L’ex-arbitre international redoute que la violence observée dans le monde du football ne soit bientôt plus l’apanage du ballon rond mais se propage à l’ovalie.
Wayne Barnes n’officie plus sur la scène internationale depuis qu’il a rangé le sifflet après avoir arbitré la finale de la dernière Coupe du monde de rugby, remportée par l’Afrique du Sud contre la Nouvelle-Zélande. Mais l’arbitre anglais, plusieurs fois victime de cyberharcèlement en ligne, ne s’est pas complètement détaché de cet univers auquel il a appartenu.
L’expérimenté Wayne Barnes souhaite désormais puiser dans ce qu’il a vécu et observé en dehors et sur le terrain pour défendre ses anciens collègues contre les violences et l’acharnement dont ils sont encore victimes aujourd’hui, et qui les poussent parfois à se mettre en retrait définitivement.
“Je vais continuer à soutenir les arbitres et travailler auprès de l’association internationale des arbitres de rugby pour être sûr que les arbitres autour du monde aient le soutien nécessaire pour eux et leur famille alors que les menaces en ligne sont devenues beaucoup trop fréquentes”, expliquait Waynes Barnes, lui-même victime de trop nombreux messages haineux ces dernières années, et encore très récemment après la finale de la Coupe du monde de rugby.
Un appel à une prise de conscience, avant qu’il ne soit trop tard
“Il y a eu des menaces de violence, des menaces contre les enfants, des menaces contre Polly (son épouse), contre moi: ‘Nous allons incendier votre maison. Nous allons vous trancher la gorge. Nous savons où sont vos enfants.’ Il y a eu des menaces de violences sexuelles”, a-t-il récemment dénoncé dans une interview au Telegraph. Cette semaine, Wayne Barnes n’a pas hésité à établir un parallèle entre l’effroyable agression dont a été victime un arbitre en Turquie et ce qu’il dénonce lui-même ces derniers mois.
“C’est pour cette raison que les instances dirigeantes, les organismes chargés des poursuites et les réseaux sociaux doivent faire davantage pour éradiquer les abus dans tous les sports et à tous les niveaux. Vos pensées deviennent vos paroles. Vos paroles deviennent vos actions. Vos actions deviennent vos habitudes”, a-t-il prévenu, comme un appel à une prise de conscience lancé à l’ensemble de la société en général, et au monde du rugby en particulier.
Très critiqué pour son arbitrage lors de la Coupe du monde de rugby, l’arbitre néo-zélandais Ben O’Keefe a subi une vague de haine en ligne qui l’a obligé à fermer son compte Instagram personnel. Et ce n’est pas la première fois qu’il était visé par ce fléau. Le 26 juin dernier, il avait déjà évoqué le sujet sur les réseaux sociaux en faisant un parallèle avec ce que l’arbitre anglais de football Anthony Taylor avait vécu quelques jours plus tôt.
Taylor avait été pris à partie physiquement par des supporters alors qu’il se trouvait à l’aéroport de Rome en famille. “J’espère que ma famille ne subira jamais ça, mais avec la direction que prennent certains fans de rugby en ce moment, je sais que nous nous en rapprochons plus que jamais“, craignait-il alors. Un scénario que Wayne Barnes semble redouter, lui aussi.
Via RMC Sport