L’ancien troisième ligne du XV de France, Imanol Harinordoquy s’est confié dans les colonnes du Midi Olympique.
Ce-dernier a analysé la piètre prestation des Bleus effectuée contre l’Italie, dimanche à Lille.
Il pointe du doigt les fautes de main effectuées par l’équipe de France. Extrait:
À chaud, j’ai l’impression que l’on s’en sort très bien avec ce match nul ! Mais on avait quand même pris la rencontre par le bon bout : on a retrouvé de l’énergie, avec un paquet d’avant dominateur et un jeu plus simple mais direct. On a marqué assez rapidement donc je pensais que cela allait nous mettre en confiance. Seulement, on a ensuite dominé cette première mi-temps sans marquer. Ce qui est récurrent depuis le début du Tournoi, ce sont ces fautes de main assez incroyables, notamment en bout de ligne alors que ce ne sont pas les adversaires qui nous font tomber les ballons. À cause de ce manque de maîtrise, on tourne à 10-3 à la mi-temps, avec en prime ce carton rouge qui vient pénaliser l’équipe. À quatorze contre quinze, on a senti que le match se resserrait, avec des Italiens qui, sans être flamboyants, ont réussi à tenir le ballon à la 70e pendant cinq temps de jeu pour inscrire l’essai de l’égalisation. On s’en sort vraiment très bien.
Il pointe également du doigt le manque de concrétisation des Bleus. Extrait:
C’est assez incroyable de passer autant de temps dans le camp italien sans scorer. C’est un manque d’efficacité ahurissant. On n’a pas été plus pénalisés que nos adversaires mais ces scories, ces fautes de main nous ont fait sortir du match, et ont permis aux Transalpins de continuer à respirer.
Il regrette également certains mauvais choix de jeu. Extrait:
C’est vrai. Des mauvais choix, des passes sautées qui ne se justifiaient pas… Ce n’est pas fluide. On ne sent pas d’automatismes, les joueurs se cherchent. J’ai aussi trouvé que l’on renversait beaucoup le jeu sans surnombre et sans vraiment savoir pourquoi… Des prises de décisions individuelles, venant de la charnière, que je n’ai pas vraiment comprises. On a voulu mettre la charrue avant les bœufs car, in fine, on a beaucoup joué au ballon sans jamais franchir la défense italienne. Pourtant, on a vu qu’on avançait sur des choses simples comme la mêlée ou les ballons portés. J’aurais aimé que l’on s’appuie davantage dessus. Cela n’aurait pas été génial sur le spectacle, mais on aurait pu se mettre à l’abri.
Le jeu direct pratiqué en première mi-temps a bien marché, mais on l’a complètement délaissé en deuxième mi-temps. A-t-on manqué d’énergie ? Je ne sais pas. Mais avec l’apport du banc, il aurait fallu revenir à ce jeu direct. Cela nous aurait évité de faire trop de passes en infériorité numérique face à quinze bonshommes qui défendent. On s’est mélangé les pinceaux.
Concernant la défense, il en dit plutôt du bien. Extrait:
On a retrouvé des cellules de trois joueurs avec un plaqueur qui fait tomber et un joueur qui gratte à l’image de Danty ou de Cros en début de match. C’était de bon augure. Mais à quatorze contre quinze, c’est plus compliqué d’aller gratter car tu affaiblis encore ta ligne défensive. Globalement, je pense qu’on aurait pu agresser davantage les Italiens.
Il cite ensuite les points positifs. Extrait:
Il y a du mieux sur la conquête. La mêlée a été très solide. En touche aussi, c’était bien. Je regrette d’ailleurs qu’on ne se soit pas davantage appuyé sur les ballons portés. On a oublié d’être efficace, par moments. Même si un plan de jeu ou une stratégie était en place, il fallait s’appuyer sur les choses simples qui marchent et qui font mal à l’adversaire. Sur le reste, il y a beaucoup de doute. On sent les joueurs un peu perdus. Même dans leurs propos d’après-matchs, les joueurs ne savent pas trop quoi dire.
Pour Imanol Harinordoquy, il est temp de tirer la sonnette d’alarme pour le XV de France. Extrait:
On est parti sur un nouveau cycle. Il aurait été bien de ne pas attendre ce match nul qui ressemble plus à une défaite pour lancer des joueurs qui vont se poser moins de questions. Mathis Lebel a plutôt réalisé un bon match, par exemple. Il faut toujours un équilibre entre les jeunes joueurs et les expérimentés, mais le problème c’est que ces derniers n’apportent pas ce qu’ils devraient apporter dans ce genre de match. Pire, ils commettent même des erreurs…
On sent que le ressort est cassé. C’est une période difficile mais cela fait partie de la vie des équipes. Il faut aussi replacer les choses dans leur contexte : le premier match contre l’Irlande nous a fait très mal. Derrière, on gagne en Ecosse mais cette victoire est l’arbre qui cache la forêt, et aujourd’hui tu t’en sors encore très bien. À mon sens, il faut tirer la sonnette d’alarme. Il reste deux matchs, mais il va falloir montrer autre chose. J’ai l’impression que le problème est davantage psychologique.
Des nouveaux ont déjà intégré l’équipe, comme Alexandre Roumat, Esteban Abadie, ou Posolo Tuilagi qui a fait une bonne première mi-temps, Nolann Le Garrec apporte du dynamisme à son entrée en jeu… Peut-être qu’il faut faire bouger les lignes. Ajouter de l’énergie et de l’insouciance sur le début de match et s’appuyer sur des joueurs plus expérimentés pour gérer les fins de matchs. Après, je ne suis pas sélectionneur, je ne vis pas les choses de l’intérieur. Ce qui est sûr c’est qu’en l’état, on ne sent pas que les choses peuvent vraiment changer.
En revanche, on sent bien qu’il manque des joueurs importants : la densité d’Alldritt et Jelonch, l’apport d’un Antoine Dupont… Et si on perd en plus Danty et Jalibert… Ramos risque de passer en 10 mais qui pour jouer à l’arrière ? Aujourd’hui, on subit ces absences alors qu’avant c’était presque une force, qui permettait de donner leur chance à des joueurs qui saisissaient des opportunités.