Le stade Jean-Bouin, antre du Stade Français Paris, accueillait ce dimanche les finales du Rugby Europe Championship, la deuxième division continentale. Au programme: quatre matchs qui se succèdent, et en point d’orgue la finale entre la Géorgie et les Portugais, révélation de la dernière Coupe du Monde de rugby.
Il y a un peu plus de cinq mois, on quittait la sélection portugaise de rugby sur un exploit majuscule, une victoire face aux Fidji, lors du dernier match de poule de la Coupe du Monde 2023. Une performance qui récompensait leur belle compétition, et leur jeu plaisant, salué par les spectateurs.
On les a retrouvés ce dimanche, à Paris, pour les finales du Rugby Europe Championship, tournoi rassemblant huit équipes qui constituent la deuxième division européenne. Entre temps, beaucoup de choses ont changé, le sélectionneur français Patrice Lagisquet a quitté le navire, remplacé par l’Argentin Daniel Hourcade. Les cadres de l’équipe Samuel Marques, Mike Tadjer et Francisco Fernandes ont eux pris leur retraite.
Mais les résultats sont toujours là. Après une défaite inaugurale face à la Belgique, les Portugais se sont rattrapés, écartant la Pologne, la Roumanie et l’Espagne, pour s’offrir une finale face aux favoris Géorgiens.
Une finale, à Paris, donc, pour conclure une journée de fête du rugby, avec quatre rencontres au programme, de midi à 23 heures, pour déterminer le classement de la 1ère à la 8e place. “On a changé le format de compétition depuis l’année dernière, avec cette journée de finale“, explique Florian Marty, directeur général de Rugby Europe, l’organisateur de la compétition. “Et on l’a fait à Paris car on sort de la Coupe du Monde, certaines de ces équipes ont reçu une forte exposition, les Français ont découvert les Portugais, les Géorgiens, les Roumains, il y a une demande.”
Ces finales sont l’occasion de mettre en avant des équipes comme la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, où le rugby se développe mais qui sont souvent éclipsées par le Tournoi des VI Nations. Et de permettre aux joueurs, majoritairement amateurs, d’évoluer dans un stade de Top 14. Initiative saluée par l’ouvreur néerlandais Willie du Plessis, qui joue du côté de Mont de Marsan. “C’est très cool, surtout pour mes coéquipiers qui n’en ont pas l’habitude, de pouvoir participer à une journée comme ça, dans un stade comme ça, c’est positif pour tout le monde, même pour moi.”
Même son de cloche chez David Gérard, sélectionneur français de la Roumanie, ravi pour ses joueurs malgré la défaite. “C’est génial qu’on se retrouve ici tous ensemble, les huit équipes, il n’y a que le rugby pour faire ça. Les mecs méritaient de vivre un moment comme ça dans un grand stade.”
Les tribunes de Jean Bouin sonnent malgré tout creux en début d’après-midi lors des premières rencontres, même si chaque pays a son lot de supporters comme Carmen, espagnole vivant à Paris. “L’idée d’avoir une journée de rugby complète comme ça est incroyable ! Je reste pour tous les matchs, on sent que l’ambiance monte.”
Au total, 10 000 personnes ont assisté à au moins un match, une affluence qui satisfait Florian Marty. “On est dans les objectifs, les affluences de la compétition sont en hausse, on a atteint 4000 supporters de moyenne sur les 16 premiers matchs, c’est une hausse de 15% et un signe d’une réelle attractivité.” Sur le terrain, les matchs se succèdent, la Belgique bat la Pologne en ouverture, condamnant ces derniers à la relégation l’an prochain. Les Pays Bas étrillent ensuite l’Allemagne avant que l’Espagne arrache la victoire face à la Roumanie.
Autour de 20 heures, le stade se réveille, les tribunes se remplissent de supporters portugais et géorgiens. Place à la grande finale qui rappelle la dernière Coupe du monde de rugby où les deux équipes s’étaient affrontées et quittées sur un score de parité (18-18). Mais sur la pelouse, pas de miracle pour les Portugais. Incapables de développer leur jeu, ils se heurtent à la puissance d’une équipe qu’ils n’ont jamais battu en 11 confrontations: score final 36-10 pour les Géorgiens et leurs nombreux joueurs de Top 14.
Les regrets sont grands pour Hugo Camacho, demi de mêlée portugais : “c’était une finale compliquée pour nous, on est tombés dans le piège de leurs avants. J’espère que la roue finira par tourner et qu’on arrivera à les battre.” Malgré tout, le jeune demi de mêlée de 19 ans garde un beau souvenir de son premier tournoi, et de cette finale à Jean Bouin. “C’est la première fois que je joue dans un tel stade, avec une telle ambiance. Entendre autant de supporters scander ‘Portugal ! Portugal !’ C’est incroyable.”
Opportunité manquée pour les Portugais de remporter leur premier tournoi, et de définitivement s’installer dans le paysage rugbystique. Ils auront une autre occasion, le 20 juillet prochain, lors match historique face à l’Afrique du Sud, double championne du monde.
L’année prochaine, le Rugby Europe Championship prendra une dimension encore plus importante, car les quatre premiers au classement décrocheront un billet qualificatif pour la prochaine Coupe du Monde, en 2027 en Australie, qui rassemblera 24 équipes (contre 20 actuellement.)
Via RMC Sport