L’actuel directeur du rugby de Montpellier, Bernard Laporte s’est longuement confié via Midi Libre.
Au cours de cet entretien, l’ancien président de la Fédération Française de Rugby a tirer un constat de la situation actuelle du MHR.
Dans un premier temps, il est revenu sur la défaite concédée contre l’USAP, au GGL Stadium. Extrait:
Il y a eu deux phases, une dynamique et une descendante, et ça s’est terminé par une défaite, alors qu’on doit gagner cent fois. Si on regarde les occasions manquées, les tirs au but… Le haut niveau, c’est ça. Quand tu as des occasions, il faut les mettre. Si tu ne les mets pas, l’adversaire reste dans le match, et après tu le perds. On vient de passer deux semaines sérieuses, mais après, c’est la compétition qui décide.
La première mi-temps a été de loin notre meilleure de la saison. La problématique, c’est qu’on ne marque pas. On tourne à 10-5 à la pause alors que le score doit être de 20 à 5. On se crée des occasions, mais maintenant, il faut les mettre. Comme PSG-Dortmund, c’est pareil.
Il est conscient que Montpellier n’a plus vraiment son destin entre les mains. Extrait:
On l’a encore un peu, mais il faudrait gagner trois matches sur quatre. Si c’est le cas, à mon avis, on peut s’en sortir. Ça va dépendre réellement de ce que va faire Lyon, qui reçoit le Racing 92 le jour où on accueille Toulouse (24e journée). Au vu du calendrier, ça devrait se jouer entre Lyon et nous (le MHR reçoit le LOU lors de la 25e journée, 8 points séparent les deux équipes). Il nous reste quatre finales à jouer.
Dans la situation dans laquelle on est, il faut y penser et se préparer. En termes de Jiff (joueurs issus des filières de formation), tout ça, on y a déjà réfléchi. Comme je l’ai dit aux joueurs, il y a deux sorties : soit on gagne trois matches, et on peut l’éviter, soit c’est “l’access-match”. Il n’y a pas d’autre scénario. S’il faut y aller, on ira. On sera fixé après Toulouse.
Bernard Laporte indique que ses joueurs ont été préparés à jouer le match de barrage pour le maintien. Extrait:
Les joueurs sont conscients de tout, on leur a expliqué tous les scénarios. Après il nous manque Willemse et quelques blessés. Ça fait partie des saisons, mais ce n’est pas normal qu’on soit tributaire de trois, quatre joueurs, avec une très grosse masse salariale d’ensemble.
Il ne manque pas d’atomiser son prédécesseur. Extrait:
Cette équipe est complètement déséquilibrée, celui qui a fait cette équipe est un escroc. Je l’ai toujours dit, c’est inadmissible, car on le paie cash. Ca manque de leaders, c’est une évidence. Ça veut dire que quand Guirado, Mercer, Ouedraogo sont partis, ils n’ont pas été remplacés. Ce n’est pas la faute de cette équipe mais de ceux qui l’ont bâtie.
Les entraîneurs ont hérité d’une équipe délabrée, mentalement à la rue. Les quatre premiers mois ont été terribles (avant l’arrivée du nouveau staff). L’équipe est aussi fragile en termes de qualité de joueurs. Tu n’es pas dans cette situation si tu as des joueurs de caractère. À la limite, ce n’est pas de leur faute. Les mecs qui ont fait cette équipe n’ont pas compris qu’il faut des leaders, des mecs qui passent devant. Ils ont recruté pour recruter.
Il a évoqué l’avenir avec un nouveau cycle. Extrait:
On a douze joueurs en fin de contrat en 2025, donc effectivement, ça peut être un renouveau. On va recruter une dizaine de joueurs à l’intersaison, et peut-être une quinzaine de plus en 2025. Il faut deux ans pour bâtir un effectif.
J’ai toujours eu un discours de vérité avec eux, parfois intime. Ce que je leur dis reste entre nous, mais je leur tiens des vérités qu’on ne leur a peut-être jamais dites. Je suis dur, mais juste. Que 2025 soit peut être un nouveau cycle, je leur ai dit. On ne peut pas être sans arrêt avec un président qui donne des moyens et un club à la traîne. Donc si certains ne jouent pas le jeu, il faut changer de joueurs. J’ai la chance à 60 d’avoir de l’expérience, c’est mon rôle de mettre la pression.
Il confirme que Montpellier est encore à la recherche de deux joueurs pour la saison prochaine. Extrait:
Grosso modo, c’est ça. On a déjà fait signer un centre d’Aurillac (le fidjien Christa Powell, considéré comme Jiff), un troisième demi de mêlée (Alexis Bernardet, Montauban)… On cherche maintenant un dix et un très gros pilier gauche qui nous fera du bien. Le problème, c’est qu’on ne peut pas signer plus d’une dizaine de joueurs car le nombre de nos contrats est bloqué.
Il explique vouloir une équipe de stars mais rappelle que le MHR joue pour le moment le maintien en Top 14. Extrait:
Quand je dis une équipe de stars, je veux dire des joueurs à forte notoriété. Faire venir des stars quand tu joues la descente, sincèrement, c’est compliqué. Aujourd’hui, on n’a pas un recrutement clinquant. On a pris des bons joueurs, la star pour le moment, c’est Joshua Moorby (arrière néo-zélandais des Hurricanes), qui est très bon.
Il nous faut aussi des Jiff, car notre problématique aujourd’hui, c’est que les non-Jiff n’apportent pas de plus-value. L’autre problématique, c’est que les deux piliers qui sont arrivés pour être numéros un (Harry Williams et Karl Tu’inukuafe) ne jouent pas. Des mecs qui étaient troisièmes ou quatrièmes (choix) se sont donc retrouvés bombardés dans l’équipe.
Il rappelle également vouloir développer la formation. Extrait:
Le centre de formation est fondamental. Joan Caudullo fait un travail considérable mais lui aussi hérite d’un truc… On a cinq mecs qui sortent du centre quand Toulouse et La Rochelle en ont quinze. Et quand tu sais que ces jeunes ne sont pas comptabilisés dans tes 43 contrats, ça offre une base élargie de joueurs qu’on n’a pas aujourd’hui, et ça nous punit encore une fois. Il faut énormément travailler à ce niveau-là, mais je me demande ce qu’on fait nos prédécesseurs ? C’est un truc de fou. Donc je m’implique à fond, il n’y a pas un joueur qui signe sans que je ne sois au courant. Mon rôle, c’est de bâtir tout ça.
on voit les limites de cet entraineur qui ne fonctionne qu’avec des stars et que son président nepeut pas répondre a ses demandes comme à TOULON c’est forcément de la faute des autres