Dans les jours à venir, World Rugby va trancher si oui ou non le règlement autour du carton rouge va évoluer.
Et pour cause, il se pourrait que l’instance internationale décide de faire passer le carton rouge à 20 minutes.
Plus précisément, l’équipe sanctionnée d’un carton rouge pourrait faire rentrer un autre élément à la place du joueur sanctionné 20 minutes après la faute.
La Fédération internationale indique être satisfaite des tests réalisés. Extrait:
« Le board de World Rugby a déjà validé les essais en mars dernier et n’importe quelle compétition peut faire la demande pour tester ce dispositif. »
World Rugby pourrait décider de prolonger ces tests lors de la Coupe du monde U20 mais également pour la Tournée estivale, durant laquelle les Bleus se rendront en Argentine.
Interrogé via L’équipe, le sélectionneur Français Fabien Galthié s’est confié.
Il a confirmé avoir participé à une réunion à Londres, lors du dernier Tournoi des Six-Nations. Extrait:
Nous étions quatre sélectionneurs ou ex-sélectionneurs : Gregor Townsend (Écosse), Felipe Contepomi (Argentine), Jacques Nienaber (ex-Afrique du Sud) et moi. Il y avait quatre représentants des joueurs, dont Conrad Smith (double champion du monde avec les All Blacks) et Mathieu Giudicelli (directeur général du syndicat français Provale), des arbitres, dont Ben O’Keeffe (arbitre du quart de finale France-Afrique du Sud à la dernière Coupe du monde), des élus, dont John Jeffrey, vice-président de World Rugby.
On a senti et on sent bien une divergence forte entre le Sud, favorable à cette réforme, et le Nord. Il y avait un désaccord total. Les arbitres ne se sont pas mouillés, j’ai le souvenir que Conrad Smith me semblait favorable, au contraire de l’Écossais John Jeffrey, clairement hostile.
Pour sa part, il indique être totalement contre le carton rouge de 20 minutes. Extrait:
Moi, je suis contre le carton rouge de vingt minutes et je m’étais engagé pour le maintien du carton rouge définitif.
Il explique sa position. Extrait:
On comprend que l’argument de ceux qui poussent pour cette réforme repose sur le fait qu’un match est détruit lorsqu’un carton rouge intervient assez tôt. Déjà, ce n’est pas aussi évident. Pour moi, il faut que la menace soit là, qu’elle reste forte. Si on va vers une menace intermédiaire, ce ne sera pas bon. Et ce ne sera pas cohérent avec tout ce qui est entrepris depuis quelques années et dont on peut observer l’efficacité.
On nous a montré des données statistiques spectaculaires qui attestent de l’effet du carton rouge sur la dangerosité de notre sport, le nombre de commotions, de blessures graves. Quand on parle de ça, on s’adresse aussi bien au très haut niveau qu’à tout le rugby et en particulier aux jeunes. Tout ce qui passe en haut se reproduit en bas. J’ajoute que l’introduction d’un carton rouge de vingt minutes va, me semble-t-il, complexifier la lecture de notre jeu.
Il rajoute que le bunker existe et permet d’analyser certaines actions avec un certain délai, désormais. Extrait:
Maintenant on a le bunker qui permet d’analyser les situations au calme, pendant dix minutes, avant de décider si le jaune reste jaune ou s’il se transforme en carton rouge. Le bunker, c’est génial. La décision n’est pas immédiate, elle est détachée de l’arbitre, détachée du feu et du stress du terrain.
C’est très bien mais on s’arrête là, ça suffit. On n’aura jamais la décision parfaite tout le temps. Mais on a une direction claire : il faut apprendre à se baisser pour plaquer, il ne faut pas nettoyer par le côté. Ça nous oblige à améliorer nos “skills”, nos techniques. C’est vachement bien.
Pour conclure, Fabien Galthié explique travailler avec ses joueurs du XV de France autour du carton rouge. Extrait:
On est très clairs avec eux, avec ce que permet la règle. Dans un match, un rapport de force psychologique se crée entre une équipe et une autre. Avec Mickaël Campo (chercheur en psychologie et préparateur mental de l’équipe de France), on a étudié l’impact des actions : pénalités, cartons, turnovers…
Ce qui ressort des réponses des joueurs, c’est que le carton rouge est le marqueur le plus fort. Si votre équipe le reçoit, c’est une émotion très désagréable, très négative, qui se propage. Si c’est l’équipe adverse, ça te fait monter très haut, ça booste, ça renforce la croyance collective. Il faut donc continuer à travailler. Travailler sur ces réflexes acquis qu’il faut perdre, et contre lesquels il faut lutter quand arrivent la fatigue ou le stress.
Affaire à suivre…