Une soirée de mars 2017 à Bordeaux a viré au drame, avec cinq anciens joueurs de Grenoble accusés de viol en réunion sur une étudiante. Le procès, qui commence ce lundi devant la cour d’assises de la Gironde, promet de mettre en lumière des questions délicates autour du consentement et des responsabilités.
Ce vendredi, Midi Libre revient sur cette affaire et donne quelques précisions.
Une nuit d’excès
Les faits remontent à une soirée post-match à Bordeaux. Après avoir affronté l’Union Bordeaux Bègles en Top 14, les joueurs de l’AS Grenoble Rugby ont continué leur soirée dans un bar, puis en discothèque, avant de rejoindre leur hôtel. C’est là que la situation a dégénéré.
Une victime amnésique
La victime, une jeune étudiante aujourd’hui âgée de 27 ans, a déclaré ne plus se souvenir de ce qui s’est passé après avoir quitté la discothèque en taxi avec Denis Coulson. Selon les analyses toxicologiques, elle avait entre 2,2 et 3 grammes d’alcool par litre de sang. Des images de vidéosurveillance montrent qu’elle tenait difficilement debout à son arrivée à l’hôtel, soutenue par Coulson.
Des scènes insoutenables
Vers 7 heures du matin, la jeune femme se réveille nue, avec une béquille introduite dans son vagin, entourée de plusieurs hommes. Les enquêtes ont révélé des actes sexuels multiples, filmés par Coulson, et l’utilisation d’objets comme des béquilles et une bouteille.
Le consentement en question
Les accusés – Denis Coulson, Rory Grice, Loïck Jammes, Chris Farrell et Dylan Hayes – maintiennent que les relations étaient consenties. Leurs avocats mettent en avant l’état d’ébriété généralisée et questionnent la notion de consentement sous influence.
Débats juridiques intenses
Pour Me Anne Cadiot-Feidt, avocate de la victime, le procès doit aborder la responsabilité des agresseurs dans l’appréciation du consentement, et non uniquement celle de la victime. “On se pose souvent la question du consentement de la victime, et pas du tout de l’appréciation du consentement par les agresseurs“, souligne-t-elle.
Un climat tendu
La défense, représentée notamment par Me Corinne Dreyfus-Schmidt, insiste sur l’influence de l’alcool et critique le climat social post-#MeToo, qu’elle juge peu propice à une compréhension équitable des faits. “Ce n’est pas le procès de rugbymen violeurs, c’est le procès de l’alcool”, affirme-t-elle.
Un problème de société
Me Cadiot-Feidt dénonce un “niveau de tolérance important” vis-à-vis des violences sexuelles, même dans des milieux avec des chartes éthiques comme le rugby. “Pour beaucoup encore, la femme n’a qu’à pas sortir, elle n’a qu’à pas boire, elle n’a qu’à pas se mettre dans cette situation-là“, déplore-t-elle.
Conclusion
Le procès, qui se tient jusqu’au 28 juin, est suivi de près par le monde du rugby et au-delà. Il soulève des questions cruciales sur le consentement, l’alcool, et les comportements au sein du sport. Les débats promettent d’être intenses et lourds de conséquences pour toutes les parties impliquées.