L’entraineur du Stade-Français Paris, Laurent Labit s’est longuement confié via Midi Olympique pour évoquer la bonne saison effectuée par le club de la Capitale.
Il n’aurait cru que le Stade-Français Paris serait leader du championnat cette saison. Extrait:
Jamais de la vie ! Ce serait mentir d’affirmer qu’on avait imaginé que nous serions premiers du championnat avec onze points d’avance sur le troisième à ce jour. Avant de rejoindre le club, nous connaissions le potentiel de ce groupe et surtout son état d’esprit. Nous avions également conscience de l’excellent travail réalisé par le staff précédent avec Gonzalo Quesada, Laurent Sempéré, Julien Arias ou encore Paul Gustard qui est encore avec nous et qui a été notre relais durant tout le début de saison. Nous savions donc que nous ne partions pas d’une page blanche, que les bases étaient solides. Mais ce statut de leader et tous ces résultats positifs sont arrivés bien plus rapidement que ce que nous avions prévu.
Il explique ensuite pourquoi le Stade-Français se porte bien. Extrait:
Nous avons tout de même changé pas mal de choses. La première, c’est la méthodologie de travail portée par Karim Ghezal. Ça a franchement bousculé les habitudes des joueurs. Ils se sont retrouvés dans l’inconfort car ils n’étaient familiarisés avec ces principes d’entraînements où l’on tente de se rapprocher au maximum des scénarios que l’on retrouve en match. Pendant quatre ans, avec Karim, nous avons fonctionné ainsi avec le XV de France. La méthode a fait ses preuves. L’idée, c’est vraiment de prédire ce qui va se passer le samedi en termes de jeu et de stratégie.
Il dévoile les secrets d’entrainement du Stade-Français. Extrait:
Si l’on décide de faire six minutes de lancement offensif, on n’en fait pas une de plus. Une touche perdue, on ne la refait pas, on joue le ballon. Que se passe-t-il ? Comment se réorganise-t-on ? Quelle attitude à adopter ? C’est tout cela que l’on travaille en conditions réelles. On ne refait pas dix fois le même lancement.
Certains ont besoin de se rassurer en faisant quinze fois la même touche, même s’il n’y a au final aucune garantie de réussite en match. On doit travailler en sachant qu’on n’aura pas forcément le ballon parfait en touche, que le lancement peut dérailler. Tous les techniciens réfléchissent aujourd’hui à mettre leurs joueurs dans ces conditions de match durant la semaine. On imagine des situations de transition, de “turnover”. Comment voulez-vous que les joueurs apprennent à bien gérer les scénarios de match s’ils n’y ont pas été préparés ?
Il évoque ensuite le grand changement effectué lors de l’arrivée du nouveau staff. Extrait:
Il est d’ordre psychologique. Le Stade français Paris n’est pas un club comme un autre. C’est un grand club. Les joueurs doivent comprendre qu’on joue tous les matchs pour les gagner. Ils doivent être ici pour de bonnes raisons, pas pour la Tour Eiffel et la vie nocturne.
Certains observateurs critiquent le jeu proposé par le Stade-Français. Laurent Labit répond. Extrait:
Quand on regarde les chiffres, nous sommes dans la norme sur de nombreux secteurs de jeu. Nous sommes à 50 % d’occupation, 49 % de possession. On se situe dans la moyenne du Top 14. Notre gros point noir, c’est notre efficacité. Nos derniers matchs en témoignent. Contre Lyon, nous avons passé la première demi-heure de jeu dans les 22 mètres adverses, sans marquer. Dix-huit entrées dans les 22 mètres sans marquer, ça nous rend fous ! À Montpellier, sept franchissements nets, sans marquer non plus.
Les choix ne sont pas toujours bons, notre organisation non plus. On y travaille. Notre focus, c’est l’attaque parce que nous ne sommes efficaces ni à la main, ni au pied. Nous sommes la dernière équipe du Top 14 face aux perches avec seulement 71 % de réussite, et nous sommes derniers au nombre d’essais marqués.
Nos certitudes sur nos secteurs forts, comme la défense et la conquête, et surtout l’état d’esprit de ce groupe incroyable. Un groupe qui aime les défis. Je me souviens de notre premier déplacement après notre arrivée. Le club n’avait jamais gagné à Lyon. Quand on leur a proposé de relever ce challenge, d’être les premiers à réaliser cette performance, les joueurs se sont levés comme un seul homme. C’est une force. Comme nous l’avons dit dès le départ, nous voulons des joueurs qui comprennent que le Stade français n’est pas un club comme un autre. Ici, il y a quatorze boucliers de Brennus dans l’armoire à trophées, un Challenge européen et deux finales de Coupe d’Europe. Ce n’est pas rien. Cet état d’esprit doit animer toutes les personnes de ce club, des plus jeunes aux administratifs, des entraîneurs aux dirigeants en passant par les bénévoles. C’est aux joueurs de montrer l’exemple.
Aussi, Laurent Labit évoque les objectifs de Paris en cette fin de saison. Extrait:
L’objectif, c’est d’être en phase finale et d’être en capacité de remporter le titre de champion de France. Maintenant, nous avons ce luxe d’avoir onze points d’avance sur le troisième, ce qui doit nous permettre sur les six derniers matchs de régler nos carences pour espérer performer en phase finale. Je rappelle juste que le club n’a pas gagné un match éliminatoire depuis 2015.
Il affirme que le staff prépare le premier match éliminatoire depuis plusieurs mois déjà. Extrait:
On le prépare depuis que nous sommes arrivés. J’espère d’ailleurs que les joueurs ont regardé les quarts de finale de la Champions Cup pour bien comprendre que nos difficultés ne vont pas se régler dans la semaine avant le barrage ou la demi-finale. Ces six derniers matchs doivent nous permettre de nous mettre en mode phase finale.
Paris compte finalement peu de grandes stars dans son effectif. Le technicien réagit. Extrait:
On espère que dans deux ou trois ans, nous aurons des problèmes de riches comme le Stade toulousain. Aujourd’hui, nous avons des joueurs susceptibles de prétendre au XV de France. Mais sur ces dernières années, le club a fait preuve d’une trop grande irrégularité pour voir ses joueurs évoluer au plus haut niveau et même pour séduire des grands joueurs. Mais nous aimons ce groupe très solidaire, très travailleur. Certains comme Julien Ory, Laurent Panis ou Giorgi Tsutskiridze n’ont pas beaucoup joué mais n’ont jamais baissé la tête. Cela illustre bien l’état d’esprit de ce groupe.
Dans notre projet, ce qui est important, c’est rendre notre équipe meilleure avec des profils, c’est vrai, que nous n’avons pas encore. Nous ne voulons pas de “top player” à n’importe quel prix. Ça se réfléchit. Nous n’avons pas encore trouvé ni ciblé ce que doit être le Stade français Paris dans les années à venir. Et puis, nous voulons aussi investir sur nos jeunes, sur nos joueurs prêtés comme Raffaele Costa Storti. Lui, c’est d’ailleurs un joueur qui nous fait défaut aujourd’hui. C’est vraiment un avant-centre, il ne pense qu’à marquer. Et il le fait. Il est en passe de devenir le meilleur marqueur de toute l’histoire de la Pro D2 sur une saison.
Pour conclure, il évoque un éventuel titre pour sa première année à Paris. Extrait:
Les titres, il faut savoir les gagner quand l’occasion se présente. On l’a dit aux joueurs. Les saisons post-Coupe du monde sont toujours un peu étranges. Mais nous ne sommes pas dupes de notre niveau, de nos capacités. Nous savons pertinemment que nous ne sommes pas encore à la hauteur du Stade toulousain, de La Rochelle ou même de l’UBB. Aujourd’hui, je suis très admiratif de Toulouse. Quand je vois cette capacité à gagner durant les doublons avec de nombreux jeunes, je suis bluffé. C’est ce vers quoi nous voulons tendre.