Trop loin de la qualification en United Rugby Championship, les Sharks de Durban ont complètement réorienté leur saison sur le Challenge Européen dont ils ont fait leur objectif majeur.
Motivés à l’idée d’être la première équipe sud-africaine à conquérir un titre européen et de retrouver la Champions Cup où ils ont atteint, l’an dernier pour leur première participation les quarts de finale (à Toulouse), les coéquipiers de Etzebeth, Mbonambi, Kock et consorts seront des redoutables adversaires, samedi à 13h30 au Stoop.
Avec 21 points de retard sur le Benetton de Trévise (actuels 8ème du United Rugby Championship) et 3 journées à jouer, les chances de qualification pour la Champion Cup se sont évaporées depuis longtemps pour la plus prestigieuse province sud-africaine qui a payé un début de saison très loin de ses standards avec 5 défaites consécutives en ouverture (au Munster, Leinster, Ospreys et Parme et à domicile face au Connacht).
Une mauvaise série qui a plombé le parcours des Sharks et couté son poste au coach Neil Powell remplacé depuis par le Néo-Zélandais John Plumtree. Certes, il y avait probablement des circonstances atténuantes aux joueurs de Durban qui ont dû reconstruire sans leur capitaine emblématique Syia Kolisi (parti au Racing ) et faire face à l’absence en début de saison d’une dizaine d’internationaux (Mbonambi, Oosthuizen, Kock, Nché, Etzebeth, Hougaard, Am, Venter, ou Mapimipi) retenus pour la Coupe du Monde (qu’ils ont remportée) et les festivités qui ont suivi, mais les chiffres sont têtus et les Sharks ont laissé filer leur destin en URC avant d’avoir les moyens de réagir.
C’est donc vers la Challenge Cup qu’ils ont tourné tous leurs regards avec l’intention comme le rappelait hier le talonneur des champions du monde de « devenir la première équipe sud-africaine à remporter une compétition de l’EPCR ».
Leur parcours dans cette compétition montre qu’ils ont plutôt bien réagi à leur changement de cap puisqu’ils ont terminé les phases de poules en tête de la compétition (avec une seule défaite dans une duel fratricide chez les Cheetahs perdu 32 à 29). Qualifiés, les mains en haut du guidon, après une victoire 47 à 3 face aux Italiens de Parme, ils ont confirmé leurs intentions en écartant Édimbourg (et la moitié de l’équipe nationale écossaise) sur leur pelouse afin de s’ouvrir les portes du dernier carré où ils retrouveront les Auvergnats (samedi au Stoop).
Les deux derniers matchs en URC n’ont été que des galops d’essai pour une montée en puissance annoncée face au Jaune et Bleu. Ainsi, ce sont deux équipes mixées que les sud-africains ont proposé lors des dernières semaines, soignant toutefois la confiance en allant remporter sur la pelouse des Scarlets leur répétition générale (27 à 32 après un triplé du solide ailier Kok).
Tout au long de cette compétition les Sharks ont été particulièrement efficaces dans le domaine offensif puisqu’ils sont l’équipe qui marque le plus d’essais par match (5,2 essais en moyenne). A l’image des Springboks, dont ils ont 4 des 5 joueurs du cinq de devant des champions du monde, le jeu des Sharks peut être très direct et frontal avec une grosse agressivité dans les zones de contact. Ils ont ainsi le plus fort pourcentage de courses dominantes de la compétition (29,1%) ainsi que les plaquages les plus dominants (9,2%).
Leur conquête n’est pas en reste puisqu’avec 84% de touches exploitées et 92% des mêlées, elle domine également cette édition de la Challenge Cup. C’est une équipe très disciplinée (8,3 pénalités et seulement 0,3 carton jaune par match en moyenne) qui a tous les standards des équipes internationales (et aussi beaucoup de joueurs) que les hommes de Christophe Urios affronteront samedi à 13h30 (HF) sur la pelouse du Stoop de Twickenham.
C’est à ce niveau qu’ils devront s’élever pour franchir la dernière marche avant la finale de la Challenge Cup (3 semaines plus tard à Tottenham) : du costaud !