Le commentateur rugby de France Télévisions, Matthieu Lartot a été amputé de la jambe droite il y a un peu moins d’un an à cause d’un cancer du genou.
Ce-dernier a écrit un livre pour partager son histoire.
Il reçoit très fréquemment des messages de soutien et souhaite utiliser sa médiatisation pour mettre en avant les difficultés rencontrées par les personnes handicapées, au quotidien.
Il a rédigé un bel édito sur Midi Olympique.
A lire ci-dessous :
“Aujourd’hui, je ressens une responsabilité par rapport aux thématiques que j’ai posées sur la table. Suis-je devenu, un peu contre mon gré initial, le porte-parole de communautés se sentant invisibles ? Oui, mais je ne veux pas être la caution « handicap » du service public ou de France télévisions. J’ai peut-être un rôle à jouer, je l’accepte, je vais assumer. Mais je veux rester Matthieu Lartot, journaliste France télévisions, commentateur des matchs du XV de France.
Pour autant, le handicap en France, à différents degrés, touche 12 millions de personnes. Ce n’est pas rien. M’inscrire dans la lignée de Philippe Croizon ou Théo Curin qui œuvrent au quotidien pour faire évoluer la situation des personnes handicapées est presque un devoir. Un honneur aussi à côté de ces personnalités hors du commun. Ce serait trop facile de rester dans mon coin à donner des interviews. D’où l’idée de créer une association. Les statuts ont été déposés en préfecture. « Debout en bouts » va voir le jour. Une fierté autant qu’une mission. D’aucuns relèveront mes jeux de mots foireux. D’autres seront interpellés par l’iniquité terrible de la prise en charge de l’appareillage orthopédique que l’on ait été amputé suite à un accident de la vie ou en raison d’une maladie. Deux situations bien distinctes.
De façon schématique, une personne amputée d’une jambe à cause d’un accident de scooter se verra verser par son assurance une somme substantielle qui lui permettra d’avoir accès aux meilleures prothèses tout au long de sa vie. La même personne, amputée à cause d’un sarcome ou d’une maladie, ne pourra jamais accéder aux meilleures prothèses. Et pour cause. Elles coûtent 100 000 euros quand, si vous êtes amputé d’un membre suite à une maladie, ce qui est mon cas, l’assurance maladie ne prend en charge l’appareillage qu’à hauteur de 15 000 euros. Vous l’aurez compris, une prothèse à 15 000 euros est de facto six fois moins performante que celle à 100 000 euros. L’idée de l’association sera d’accompagner des gamins ou des adolescents victimes de sarcome et contraint à l’amputation pour qu’ils bénéficient du meilleur appareillage possible.
Nous savons que nous n’aurons pas la sphère financière pour offrir des prothèses aussi coûteuses à tout le monde. Nous allons essayer de lever des fonds, on va frapper à la porte de toutes les grandes entreprises en France qui, parfois par le biais de leur fondation ou de leur fonds de dotation, contribue à soutenir des causes comme la nôtre. Je sais qu’Airbus, avec les chutes de carbone, a déjà aidé quelques associations à créer des lames (prothèses) pour des sportifs. Pourquoi ne pas aller plus loin ? Être bien appareillé n’est pas un luxe. Or, notre pays le voit ainsi.
L’autre objectif de cette association, et c’est un volet important, sera de mener une bataille pour faire évoluer la législation quant à la prise en charge des prothèses. Un vrai combat politique qui mérite d’être mené. Dix à quinze mille personnes aujourd’hui en France pourraient bénéficier d’un appareillage bien meilleur pour que leur quotidien soit moins difficile, qu’ils puissent poursuivre la pratique du sport, essentiel à la reconstruction. Le but c’est d’être au soutien. Comme dans le rugby. Un exemple ? Lyse est une petite gymnaste de 12 ans, victime du même sarcome que j’ai eu à 17 ans. Elle va être amputée le 30 avril. Seulement, elle ne pourra pas bénéficier des meilleures prothèses. « Debout en bouts » mènera le combat pour sa première filleule.”