Il revient pour une saison 2 ! L’ancien trois-quarts centre international Mathieu Bastareaud (35 ans, 54 sélections) a resigné avec World Rugby Studios pour une deuxième salve d’entretiens intimes avec des stars du rugby, comme rarement on les a vus et entendus.
Lors de la première saison, Basta avait incité Baptiste Serin à se confier au sujet de la santé mentale des joueurs. Il avait reçu Enzo Hervé pour parler de ses racines gitanes et s’était entretenu avec Teddy Thomas qui est justement connu pour fuir les médias.
Quelle est la recette du BastaShow, à voir en exclusivité et gratuitement sur RugbyPass TV ? En un mot : la personnalité avant le sportif.
« Au début, je ne me sentais pas vraiment à l’aise pour le faire », confie Mathieu Bastareaud à RugbyPass, alors que son ami Johnnie Beattie lui avait soumis l’idée d’animer un face à face en vidéo.
« Je venais d’arrêter de jouer à Toulon et j’avais aussi envie de voir autre chose, de proposer autre chose. Après, je n’ai pas la prétention de révolutionner quoi que ce soit, mais j’avais aussi envie qu’on puisse voir des joueurs, des anciens joueurs, comme moi je peux les voir, de l’intérieur, leur côté authentique. Mais pas forcément leur parler que de rugby. Leur vraie personnalité, quoi.
Je ne voulais pas faire des interviews, on va dire sportives, formatées, qu’on a tous l’habitude de lire dans les journaux ou voir à la télé. Je voulais faire quelque chose d’un peu décalé, qu’ils soient à l’aise aussi pour pouvoir se livrer.
Je pense aussi que le fait que je les connais, ça les met à l’aise et ça les rassure. Et on a essayé de créer un climat comme ça. »
Si la première saison a été intégralement tournée à Toulon, là où Bastareaud est manager au RCT au côté de son ami Pierre Mignoni – « on va dire que c’était la facilité », sourit-il – la deuxième saison devrait l’emmener sur d’autres terrains, à la rencontre de ces gloires présentes et passées.
« Dans le choix des invités, je veux des personnes qui aient une vraie personnalité ; une histoire à raconter, pas juste sortir des banalités, un parcours de vie qui peut parler à tout le monde », dit-il.
S’il préfère garder la surprise sur la liste à venir, Mathieu consent à distiller un nom qui lui tient à cœur, une personnalité qui lui fera face au cours des prochaines semaines : Yannick Nyanga.
Car selon lui, l’heure est venue de parler autrement de rugby. « J’ai parfois un peu l’impression qu’aujourd’hui on parle de beaucoup de choses pour noyer les vrais débats, les vrais enjeux », regrette-t-il.
Au premier rang desquels, par exemple, la santé mentale des joueurs, les rythmes infernaux des matchs qui s’enchaînent sur une saison, voire au-delà : les matchs du championnat, les tournées, la Champions ou Challenge Cup, le Tournoi…
« Les voyages, les entraînements, les matchs… C’est vraiment difficile à encaisser, même si on se prépare pour ça », dit celui qui, en tant que manager du RC Toulon, est désormais confronté à cette problématique au quotidien.
Je pense qu’il faut beaucoup plus protéger les joueurs, en tout cas faire beaucoup plus de prévention au niveau des jeunes. L’année dernière par exemple j’ai eu la chance d’entraîner les U18 de Toulon. Ils arrivent avec des étoiles plein les yeux, ils arrivent en équipe première, mais on oublie un peu de leur dire que le rugby ne s’arrête pas au match du samedi diffusé sur Canal Plus.
Il y a plein de choses difficiles à appréhender et je pense qu’il faudrait faire un effort pour bien préparer nos jeunes. Physiquement mais aussi mentalement parce qu’une carrière peut être très courte ou très longue. C’est un combat de tous les jours. »
Doit-on aujourd’hui parler du rugby différemment ? Prendre plus en considération les à-côtés, alors que l’on semble mettre la performance en premier ?
« Pour moi, le rugby a toujours été un sport différent et il faut quand même garder ce côté humain », reprend Mathieu Bastareaud. « On reste un sport où on garde les pieds sur terre.
On le voit, c’est un sport qui évolue, ne serait-ce qu’avec les règles. Chaque année il y a de nouvelles règles pour rendre le jeu plus attractif aux diffuseurs, aux supporters. Mais il faut arriver à trouver cet équilibre avec les joueurs aussi.
Il y a des scores hauts, beaucoup de jeu, pas beaucoup de mêlées, plus de temps de jeu effectif, moins de temps morts… C’est très bien pour les diffuseurs. Ça va attirer les jeunes, c’est un sport attractif. Mais au niveau de la santé des joueurs, c’est là où il faut être vigilant.
On le voit dans le Super Rugby qui est un peu le laboratoire des nouvelles règles. On veut moins de phases statiques parce qu’il y a moins de personnes qui connaissent le rugby et qui le regardent. Ils ne comprennent pas pourquoi le jeu s’arrête, pourquoi il y a des temps morts. Mais il faut rester vigilant sur l’intégrité physique des joueurs. »