure touche
Deuxième équipe la plus impactée par la Coupe du Monde avec 13 joueurs retenus (Ribbans, Isa, White, Nayacalevu, Wainiqolo, Gros, Ollivon, Villière, Biggar, Gigashvili, Fanga’anuku, Alainu’uese et Paia’aua) le Rugby Club Toulonnais est encore en période d’intégration, de rodage et d’adaptation. Certains secteurs tournent déjà à plein régime à l’image de la mêlée : la plus performante de France avec 91% de ballons exploités et déjà 7 ballons volés. La discipline est également bien en place puisque les Varois (8.3 pénalités concédées par match) sont les moins pénalisés du championnat. Des bases solides pour une équipe qui a construit son identité sur le combat et la zone d’affrontement où ils restent redoutables.
Notamment à l’extérieur, le RCT ne s’expose que très peu, cherchant à concentrer l’affrontement dans le petit périmètre en réduisant les risques. Avec de grands spécialistes du jeu au sol que sont Selevasio Tolofua (déjà 8 ballons grattés, meilleur du Championnat) ou le redoutable défenseur écossais Cornell du Preez, auxquels l’argentin Facundo Isa ne va pas tarder à s’ajouter, le RCT cherchera à dominer les collisions où devraient se jouer cette rencontre. Batiste Serin sera également à surveiller comme le lait sur le feu tant son activité rayonne autour des rucks, tout comme celle de Aymeric Luc, dans le fond du terrain, qui est le joueur à l’origine du plus grand nombre de franchissements cette saison (8) notamment sur des ballons de relance qui ont déjà amené 3 essais toulonnais cette saison (aucune équipe ne marque plus d’essais en relance).
Sur le spectre du temps, les 20 dernières minutes seront probablement décisives. En effet, c’est la période où les Clermontois et les Toulonnais encaissent le plus de points (53 points sur les 6 premières rencontres pour les deux équipes … seuls les Catalans de l’USAP en totalisent davantage : 68 points). Malheur à celui qui baissera de régime en fin de match. Les Clermontois sont prévenus, les affrontements face aux Rouge et Noir du RCT sont toujours extrêmement disputés, parfois épiques, celui-ci ne devrait pas sortir du cadre que les deux équipes connaissent bien. Le Michelin, comme Mayol, sont des terres de rugby, des pelouses difficiles à conquérir. Toulon ne s’y est imposé qu’une seule fois dans son histoire (en 2015), les hommes de Christophe Urios feront tout pour que cela perdure.