Montpellier Rugby : Une saison sous le signe de l’absurdie
Le Montpellier Hérault Rugby (MHR) semble déterminé à battre tous les records d’invraisemblance cette saison. Alors que l’équipe lutte pour son maintien en Top 14, les dix derniers jours ont plongé le club dans une spirale d’événements internes aussi surprenants qu’inquiétants. Le barrage de maintien du 16 juin contre le finaliste de Pro D2 (Aix-en-Provence, Vannes, Grenoble ou Béziers) se profile, mais le MHR semble tout faire pour saboter sa préparation.
Une révolte dans les rangs
Depuis la défaite contre Toulouse (22-29) le 18 mai, qui a scellé la 13e place de Montpellier, les joueurs ont déclenché une fronde sans précédent contre le directeur du rugby Bernard Laporte et le manager Patrice Collazo, ainsi que leurs adjoints Vincent Etcheto et Christian Labit. Dès le lendemain du match, les joueurs ont multiplié les réunions privées pour s’unir contre ces figures du staff, dénonçant des dysfonctionnements organisationnels et de management. Le président Mohed Altrad en a été informé directement par les joueurs le dimanche suivant.
Un épisode absurdement révélateur
Un événement survenu avant le match contre Toulouse illustre le chaos ambiant. L’équipe nous informe que la veille de la rencontre, les dirigeants ont découvert que le pilier Karl Tu’inukuafe et le talonneur Christopher Tolofua, recruté comme joker médical de Tu’inukuafe, ne pouvaient pas figurer ensemble sur la feuille de match. En urgence, Gregory Fichten a remplacé Tu’inukuafe, provoquant une hilarité jaune dans le vestiaire.
Des réunions sous haute tension
Le mercredi 22 mai, les joueurs ont exigé une réunion avec le staff et Bernard Laporte pour exposer leurs griefs et proposer des solutions. Malgré un discours se voulant compréhensif de l’encadrement, les joueurs ont constaté le lendemain, lors de l’entraînement, qu’aucun changement n’avait été opéré. Une nouvelle réunion avec le président Altrad s’est tenue dimanche au domicile du président, les joueurs y réitérant leurs critiques, évoquant un management cassant et des décisions contestées, comme le départ forcé de Paolo Garbisi ou l’interview incendiaire de Laporte le 9 mai.
Une situation de plus en plus floue
Lundi, un autre échange a eu lieu entre Altrad, Laporte et quelques leaders du groupe, mais aucune résolution claire n’a émergé. Mardi, les joueurs se sont entraînés sous la supervision de Patrice Collazo et son staff, avec Bernard Laporte observant la séance. Contacté par téléphone, Laporte a nié toute tension avec les joueurs, affirmant qu’il n’y avait “aucun souci” et laissant planer un mystère avec un énigmatique “vous verrez bien ce qui sera annoncé dans les dix jours”.
Le silence du président
Le président Mohed Altrad est resté silencieux, refusant de répondre aux sollicitations journalistiques. Ses intentions envers Laporte, le staff et les joueurs restent inconnues. Le silence radio imposé au sein du club n’a fait qu’accroître le trouble sur les états d’esprit et les motivations des uns et des autres.
Un match sans enjeu… Vraiment ?
Ce samedi, Montpellier affronte Lyon (12e) au GGL Stadium. Sans enjeu mathématique puisque Montpellier est condamné à la 13e place, le match pourrait cependant briser une série de sept défaites consécutives. Mais au vu des récents événements, l’état d’esprit de l’équipe demeure une grande inconnue.
L’incertitude plane sur l’avenir immédiat du MHR, tant sur le plan sportif qu’organisationnel. Une chose est sûre : la saison 2023-2024 restera dans les annales du rugby pour ses rebondissements aussi inattendus que spectaculaires.