Le président de la Ligue Nationale de Rugby, René Bouscatel était l’invité de Sud Radio ce lundi soir.
Ce-dernier a dans un premier temps évoqué la réussite d’Ugo Mola à la tête du Stade-Toulousain.
Il rappelle avoir été celui qui a choisi Ugo Mola pour prendre la succession de Guy Novès en 2015 et il en est très fier. Extrait:
“En 2015, quand Guy Novès est parti, j’ai choisi Ugo Mola. Pourquoi ? Car je le connaissais depuis qu’il était cadet. Il m’avait dédicacé une photo de champion de France Reichel en 1994 où il était en bonne compagnie avec notamment Garbajosa et Castagnède. Je savais qu’il était porteur de la philosophie du jeu du Stade-Toulousain, du jeu debout, du jeu de main. Je lui ai fait une confiance absolue et je ne me suis pas trompé car je crois que mon successeur Didier Lacroix en est complètement ravi.”
Questionné sur le règlement du Salary Cap, il réagit. Extrait:
“Toutes les règles sont faites pour être modifiées. Mais j’ai pris un engagement sur trois ans. Sur trois ans, on fige le Salary Cap. Mais c’est une nécessité. Les budgets sont différents mais les masses salariales sont identiques. Sur 14 clubs, 10 sont à la limite du plafond qui est de 11,7 millions d’euros. Trois flirtent avec et un seul club est en-dessous.”
Il explique également pourquoi la Ligue a lancé très tôt son appel d’offres pour les droits télé du Top 14, de 2027 à 2031. Extrait:
“Lancer la proposition des droits télé, c’est pour avoir une lisibilité. Pour que les présidents aient une lisibilité sur les droits télé qui restent une grosse partie des ressources des clubs. Si nous avons cette lisibilité, je pense que les clubs peuvent mieux se préparer sur des plans à plusieurs années. Donc le prix de réserve a été fixé à 130 millions. On recevra les réponses les 22 et 23 mai. Si les lots sont attribués, ce sera terminé. Sinon il y aura un second tours dans les jours qui suivent. Mais nous trouverons une solution. On veut faire augmenter les droits de manière harmonieuse et équilibrée, de répondre aux besoins des clubs et donner cette visibilité sur le temps.”
Il donne davantage de détails sur les lots proposés. Extrait:
“Le rugby a progressé dans ces 25 dernières années grâce aux droits de diffusion acquis par Canal + et à cette relation presque partenariale. C’est une évidence. Mais maintenant, il faut de la concurrence. On ne peut pas donner un seul lot. Il y a quatre lots, ce sont des packs. Quatre lots différents et on ne sait pas qui sera le mieux sur l’un ou sur l’autre. Ce n’est pas sûr que Canal + gagne tout. Il faut de la concurrence, c’est comme au rugby. Mais pour la première fois, on a inclus dans l’appel d’offre les droits de la Pro D2 car c’est un championnat qui gagne du terrain et qui progresse tous les ans. Cela nous permet de créer une synergie pour les deux divisions et le rugby professionnel. Il y a un lot dans lequel il y a une partie du Top 14 et la Pro D2.
Nous avons fixé un prix de réserve, c’est-à-dire que c’est le minimum pour attribuer les droits. On espère que ce prix montera et qu’il y aura de la concurrence pour faire monter les droits. Mais quand on va chercher trop loin, la chute peut aussi être difficile. Je vois les droits Anglais. Ils diminuent tous les ans. Peut-être car ils n’ont pas construit un produit, une compétition comme la notre, avec des montées et des descentes, une première et une seconde division. Nous nous construisons sur la durée.”
Pour conclure, René Bouscatel répond au président du Rugby Club Toulonnais, Bernard Lemaître, qui n’a pas manqué de critiquer certains choix effectués par la Ligue quant à la gestion du championnat Français. Extrait:
“C’est très simple : la Ligue Nationale de Rugby est la ligue sportive qui est en plein essor régulièrement. Nous avons deux championnats qui sont des modèles. Tout le monde est prêt à le dire : le Top 14 est le meilleur championnat du monde car nous avons des clubs avec la même masse salariale et qui sont en concurrence avec de l’imprévu, du suspense tout au long de l’année. C’est dû à la politique qui est menée. Il est sûr que les grands clubs préféreraient, surtout ceux qui sont adossés à un investisseur principal, abonder un peu moins dans le déficit du club, mais ceux qui vivent d’une économie réelle sont complètement satisfaits.
Si nous n’avions pas de Pro D2… Regardez le championnat Anglais : 12 clubs, pas de montée, pas de descente, pas de Pro D2. Des clubs sont en difficulté. Ils sont à 10. Les droits télé sont à 30 millions. On est loin des chiffres du rugby Français. Nous, ça tient car on a des règles très claires et le produit doit être concurrentiel. Si on pouvait donner plus, la Ligue distribuerait davantage. Mais nous avons une solidarité. Si un club venait à être en difficulté financière, un club de Pro D2 monterait en Top 14, un club de nationale monterait en Pro D2 sans difficulté.
Bernard Lemaitre parle d’un fond d’investissement et on a vu ce que ça donne : en Angleterre, CVC a versé une somme importante aux clubs et les clubs en ont fait ce qu’ils en ont voulu. Conclusion : ils ont 27% en moins de bénéfices à se répartir entre eux. Ils étaient déjà en difficulté et ils rajoutent à cette difficulté le fait d’avoir 27% en moins à se distribuer. En France, on augmente tous les ans la répartition.
Ce sont deux modèles différents. Si on est pour un modèle basé sur des franchises sans montée et sans descente, regardez ce que ça donne dans l’hémisphère Sud et les pays Celtes. S’il n’y a pas de montée et de descente, il y a moins d’actions, il y a moins de public. Le championnat Français est le seul qui arrive à amener des foules, des téléspectateurs tous les ans, on augmente le nombre de spectateurs dans les stades et le nombre de téléspectateurs. Ce n’est pas mal ! On est à plus de 15 000 spectateurs par match en Top 14. On est à près de 6 000 en moyenne en Pro D2. C’est pas mal !”