L’ancien ouvreur international Français Frédéric Michalak a quitté le Rugby Club Toulonnais l’été dernier afin de rejoindre le Racing 92 en tant qu’entraineur adjoint à plein temps.
Interrogé via L’équipe, ce-dernier a expliqué pourquoi, soudainement, il a décidé d’entrainer à plein temps alors qu’il ne le souhaitait pas initialement. Extrait:
Il me fallait d’abord sortir du terrain. À Lyon, j’ai commencé plutôt dans les bureaux, comme conseiller du président. Puis j’ai eu la possibilité de partir en Australie et d’entraîner les Roosters à Sydney (rugby à XIII). Je connaissais le manager Trent Robinson. Chaque année, quand j’allais en Australie, j’allais visiter des clubs, voir comment on travaillait ailleurs. J’ai toujours aimé ça.
Jusqu’au jour où Trent m’a dit qu’il cherchait quelqu’un pour les skills et le jeu au pied. Je l’ai fait pendant un an avec lui. Puis, temporairement, avec les Sharks de Cronulla. J’ai signé ensuite à Toulon, sur un mi-temps. Sauf que dans ces métiers-là, tu es vite absorbé par le truc. La saison dernière, j’ai passé mon dernier diplôme. Après, il fallait se lancer.
Il explique sa décision de signer au Racing 92. Extrait:
Une opportunité s’est dessinée avec des personnes et un projet qui m’intéressaient. Stuart, sa force, c’est qu’il nourrit les joueurs et les entraîneurs. On se régale. Avec lui, on a fait deux entretiens téléphoniques. C’est allé très vite. Avec ma femme (Sud-Africaine rencontrée en Australie), on s’était dit : jamais en région parisienne. Mais là, elle a tout de suite compris (rire).
Ça s’est passé à la Stuart : voilà ton rôle, voilà comment on va s’organiser. Il délègue beaucoup, il partage beaucoup. Le partage, c’est la force des Anglo-Saxons. Ils n’ont pas peur des autres. Les managers anglo-saxons, ils t’ouvrent tout de suite leur ordi. Ce sont des ressources pour tout le monde. Après, bien sûr, il y a la vision du rugby de Stuart.
Il ne vient pas pour faire du Racing un Leinster bis (où il a occupé le rôle d’adjoint entre 2016 et l’été 2023), mais c’est vrai qu’on a modifié le système et qu’on souhaite conserver davantage le ballon. On a beaucoup travaillé et discuté autour de l’identité du Racing, le jeu déstructuré, le côté décalé, parfois controversé du club.
Dans la foulée, il explique en quoi consiste réellement son rôle au sein du Racing 92. Extrait:
Mon rôle, c’est de travailler avec les arrières. Je suis en charge de l’attaque. Moi qui étais un joueur très porté par l’instinct, je me retrouve à travailler dans l’analytique, le détail des placements, les courses… Aujourd’hui, les joueurs demandent en premier que tout soit clair, précis. Il faut arriver avec du contenu pour intéresser les joueurs. C’est pour ça qu’il fallait que je me fabrique une culture à moi.
Si la question est de savoir si je vais rabâcher aux joueurs ce que j’aurais fait à leur place, c’est non (rire). Un joueur a le droit de se tromper. Après, si un joueur n’est pas bon, je pense que c’est vraiment la faute de l’entraîneur. C’est qu’il n’a pas été coaché comme il aurait dû l’être. Stuart est sur la même longueur d’onde. C’est trop facile de dire : pff, il n’y arrive pas. Non, c’est plutôt pourquoi il n’y est pas arrivé ? Est-ce que je l’ai mis dans les bonnes conditions ? Pour moi, un entraîneur doit être disponible à 100 %. Ça doit être une chance pour les joueurs d’avoir Joe Rokocoko, Dimitri Szarzewski, Yannick Nyanga (entraîneurs adjoints).
Il indique s’être très bien intégré au sein du groupe Francilien. Extrait:
Je n’ai pas de problème avec ça. Je reste comme je suis. Je n’essaie pas de dire : “moi je”, “moi j’ai vu ça “, “moi j’aurais fait comme ça”… J’ai fait 18 ans de carrière (entre 2001 et 2018), on ne voit pas les mêmes choses, c’est normal. J’essaie de dire “nous”, de poser des questions ouvertes. Et puis, parler de mes expériences, c’est aussi parler de mes échecs, des questionnements que j’ai pu connaître. J’ai connu des entraîneurs très différents, j’essaie de piocher un peu partout. Trent Robinson, par exemple, allait très loin sur le développement humain.
Grand adepte de la taquinerie, Frédéric Michalak a expliqué qu’il ne souhaitait pas se censurer au Racing. Extrait:
La plupart des entraîneurs adjoints que j’ai connus étaient à la fois capables de dire les choses sans détour, d’analyser sans concession, et de rigoler dans le travail. Il faut faire des blagues, bien sûr. Jouer un rôle, ça vous rattrapera tôt ou tard. Les assistants, ce sont eux qui sont plus dans le détail, dans l’individualisation, dans une relation différente de celle du manager. À mon avis, la clé, c’est la franchise. Les joueurs aujourd’hui veulent comprendre pourquoi. Il faut expliquer, communiquer, c’est un temps important. Si le joueur a peur de venir me parler, ça ne marchera pas.