L’ailier de Clermont, Joris Jurand s’est longuement confié via Midi Olympique pour évoquer sa carrière.
Dans un premier temps, il exprime son envie de marquer le plus d’essais possibles. Extrait:
J’ai toujours aimé marquer, même quand j’étais jeune. Mon objectif de chaque match était de passer derrière la ligne. À Brive, j’avais un peu moins de bons ballons qu’à Clermont donc je marquais un peu moins. Mais cette année, je joue avec une équipe extrêmement puissante devant qui libère les espaces derrière. Fatalement, que ce soit moi, Bautista (Delguy) ou Alivereti (Raka), on se tient tous en termes d’essais. On a vraiment cette volonté de marquer le plus d’essais possibles. On a tous les trois cet instinct de marqueur.
Je suis d’accord avec Christophe Urios. Un ailier qui ne marque pas ne sert pas à rien, mais presque. Parce qu’on est là pour cela, on doit sentir et finir les coups. On essaie au maximum de concrétiser la domination de notre équipe. Mais j’aurais préféré ne pas marquer contre les Sharks, qu’on ne parle pas de moi, mais qu’on gagne !
Cette saison, il n’a joué qu’une seule fois au poste d’arrière. Il explique pourquoi. Extrait:
Christophe Urios m’avait effectivement dit qu’il m’utiliserait beaucoup à l’aile, notamment en début de saison. J’ai été un peu perturbé par les blessures et avant ce match à La Rochelle j’avais du mal à revenir, physiquement et mentalement. J’ai subi des critiques, c’était assez dur. J’espère rejouer à l’arrière pour effacer ce match à La Rochelle et qu’on ne retienne pas uniquement cette prestation de ma part.
Il ne cache pas avoir été catastrophique contre La Rochelle. Extrait:
C’était un jour sans. On s’est trompé dans l’approche du match, on en a discuté avec le staff. Par contre j’ai été catastrophique, je n’ai aucun problème à le dire. Je vaux mieux que cela et je n’ai pas envie que le public ait cette image de moi à ce poste.
Il explique ensuite préférer jouer à l’arrière avec Brive et à l’aile avec Clermont. Extrait:
Sans être péjoratif, je préfère être arrière à Brive et ailier à Clermont ! Au CAB j’avais la chance de relancer beaucoup de ballons et de jouer avec une grande liberté, et à l’ASM j’adore ce côté finisseur tout en étant attiré par la ligne d’en-but. Le système de Clermont est fait pour que les ailiers marquent beaucoup, je pense à Napolioni Nalaga, Aurélien Rougerie ou Damian Penaud notamment.
Il explique également sa décision de rejoindre Clermont l’été dernier. Extrait:
Quand Clermont m’a sollicité, je n’ai pas hésité très longtemps. La rencontre avec Christophe Urios s’est très bien passée et surtout, j’avais un énorme souvenir de l’ASM. En 2010, lorsqu’ils ont été champions, ils sont venus avec le bouclier de Brennus à Eygalières (Bouches-du-Rhône), la ville de René Fontès, l’ancien président de l’ASM. J’y étais allé et j’étais vraiment impressionné !
Mes espérances à Clermont ? La première était de jouer au Michelin avec les supporters de mon côté, parce que j’ai souvent pris quarante points ici (rires). Ensuite, je voulais marquer, faire des bons matchs et jouer avec mes qualités. Le public clermontois attend du spectacle et on leur doit de répondre présent. C’est attirant ! Et quand on n’est pas bon on se fait taper sur les doigts, c’est normal, tant que cela reste dans le respect.
Il a rapidement compris que la concurrence allait être rude avec Raka et Delguy. Extrait:
Que ce serait dur ! Ce sont deux joueurs internationaux et des références en Top 14. Ils me tirent vers le haut, on s’entend très bien dans le groupe et cela reste une relation saine. Et finalement, la saison se passe plutôt bien pour moi !
Dans la foulée, il affirme avoir mis du temps à s’adapter à Clermont. Extrait:
J’ai mis du temps à pleinement m’intégrer parce que c’est ma personnalité. J’ai besoin de voir comment sont les gens en profondeur, mais j’ai peut-être un caractère bizarre certaines fois (rires). Je suis sorti de mon cocon à Brive, ce n’était pas simple, mais je me libère sur cette fin de saison !
Il confirme être un gros chambreur. Extrait:
Effectivement ! Notamment Baptiste Jauneau et Léon Darricarrère qui sont mes petites têtes de turc (rires) ! On en profite parce qu’ils sont jeunes et avant qu’ils deviennent les leaders de Clermont ! Plus sérieusement, ils sont incroyables et ils ont une carrière énorme qui les attend. Globalement, tous les jeunes à l’ASM ont gardé cette notion de respect et il y a une alchimie parfaite. On a tous vécu des choses différentes mais le groupe grandit, et la victoire de Castres en est le témoin. Il y a quelques mois, je ne pense pas qu’on l’aurait gagné.
Il ne cache pas avoir été un fan de Toulon, plus jeune, avec notamment la génération Wilkinson. Extrait:
J’étais un fan de Toulon parce que j’ai été marqué par la génération de Wilkinson, Giteau etc. On baignait dans cette atmosphère, ils faisaient souvent des délocalisations chez nous. En plus, le RCT était partenaire de mon club, Saint-Rémy-de-Provence. J’avais d’ailleurs fait une détection quand je jouais en première série. J’avais passé une journée avec les Espoirs, mais Toulon n’avait pas donné suite parce qu’il y avait beaucoup de joueurs avec mon profil. Ils avaient vu un potentiel mais pas de là à me faire signer. À partir de là, je suis allé à Aix-en-Provence après une expérience en Fédérale 2. J’y allais pour tenter une aventure un peu « one shot » et au finale cela m’a réussi.
Il raconte sa folle évolution. Extrait:
Il y a dix ans je jouais une finale de Fédérale 2 et il y a quelques semaines, je me suis retrouvé à jouer une demi-finale de Challenge Cup face aux Sharks. Je regardais les Etzebeth, Mbonambi et consorts à la télévision il y a cinq mois… C’est dingue.
Je n’y pensais absolument pas, mon fils venait de naître, et puis je ne devais pas jouer le match. Alivereti Raka s’est finalement blessé, et donc je suis allé à Londres avec la même optique que si je jouais dans mon jardin avec mes amis (rires). Après, quand j’ai vu les Sud-Africains dans le couloir, j’ai compris ! J’étais à côté de Makazole Mapimpi et je me suis dit « je n’ai pas intérêt à passer pour une pipe ». Et à l’arrivée on a fait un match costaud où personne ne nous attendait vraiment.
Cette rencontre m’a fait un bien fou dans la tête ! Même si on avait gagné contre les Sharks, on aurait basculé avec le même état d’esprit à Perpignan. On est allé à Aimé-Giral pour mettre le feu et on n’avait rien à perdre ! L’Usap a craqué, peut-être à cause de la chaleur, dans une ambiance spéciale que j’affectionne. Et même s’il y a eu quelques débordements, on reste loin de la finale de Coupe de France avec les péages brûlés !