Le syndicat des joueurs de rugby a été condamné par un juge professionnel à verser 150.000 euros à Laure Vitou, ancienne directrice générale, pour des motifs de harcèlement moral et de discrimination. Dans le rapport du jugement des Prud’hommes, la gestion de cette affaire par le président Robins Tchale-Watchou et l’actuel directeur général Mathieu Giudicelli est pointée du doigt.
L’histoire entre Laure Vitou et Provale s’est mal terminée. Mais selon le juge départiteur des Prud’hommes, c’est le syndicat des joueurs de rugby, et notamment son président Robins Tchale-Watchou et son directeur général Mathieu Giudicelli qui en sont les responsables.
Et l’addition est lourde pour l’institution, condamnée à de multiples égards. Arrivée en 2015 en tant que chef de projet formation pour la reconversion des joueurs puis devenue directrice de la formation en 2017 et même directrice générale fin 2018, Laure Vitou s’était fait licencier pour faute grave.
Tombée gravement malade début 2019, victime d’une leucémie, elle avait été traitée par chimiothérapie mais avait continué de travailler, “activement et régulièrement de mars 2019 à septembre 2020”, parfois même depuis sa chambre de l’Oncopole de Toulouse. Un fait prouvé lors du jugement rendu le 9 avril dernier par les Prud’hommes.
En rémission et au moment de retrouver son poste (en temps partiel thérapeutique) à la fin de son arrêt maladie au mois de septembre 2020, elle avait constaté que Mathieu Giudicelli, qu’elle avait contribué à recruter et former durant son arrêt de travail, avait été lui-même nommé en tant que directeur général, poste qu’il occupe toujours aujourd’hui. Explication faite, il avait à l’époque signé un avenant pour le devenir.
“L’employeur a manqué à ses obligations de sécurité”
Progressivement mise de côté, Laure Vitou avait été accusée à l’inverse “d’insubordination” par le syndicat et son président Robins Tchale-Watchou. Il lui avait été reproché d’avoir envoyé des documents aux membres du comité directeur avant une assemblée générale, qui mettaient l’accent sur les points passés inaperçus qu’ils s’apprêtaient à voter. Parmi ceux-ci, une modification des statuts qui aurait permis à Tchale-Watchou de se présenter autant de fois qu’il le voulait, contre deux mandats maximums précédemment. Modification qui n’avait donc finalement pas été votée.
Démise de ses fonctions, Laure Vitou a attaqué Provale pour licenciement abusif. L’affaire renvoyée devant un juge départiteur, la magistrate a reconnue que ma dirigeante avait été harcelée moralement, discriminée en raison de son état de santé et que les conditions de son licenciement étaient vexatoires. Il est stipulé dans le rapport que l’employeur a même “manqué à son obligation de sécurité” du fait de “la sollicitation de la salariée pendant son arrêt de travail, des conditions de travail extrêmement anxiogènes et stressantes”. “L’inertie de l’employeur relativement aux alertes effectuées par la salariée” a par ailleurs été soulignée.
150.000 euros à verser, jugement à exécution provisoire
En conséquence, le licenciement est considéré comme nul et Provale est condamné à lui verser la somme de 150.000 euros et à payer les frais d’avocats. Contacté, le président de Provale Robins Tchale-Watchou dit réfléchir à faire appel alors que de son côté, le directeur général Mathieu Giudicelli a indiqué que le syndicat devrait selon toute vraisemblance le faire. Mais le jugement étant à exécution provisoire, cette somme est à verser.
C’est la deuxième fois cette année que Provale doit indemniser un ancien salarié. En effet, en février dernier, en cassation, l’ancien directeur général Christophe Gaubert, prédécesseur de Laure Vitou, a fait condamner le syndicat après sept années de procédure. Provale a dû lui verser la somme de 120.000 euros.
Via RMC Sport