L’arbitre international Français Mathieu Raynal est le seul arbitre Français à avoir dirigé des matches de la Coupe du monde de 2023.
Lors d’un entretien accordé à L’équipe, ce-dernier est revenu sur les tensions qui peuvent régner sur le terrain entre arbitres et joueurs.
Selon lui, globalement, les relations sont restées bonnes entre les joueurs et les arbitres, en Top 14. Extrait:
Les relations sont restées bonnes, préservées de certaines dérives. Mais peut-être est-ce le cas avec des arbitres moins expérimentés qui démarrent sur le circuit. Sans doute devrait-on revenir à davantage de rigueur et demander que seul le capitaine puisse parler à l’arbitre. Mais il arrive parfois qu’un joueur demande une précision et je me vois mal lui refuser une réponse si la question est posée sans irrespect.
Lorsque le journaliste lui indique que les contestations ne cessent d’augmenter chaque week-end, Mathieu Raynal réagit. Extrait:
Cette perception mérite effectivement qu’on s’y penche et qu’on sensibilise les jeunes arbitres de Top 14, mais sans pour autant leur demander de verser dans l’autoritarisme. Quand un arbitre se trompe, il le reconnaît, et ça permet de passer à autre chose. Il faut privilégier la relation ouverte que nous avons entre joueurs et arbitres. Les micros que nous portons permettent l’échange et c’est apprécié car ça a des vertus pédagogiques.
Il rappelle que l’arbitrage du rugby est très complexe. Extrait:
Le rugby est un sport très complexe et pour une meilleure compréhension, que ce soit pour les téléspectateurs et les joueurs, il mérite une précision sur la façon dont on l’arbitre. Mais le danger, c’est de tomber dans l’excès de communication. En revanche, j’aimerais qu’on change le prisme à travers lequel on voit l’arbitrage.
Prenez l’exemple d’un joueur comme Camille Lopez (demi d’ouverture international de Bayonne). Dans un article que j’ai lu récemment, le journaliste souligne qu’il a réussi 21 buts de pénalité et n’en a manqué qu’un seul. Mais si Camille Lopez avait été un arbitre, personne n’aurait noté ses réussites : tout le monde se serait penché sur son seul échec, et on n’aurait retenu que ça… C’est ce prisme-là que j’aimerais qu’on change. Car pour moi, le problème ne vient pas du contenu des échanges entre un joueur et un arbitre mais plutôt de la façon dont on perçoit l’arbitrage.
Pour conclure, Mathieu Raynal ne manque pas de pester contre ceux qui râlent contre l’arbitrage sans connaître les règles de ce sport. Extrait:
Disons que la société dans laquelle nous vivons a révélé son mauvais côté, à savoir qu’on critique et on condamne mais sans aller au fond des choses. Le débat n’est pas constructif. Des gens qui n’ont pas un oeil averti sur l’arbitrage se permettent de juger, et la puissance du nombre sur les réseaux sociaux voudrait faire loi.