Comme révélé par le journal L’équipe ce vendredi, des tensions règnent en interne au sein du Stade-Français Paris.
Un groupe de leaders est récemment monté au créneau pour pester contre le management de Karim Ghezal et ses prises de parole.
Certains joueurs lui reprochent de trop se mettre en avant.
D’autres n’ont pas du tout apprécié la grosse gueulante qu’il a poussé dans les vestiaires à l’issue de la défaite Parisienne à Pau.
Interrogé via L’équipe, Karim Ghezal semble être dans le déni ou préfère calmer le jeu.
Selon lui, tout va bien ou presque. Extrait:
Je ne vois pas ça comme des reproches, mais comme une opportunité de discuter avec mes leaders. J’en ai parlé avec Laurent Labit. Nous savons exactement où nous allons et les étapes par lesquelles nous devons passer. Mais il a surtout été question de contenu d’entraînement. Pas de ma façon de parler.
À Pau, je reconnais que je me suis un peu énervé. Mais je n’en avais pas après les hommes, mais après les rugbymen. À l’inverse, après la victoire face à Toulouse, j’ai félicité les mecs. J’ai dit que j’étais fier. Mais ça, personne n’en parle. Je ne parle pas mal à l’homme, mais au joueur. Si les mecs sont touchés parce qu’on ne leur a jamais parlé comme ça ici, je peux comprendre. Mais je suis obligé de bouger les lignes. Oui j’ai gueulé. Oui, j’ai pris un risque de secouer l’effectif, de me mettre en danger. Mais je savais ce que je faisais.
Karim Ghezal rappelle être à Paris pour gagner. Il souhaite donc bouger ses joueurs. Extrait:
Depuis l’arrivée du docteur Wild (propriétaire du club) en 2017, l’équipe n’a jamais gagné un match éliminatoire. C’est un constat. Les mecs l’ont mal pris ? Peut-être. Avec Laurent, nous sommes ici pour gagner. Le point de départ du projet était de rejouer la Coupe d’Europe (Coupe des Champions) à fond. Dans le sens où il n’était pas question d’avoir une équipe pour le Top 14 et de faire tourner en Coupe d’Europe. Sinon l’équipe est coupée en deux et les mecs qui ont enchaîné en Top 14 sont cuits. Ma vision était d’avoir une rotation sur les deux compétitions. Idem entre les avants et les trois-quarts. L’équipe était coupée en deux et très axée sur les statistiques.
Les avants avaient une mêlée à 89 % et 85 % en touche. L’équipe avait aussi une bonne défense mais pas d’attaque. J’ai rééquilibré les choses. Nous travaillons moins la conquête et plus l’attaque ou le jeu de transition. Forcément, ça perturbe les habitudes des mecs. Ensuite, nous souhaitions avoir trente contrats pros et une quinzaine de jeunes formés au club. C’est pour cette raison que nous faisons jouer les Lendi Dakaj, Mamoudou Meïté, Charles Laloi, Andy Timo… J’ai conscience que ça peut nous coûter, mais je développe ces joueurs. J’ai fait jouer huit joueurs de moins de 20 ans. Ça n’a jamais été fait. Ils jouaient uniquement par défaut. Enfin, ils ont une valeur sportive, mais aussi financière. C’est ce qui fera bouger les lignes et qui fera grandir le Stade Français pour gagner en fin de saison.
En deux mois, le Stade-Français a remporté un seul match. Karim Ghezal refuse d’exprimer son inquiétude. Extrait:
Non. Mais nous avions un calendrier difficile. Alors oui, on va dire que j’ai annoncé la Coupe d’Europe et que finalement on a perdu les quatre matches. Après, ce qui m’intéresse, c’est le contenu. Nous avons bien travaillé les bases. Mais nous manquons encore de justesse. On n’y croit pas encore assez. Nous manquons de possession dans la zone de conclusion et dès que nous y sommes, l’équipe panique. Ce n’est pas nouveau. Je l’ai dit aux joueurs. C’est un peu comme quand nous sommes menés.
L’équipe est fébrile, s’excite. On le bosse à l’entraînement. Je suis dur. J’avais deux choix. Soit je suis sympa et je vais dans le sens des joueurs tout le temps. Mais si on a la chance de se qualifier, on ne passera pas le match éliminatoire. Soit je bouge les lignes, je fais des choix que les mecs ne comprennent pas forcément, mais il y a une finalité : gagner un titre. Tout est limpide dans mon esprit.
Deux déplacements attend le Stade-Français : à Bordeaux puis à Oyonnax. Karim Ghezal refuse de stresser. Extrait:
Je ne ressens pas de stress. Nous rentrons dans une seconde phase. L’équipe va moins tourner. Il n’y aura pas de cadeau. Je l’ai dit aux mecs. Je comprends vos reproches, mais je l’ai fait pour une bonne raison. J’avais besoin de rééquilibrer les choses. Maintenant, je sais que je vais regagner en confiance sur la deuxième partie de saison. Je sais prendre soin de mes joueurs. Je suis juste avec eux. Par contre, je suis dur si les mecs ne viennent pas pour les bonnes raisons, s’ils n’ont pas envie de gagner.