Le troisième ligne international Français Anthony Jelonch s’est gravement blessé au mois de janvier dernier.
Victime d’une seconde rupture du ligament croisé juste avant le Tournoi des Six Nations, le Toulousain ne pourra pas refouler les terrains du Top 14 avant de nombreux mois.
Interrogé dans les colonnes du journal L’équipe, le joueur Toulousain indique garder le moral.
Il explique pourquoi tout se passe beaucoup mieux que prévu. Extrait:
Le moral, ça va. Oui, ça va (il sourit franchement). J’étais un peu stressé avant l’opération. Je me disais que ça allait être pareil que l’autre, que j’allais être immobilisé pendant trois semaines et quand ils ont ouvert, ils ont vu que c’était juste le ligament qui était rompu. Il n’y avait pas de problème sur les ménisques, juste un petit bout qu’ils ont raboté. Le chirurgien était content. J’avais l’appui total au bout de deux jours et j’ai pu retrouver une vie normale. J’ai attaqué la rééducation et donc j’ai vraiment le moral, parce que ça n’est comme l’autre exactement, même si j’étais revenu très vite. Là, je vais pouvoir prendre plus le temps, bosser plus sereinement avec moins de douleur.
Dans la foulée, il explique pourquoi il n’a pas quitté le terrain en civière, au moment de sa blessure.
S’il ne ressentait pas trop de douleur à la fin du match, il a rapidement compris que sa blessure étant tout de même grave. Extrait:
Sur le coup, j’ai eu mal (rire). Mais ça dure 15 secondes, puis tu le sens moins, tu te dis : “Ç’a bougé mais je ne sais pas !” Après coup, en y pensant, j’avais quand même eu la sensation que ç’avait bien bougé, comme au premier. Puis j’ai compris très vite. Après le match, je marchais normalement, mais dans ma tête, en allant à l’IRM, je savais que ça allait être encore le croisé. L’IRM le confirme. Il y avait mon docteur et le chirurgien qui m’avait opéré la fois d’avant en ligne. Il voyait les résultats en temps réel et m’a dit : “Tu connais la marche à suivre, je vais te réparer et ça va bien se passer.” J’avais des cicatrices sur le même genou, donc il a fallu que j’attende trois semaines avant de me faire opérer. J’ai eu un peu mal mais ça m’a permis de le faire dégonfler dans un premier temps et de l’opérer dans de bonnes conditions.
Il l’affirme : cette seconde blessure n’est pas due à une reprise précoce de la compétition comme certains peuvent le dire. Extrait:
J’avais demandé son avis au chirurgien au moment de la première opération. Il y a des statistiques (de récidives) qui disent que ça peut casser, que ça peut être le même. Là j’ai de la chance, entre guillemets, que ça ne soit pas le même. Au final, le chirurgien m’a dit que ça n’avait rien à voir avec ma reprise trop précoce. Le mouvement que j’ai fait est exactement celui du croisé. Ce n’est pas de chance. Sûrement qu’il y avait une fragilité. Trois semaines avant, j’avais pris un petit pet sur le genou mais ça n’a peut-être rien à voir non plus…
Il a hâte de renouer avec la compétition, même s’il est forcément moins dans l’urgence que lors de sa précédente blessure, contractée à quelques mois du Mondial. Extrait:
C’est une pression en moins. Mais j’ai quand même envie de me retaper vite et très bien. Quand j’ai reçu le diagnostic je me suis dit : “Bon ! Ta saison est finie, tu ne vas pas te mettre la tête au fond du seau, tu vas revenir pour la prochaine étape.” Vu comment ça s’est passé la première fois, la deuxième fois je vais faire en sorte que ce soit pareil et tout faire pour revenir encore au top !
Avoir en ligne de mire une Coupe du monde, c’est quand même kiffant ! Ça n’est pas usant. Il n’y a pas la pression du week-end. Je bossais du lundi au vendredi avec un jour et demi off où je me reposais. Après, c’est sûr que j’ai pris zéro semaine de vacances. Mais c’est vrai qu’entre les périodes internationales, le Championnat et la Coupe d’Europe, on a beaucoup de matches de très haut niveau.
Une chose est sûre : Anthony Jelonch refuse de pester contre le calendrier du rugby qui est extrêmement chargé pour les internationaux Français. Extrait:
J’étais à quinze matches depuis ma reprise (contre l’Uruguay). J’avais déjà beaucoup joué. Mais je suis content, j’ai pu m’amuser un petit peu entre les deux genoux (il se marre). C’est tant mieux. Il ne faut pas se plaindre de jouer trop de matches quand on est à haut niveau. C’est le calendrier qui veut ça. Il ne faut pas en vouloir au coach ni à personne. Ce qui est vrai, c’est qu’on a juste la coupure d’un mois en juin pour se reposer, sinon il n’y a pas de période pour vraiment s’arrêter. Même quand on coupe cinq ou six jours, ça n’est pas suffisant pour que le corps et l’esprit récupèrent.
J’ai toujours été dans le positif. Je ne suis pas battu ou résigné. Je n’ai qu’une envie, maintenant, c’est me remettre en forme et revenir sur le terrain. Je suis jeune, j’ai encore de belles saisons à faire. Et puis il y a tellement d’exemples de personnes qui sont revenues, donc pourquoi pas toi ou moi ? Le meilleur moyen de se faire mal, c’est d’avoir peur, donc de ne pas être performant, de ne pas être bien dans sa tête. C’est là que tu te blesses. Alors que si tu reviens avec l’état d’esprit de : “C’est réparé maintenant, j’y vais à fond, je prends du plaisir et feu !”, ça marche bien. J’ai pu le voir sur ma reprise du premier croisé. Même si ça n’a duré que quinze matches (rire). D’autant qu’à l’intérieur, il y a une Coupe du monde et des moments très forts.
Pour conclure, il explique qu’il est très dur pour lui de faire une pause comme a pu le faire Grégory Alldritt par exemple. Extrait:
C’est très dur à faire. Mais c’est peut-être un point sur lequel je dois aussi m’améliorer en tant que joueur. Pas forcément se garer, mais savoir écouter un peu son corps. Après, c’est très difficile pour un compétiteur. Et puis quand tu es dans un sport d’équipe comme le rugby, tu n’as pas envie de lâcher les copains pour dire : “Je ne me sens pas bien, je me repose.” Il y a tellement de moments où tu te sens un peu fatigué, mais une fois sur le terrain, tout se passe très bien, tu as envie de jouer et d’être avec l’équipe. Là, j’étais en pleine forme. J’avais été bien géré par le staff. Je n’avais pas de souci de fatigue, même si j’avais beaucoup joué.
Greg avait joué beaucoup aussi. Cette coupure lui a fait du bien, comme il nous l’a dit. Mais il avait enchaîné trois saisons à plus de 32 matches. Donc je comprenais qu’il prenne cette petite pause. Et Antoine, s’il peut le faire, ça sera après les JO, donc pas le moment le plus important de l’année non plus. Moi, là, j’ai six mois pour me reposer… mentalement (il sourit). J’aurai aussi quelques petites coupures. Et puis c’est quand même un bon défi à relever de revenir d’une blessure comme celle-là. Je sais très bien comment je suis dans la tête et je n’aurai pas d’appréhension.