Le technicien Français Jean-Baptiste Elissalde s’est confié via le journal sportif L’équipe, sur la prestation des Bleus contre l’Italie.
L’ancien entraîneur adjoint de Montpellier estime que ce match nul est en réalité une véritable défaite pour le XV de France.
Il pointe du doigt les difficultés offensives des Bleus lors de ce match.
A lire ci-dessous :
« À mes yeux, ce match nul est une défaite, mais j’ai trop connu le genre de moments que traverse l’équipe de France pour tirer sur l’ambulance. Mon analyse est qu’à la pause, les Bleus auraient dû mener au moins 24-0. C’est le tarif, normalement, quand on entre douze fois dans la zone de conclusion et qu’on y passe plus de six minutes. Mais ils n’ont marqué que 10 points. Cette impuissance offensive, c’est la clé de la rencontre. Elle a créé beaucoup de frustration au sein d’une équipe qui n’était déjà pas très en confiance. Cette frustration a généré des erreurs techniques, un coup de pied direct en touche par-ci, un en-avant derrière un ruck par-là, qui ont contribué à la fragiliser encore davantage. Je le sais d’expérience : les balles de match que tu rates, tu les reprends dans la “gueule” et un accident arrive. À Lille, l’accident a été le carton rouge de Jonathan Danty (40e).
Reste à comprendre pourquoi l’équipe de France n’a pas concrétisé. Si on analyse les 10 points qu’elle a marqués en première période, on constate que c’est via sa puissance : la mêlée, les ballons portés et le jeu dans l’axe, comme sur l’essai de Charles Ollivon (7e) où la troisième ligne a enchaîné les percussions dans un jeu à 0 ou 1 passe. C’est ce que Fabien Galthié appelle le jeu en “black”.
Avec la composition du pack, l’un des plus lourds jamais alignés, les Bleus auraient dû insister avec cette animation offensive qu’ils maîtrisent très bien depuis plusieurs années. Le paradoxe, c’est qu’à part sur l’essai, ils ne l’ont pas fait. Et c’est déjà quelque chose que l’on avait noté lors des deux premiers matches du Tournoi. Pourquoi bâtit-on une telle équipe pour ne pas utiliser le jeu en “black” ? Je ne me l’explique pas.
En tout cas, proche de l’en-but adverse, au lieu de rester sur la ligne de front pour utiliser sa puissance, on a vu la France “reculer” le ballon, c’est-à-dire faire des passes vers les trois-quarts, alors qu’il n’y avait pas de surnombre. Et cela a mis en évidence le fait qu’avec son choix d’aligner des joueurs lourds, cette équipe manquait de mobilité. Après deux temps de jeu avec les avants, on voyait certains d’entre eux ne pas se rendre disponibles pour alimenter le sens du jeu. Il y a donc eu des ruptures dans les soutiens, qui n’ont pas permis aux Bleus de transformer leur action avec de la vitesse et de créer des déséquilibres. Pour résumer : la puissance a permis aux Bleus de marquer 10 points, mais le manque de mobilité les a empêchés d’inscrire deux ou trois essais de plus.
Pour conclure, je voudrais faire un clin d’oeil à l’Italie de Gonzalo Quesada, et notamment à Paolo Garbisi, que j’ai entraîné à Montpellier. C’est l’homme du match, à cause de cette malchance sur la pénalité de la fin de match mais aussi parce qu’avant ça, sincèrement, il a été très bon dans une période difficile pour lui. »