Le président de la Fédération Française de Rugby, Florian Grill s’est longuement confié via Midi Olympique pour évoquer les difficultés financières rencontrées par la Fédération Française de Rugby.
Il fait le point sur la situation. Extrait:
La réalité, ce sont les chiffres. Le reste, ce n’est que du commentaire. Que disent les chiffres ? Que nous sommes partis d’une situation très difficile. Je reste déterminé et confiant, nous allons redresser la barre. Mais la réalité de notre point de départ, c’est un déficit structurel à la FFR estimé à 40 millions d’euros sur deux ans. La Cour des comptes fait son travail et sans préjuger, je crois qu’elle va bientôt confirmer mon propos. Toutes les accusations qu’on m’adresse sur des chiffres truqués et un déficit gonflé feront alors “pschitt”.
Quand on prend un héritage, on le prend en intégralité, avec les bonnes et les mauvaises nouvelles. J’assume et je me relève les manches.
Il explique comment il compte redresser la barre. Il se dit confiant. Extrait:
Déjà, je remercie les quelques élus qui m’ont rapidement alerté sur la réalité de la situation économique de la FFR, à ma prise de fonctions, et qui m’ont pointé du doigt les sujets à risques. Ensuite, avec Claude Hélias et Sylvain Deroeux, nous avons agi rapidement pour mettre en place un plan correctif. Nos efforts vont payer, je suis confiant. Nous avons déjà réglé le problème du million australien (1), grâce à des discussions intelligentes avec l’ARU (fédération australienne de rugby, NDLR) qui vont nous permettre des mécanismes de rétribution sans que cela n’impacte trop nos comptes. Nous avons traité le problème directement avec eux. Autre exemple : notre billetterie va avoir de meilleurs résultats qu’escompté.
Nous avons fait des efforts, par exemple sur les invitations. Sous la gouvernance précédente, le président avait 25 invitations à sa disposition. Désormais, il en a 4, la sienne incluse. Pour les membres du comité directeur, ce sont seulement deux invitations et une seule pour les membres des commissions. Nous avons remis de l’ordre. Le bénéfice devrait se situer autour de 1,5 million d’euros.
Aussi, il parle de la diminution des primes allouées aux joueurs du XV de France. Extrait:
Sur les primes, nous étions sur un dépassement totalement hors budget ! Il fallait agir, nous l’avons fait. Et on me reproche le timing… Je suis d’accord ! Rien n’avait été signé avant notre prise de fonction, ils s’étaient simplement tapés dans la main. Tout cela aurait dû être ficelé depuis au moins un an ! On a finalement trouvé un accord positif avec les joueurs, un sujet sur lequel Fabien Galthié a d’ailleurs beaucoup aidé.
Il parle également des fonds injectés par CVC, l’actionnaire du Tournoi des Six-Nations. Extrait:
Sur les 40 millions de déficit évoqués, une partie sera effectivement couverte par les revenus exceptionnels versés par CVC, de l’ordre de 13 millions d’euros. Et ensuite ? C’est comme si vous disiez : “j’ai fait une excellente année financière, grâce à la vente de ma maison.” D’accord mais tu n’as plus de maison ! La réalité derrière ces 13 millions d’euros, c’est que CVC prend progressivement 14 % des parts du Tournoi des 6 Nations. Donc il prélèvera également, à terme, 14 % des revenus. Du point de vue financier et du partage, nous sommes aujourd’hui dans un Tournoi des 7 nations !
L’argent touché à court terme, on se le fait prélever et bien plus à moyen terme. Quand CVC est arrivé, on nous a vendu des courbes de revenus exponentielles. Ça montait jusqu’au ciel… En vérité, ce n’est pas le cas. Les revenus ne sont pas ceux annoncés, les droits n’ont pas progressé comme promis. C’est notre réalité, on doit cette transparence à nos clubs.
Aussi, Florian Grill a expliqué pourquoi il a décidé de conserver Alexandre Martinez en tant que trésorier. Extrait:
Justement parce qu’il a eu l’honnêteté de cette transparence. J’ai été élu un mercredi et, le samedi, nous avons passé la matinée complète ensemble. Il m’a dressé un état des lieux exhaustif et lucide de notre situation financière. Alexandre a fait ce qu’il fallait pour l’intérêt du rugby. Je ne suis pas d’accord avec la manière dont a été gérée la FFR lors des gouvernances précédentes et il en faisait partie. Mais je veux travailler avec des gens compétents et honnêtes. C’est son cas.
Florian Grill a également parlé du manque à gagner de la Coupe du monde de 2023. Extrait:
Au lendemain de mon élection, on m’a annoncé qu’il fallait anticiper dans les comptes un bénéfice de 5,5 millions d’euros, puisque la FFR était propriétaire à 55 % du GIE (groupement d’intérêt économique) de France 2023 et qu’un profit de 10 millions d’euros était annoncé. La réalité c’est qu’il y a 25 millions de pertes. Était-ce anticipable ? Pour cela, il aurait fallu avoir mis en place un suivi sérieux des comptes…