L’ailier Mathieu Acebes va quitter l’USAP dans les jours à venir.
En fin de contrat avec Perpignan, ce-dernier ne sera pas conservé par les dirigeants du club Catalan.
Interrogé via L’équipe, ce-dernier exprime ses émotions. Extrait:
Ça fait un peu bizarre de me dire que ce sont mes derniers entraînements à Aimé-Giral, c’est quelque chose pour moi ce stade, j’ai passé huit ans extraordinaires ici. Je suis attaché aux choses donc je suis attaché à ce stade, j’y ai vécu des choses particulières. Le temps est passé si vite, mais qu’est-ce que c’était bon ! Tu te sens vivant ici. Dans la défaite comme dans la victoire, c’est fort.
Je ne connaissais pas ce côté-là des Pyrénées, je viens du Sud-Ouest (il avait commencé sa carrière professionnelle à Bayonne, sa ville natale, avant de jouer à Auch puis à Pau). J’avais des mauvais a priori de Perpignan et je me suis complètement trompé.
Il explique comment il s’est retrouvé à Perpignan. Extrait:
Quand je quitte Pau, c’est un gros déchirement. Pau, c’était le club de mes rêves, de mon enfance, quand j’allais voir mon cousin jouer au Hameau et j’avais vraiment envie d’y faire carrière. Je suis parti plus par contrainte que par choix mais finalement, tu te dis que la vie est bien faite parfois. Elle m’a porté vers quelque chose qui m’a amené beaucoup. Ça a été le plus beau choix de ma carrière au final de venir à Perpignan. Ce club et cette ville ont changé ma vie.
Il indique avoir toujours tout donné pour l’USAP. Extrait:
J’ai eu un début de saison difficile avec de grosses blessures à un mollet et la deuxième partie de saison, je marque onze essais en six. Et c’était parti ! Au Boucau quand j’étais petit, à Biarritz, à Bayonne, à Auch, à Pau, j’ai toujours eu cette même ligne conductrice, toujours donner le meilleur de moi-même et je pense que les gens ici s’en sont rendu compte.
Il analyse ensuite sa carrière. Extrait:
Il y a eu des moments compliqués mais dix-huit ans au plus haut niveau, quand je me retourne, je me dis : ”waouh”. Si on m’avait dit ça au début de ma carrière… Après c’est la nature humaine de passer par des états d’âme, avoir des sentiments de remise en question, de doutes, de mal-être. C’est aussi comme ça que tu construis tes meilleurs sentiments de bonheur, de joie… Ce que tu vis dans ta carrière, c’est un condensé de la vie. Et tu prends un shot d’adrénaline pendant 18 ans, c’est puissant.
Il n’a aucun doute que le rugby en tant que joueur va énormément lui manquer. Extrait:
Il faut être fou pour penser le contraire. Tu as beau préparer toute la reconversion que tu veux, tu as beau avoir une super situation après le rugby, il te manquera l’essentiel… Il faut te reconstruire, retrouver un nouvel équilibre. Entre 18 et 37 ans, tu as vécu les plus belles émotions de ta vie, peu importe ce que tu fasses après. Dans une carrière normale hors rugby, tu gravis les échelons pour monter en haut à la fin. Là, tu montes en haut tout de suite pour après redescendre. Ce sera difficile, ça l’est pour tout le monde, je ne serai pas le premier, pas le dernier donc il faut se dire que ce sont des étapes qu’il faut affronter.
Pour l’heure, Mathieu Acebes n’a pas pris de décision quant à son avenir. Extrait:
Honnêtement, je n’ai pas décidé encore. Je ne suis pas tout seul, c’est une décision qui se prend en famille. Mais je le prends avec légèreté. Ce sera à l’opportunité qui me plaît. J’aime les choses qui ont du sens. Partir pour partir… J’ai refusé des clubs car ça n’avait aucun sens pour moi. Je suis quelqu’un qui marche à l’affect et au sens des choses. Si je dois aller sur un autre projet, c’est que ça aura du sens pour moi (Biarritz fait partie des clubs qui l’ont approché).
Il affirme être attiré par le rôle d’entraineur. Extrait:
Oui, ça me branche. Je passe mon diplôme en ce moment. Je suis quelqu’un qui a une forte personnalité et j’ai envie de transmettre avec mes convictions.
Il se dit très fier de pouvoir partir de l’USAP avec un maintien. Extrait:
C’est une grande fierté. Quand je suis arrivé ici, on était dernier de Pro D2, il y avait 4 000 personnes dans le stade. Huit ans après, on est maintenu directement et aux portes de la qualification, donc quelle meilleure sortie pourrais-je avoir ?
Il raconte ensuite ses bons et ses mauvais moments avec l’USAP, avec les montées et les descentes bien évidemment. Extrait:
Cette descente en 2019 est très dure. Mais la saison suivante aussi avec le Covid qui arrête tout alors qu’on est en lice pour remonter. La reconstruction de ce club, les premières années que je vis en Pro D2, ce sont des moments de lutte, où il faut tenir un groupe, des ego. Il fallait s’accrocher.
Ça fait partie des belles choses, ces titres en Pro D2 en 2018 et en 2021 puis le retour durable en Top 14. Le projet a été construit intelligemment. On a surtout eu la chance d’avoir un esprit de groupe magnifique. On est encore un retard sur les infrastructures et sur beaucoup de choses dans ce club donc ce qu’on est capable de réaliser depuis quelques années en Top 14, c’est stratosphérique. J’aime cette honnêteté qu’il y a entre nous. C’est ce qui a sauvé le groupe. Je me souviens encore l’année dernière quand on était dernier, on vit une grosse crise, le groupe a réagi et répondu présent pour sauver le club. Dans d’autres endroits, le club aurait explosé en mille morceaux.
Il est ensuite revenu sur sa suspension de 9 matches pour avoir eu un mauvais geste sur Jonathan Danty. Extrait:
À partir de ce moment-là, ça a été un peu… (il hésite) Disons plus difficile pour moi ici au club, dans les jugements, dans tout… Quand tu es jugé par les supporters des autres clubs, c’est une chose, mais quand tes propres supporters, en tout cas certains, te discréditent, c’est difficile, surtout quand tu as donné autant pour ce maillot, quand tu es intègre. Tu as envie de leur dire : ”oh, viens prendre mes crampons et on va voir…” Mais tu vis dans une société aujourd’hui où tout le monde a la parole et écrit ce qu’il a envie d’écrire. C’est la cour des miracles quand même !
Je me suis bouché les oreilles et je suis resté près de mes proches, des gens qui m’aiment, mais qui m’aiment vraiment. C’est un milieu où il y a beaucoup de jalousie, tu es envié car tu es joueur de rugby. Moi, honnêtement, quand j’ai décidé de faire du rugby, petit, jamais je n’aurais pensé que je gagnerais ma vie avec le rugby. Je ne l’ai pas fait pour gagner de l’argent mais on est dans cette société de starisation, de l’image, de contrat. Je n’en ai rien à faire moi de tout ça, je ne demande rien à personne donc quand on m’est tombé dessus à ce moment-là, dans un moment dur de ma carrière, je l’ai mal vécu.
Quand tu suscites de la réaction, en bien ou en mal, c’est que tu représentes quelque chose. Bien sûr que j’en ai joué, je m’en suis régalé même. Et ce n’est jamais allé trop loin, je n’ai pas le souvenir d’un stade où c’est parti en vrille. Je l’ai pris comme un jeu, j’espère que les supporters adverses aussi.