Pour sa deuxième émission sur la chaîne YouTube de RugbyPass, l’ancien trois-quarts centre du XV de France Mathieu Bastareaud a eu la bonne idée d’inviter Johnnie Beattie, ancien international écossais (38 ans, 38 sélections entre 2006 et 2015) pour décrypter le prochain match des Bleus dans le Six Nations, contre l’Ecosse, sa mère patrie.
Sans nul doute, et même s’il a joué pour plusieurs clubs en France – Montpellier (2012-2014), Castres (2014-2016) et l’Aviron Bayonnais (2016-2019) – Beattie roulera pour l’Ecosse… mais son fils pour les Bleus.
« Bizarrement, on est allé au match de préparation à Murrayfield avant la Coupe du Monde avec ma famille », raconte Johnnie Beattie dans le BastaShow. « Et mon fils, qui a 7 ans maintenant, qui est à l’école de rugby de Hossegor Capbreton, a regardé l’Ecosse gagner ce jour-là.
« Il a pleuré pendant 40 mn après ce match ! Donc lui c’est assez clair que lui, avec ses potes à l’école, il est Français. Mais quand même… Je suis obligé de rester fidèle. Je suis Écossais même si on a les deux passeports. Maintenant, on a le choix. Mais c’est l’Écosse. »
Entre une équipe en confiance qui a réussi l’exploit de battre le Pays de Galles sur son terrain pour la première fois en 22 ans mais qui n’est pas passée loin de l’humiliation (l’Ecosse) et une qui sort de deux défaites coup sur coup face à l’Afrique du Sud et l’Irlande (la France), le match promet d’être assez âpre.
« Là, ça va être un match avec deux équipes qui ont beaucoup à prouver. L’Ecosse va vouloir se rassurer sur ce qu’ils sont capables de faire pendant 80 mn. Et l’équipe de France a la nécessité de montrer un autre visage », estime Mathieu Bastareaud.
« De se réveiller et de se rebeller ! », enchaîne John Beattie. « C’est quand même le deuxième échec d’affilée pour l’équipe de France. Je ne sais pas quand c’est la dernière fois que vous avez enchaîné trois défaites… »
« M’en parle pas, parce que je devais être dans cette équipe… », en sourit Bastareaud.
« Mais ça fait très longtemps. Une équipe française qui est piquée – en Pro D2, Top 14 ou nationale – ça fait peur quand même. J’ai bien peur qu’à 15, ça va être un autre match ce weekend, à Murrayfield. »
« Là quand même, il y a une bête blessée qui arrive, on a besoin de la tuer. Donc c’est ça la question qui fâche : est-ce qu’on peut enchaîner encore contre des grosses équipes sur le circuit qui, entre guillemets, avaient du mal le weekend dernier ? Mais on le sait, elle va être revancharde, elle bave et va être très dure à battre. Ça va être un gros match », promet Beattie qui avait été recruté par Galthié à Montpellier en 2012.
« Je crois fortement qu’on peut battre n’importe qui, n’importe quand. En Ecosse, on a 20 000 licences. C’est pas grand-chose quand on se compare avec les Anglais ou les Français avec plus de 300 000 ici en France ; c’est notre pool, notre réservoir. En fait, il y a beaucoup moins de joueurs. »
« Donc oui on peut battre n’importe qui, n’importe quand sur un match. Mais est-ce qu’on peut enchaîner si on perd deux ou trois mecs clés ? Ca devient plus dur parce qu’on n’a pas un réservoir derrière.
« Mais moi j’aime bien le côté outsider. On est aimé par les Français ou les Sudafs. Ils aiment bien comment on se structure, comment on attaque le jeu. Parce que c’est beau à regarder, c’est excitant, ça s’envoie du beau jeu. »
Pour cela, les Ecossais peuvent compter sur leur maître à jouer, celui qui a été nommé capitaine à la surprise générale en début de campagne, tant on savait ses relations fraîches avec le sélectionneur Gregor Townsend, Finn Russell.
« Sa première sélection, je crois que c’était aux Etats-Unis ou au Canada avec moi. Et puis on s’est côtoyé pendant 2, 3 ans. Mais quel mec », raconte l’ancien joueur originaire de Galsgow.
« On l’a vu au Racing. C’est pas quelqu’un qui parle beaucoup dans la presse, mais avec ses déclarations, moi en tout cas, il me régale. Il a un franc parler qui fait qu’il apporte une certaine fraîcheur dans notre sport où souvent, quand on voit les interviews, c’est quand même pas mal de langue de bois. Mais lui, il est cash, même à la fin de ce match. »
Un constat que partage Beattie : « Même après le match à Cardiff, il dit : ‘les mecs n’ont pas écouté les consignes, je vais leur dire lundi matin, tu refais ça, tu sors’. Devant tout le monde !
« Son surnom avec nous, c’était ‘Finn, the Muscle Russell’, parce qu’il avait rien, il n’avait pas de muscle. Il ressemble à rien ! Il enlevait son t-shirt, on rigolait. Mais côté rugby, il pue le rugby. Avec ses choix, comment il anime notre jeu, soit pour le Racing, maintenant pour Bath, ça explose. Mais c’est grâce à lui. La nonchalance qu’il montre, en fait, derrière, il bosse comme un âne. C’est lui qui fait tout, de A à Z.
« C’est lui qui mène le travail, c’est lui qui désigne les systèmes de jeu, les structures, comment exécute. Et pour l’équipe d’Ecosse, c’est lui qui nous drive. »
Via RugbyPass