Le troisième ligne du Stade-Français Paris, Romain Briatte s’est confié via Midi Olympique pour évoquer la fin de sa saison avec Paris et sa nouvelle aventure avec le groupe France.
Dans un premier temps, il explique comment il a appris qu’il allait être convoqué en équipe de France pour la première fois, à 31 ans. Extrait:
En fait, tout de suite après la défaite en demi-finale contre Bordeaux, j’ai pris mon téléphone portable en rentrant au vestiaire pour envoyer un message à mon épouse et un autre à mes parents. Et j’ai vu que j’avais un appel manqué de Laurent Sempéré. Là, je me suis fait plein de films (rires). Et quelques secondes après, il m’a envoyé un SMS pour me dire : “Rappelle-moi dès que tu peux”. Autant vous dire que c’est le premier que j’ai appelé (rires). Je voulais en avoir le cœur net. Et il m’a appris la bonne nouvelle.
Ça a été un choc émotionnel très fort, très puissant. Je ne savais plus où j’habitais. J’étais ailleurs. Deux minutes plus tôt, j’avais des larmes de tristesse. Et en trente secondes, elles s’étaient transformées en larmes de bonheur. Je me suis vraiment effondré. J’ai appelé ma femme, mais les mots ne sortaient pas de ma bouche. Même encore aujourd’hui, j’ai du mal à réaliser que je suis à Buenos Aires avec le XV de France.
Il savait depuis février qu’il était suivi par le staff du XV de France. Extrait:
Pour être transparent, dès le mois de février, Laurent Sempéré m’avait laissé entendre que je faisais partie des joueurs suivis pour potentiellement faire la tournée, en fonction de notre fin de saison avec le Stade français. Ça s’est un peu plus concrétisé au cours des mois d’avril et mai. Et voilà… À ce moment-là, je me suis mis en mode “mission”, c’est vrai. Je me suis dit : “C’est maintenant ou jamais”. Et j’ai essayé de mettre toutes les chances de mon côté.
Mais la confusion des sentiments a été incroyable. Face à Bordeaux, c’était ma première demi-finale de Top 14. C’était aussi la première fois que je jouais devant 40 000 spectateurs. Et à 31 ans, je suis appelé pour la première fois en équipe de France. Tout ça dans un laps de temps de quatre heures. J’ai vécu une folle soirée.
Il ne pensait pas forcément être encore en mesure d’être appelé par les Bleus à 31 ans. Extrait:
Franchement… (il souffle longuement) J’ai toujours tout fait pour donner le meilleur de moi-même. J’ai parfois espéré en arriver là, mais je ne m’y attendais plus trop. Pour être honnête, j’avais tiré un trait définitif sur mes espoirs. Quand je vois tout le potentiel du rugby français, tous ces jeunes qui brillent chaque week-end sur les terrains de Top 14 et de Pro D2, j’avais fini par me faire une raison. Inutile de se mentir. Surtout que je ne suis pas passé par les équipes de France jeunes quand d’autres franchissent toutes les sélections une à une. J’ai toujours été focalisé sur mon avenir en club.
Cette sélection va repousser les vacances de la famille Briatte. Extrait:
J’ai la chance d’avoir une femme formidable et organisée. Pour être honnête, nous avions réservé notre séjour au Brésil du 3 au 26 juillet. On a finalement réussi à décaler du 17 juillet au 10 août. Et heureusement, ma belle-mère, qui vit au Brésil, a accepté de venir aider mon épouse à gérer nos trois enfants pendant mon absence. Mais ce n’est que du bonheur, même si en rentrant d’Argentine, je vais reprendre l’avion dans l’autre sens pour repartir à Rio. Pour nous, c’est aussi important car mon épouse est brésilienne et nos trois enfants vont découvrir le pays de leur maman.
Il ne pense pas être un OVNI mais un joueur de l’ombre. Extrait:
Je n’en sais rien (rires). J’ai toujours essayé d’avancer dans la rigueur, la discipline, le travail. Je n’ai pas de super pouvoir, je ne suis pas un facteur X. Je suis quelqu’un de l’ombre, qui s’est construit par le travail. Je n’avais pas de talent particulier, mais j’ai été éduqué à l’ASM avec cette idée que le travail paie. Je suis passé aussi par Aurillac, par le Pro D2, qui est une belle école d’humilité. Ce n’était pas simple tous les jours. Je ne connais pas grand monde qui a envie de jouer là-bas. Mais j’ai eu aussi la chance de croiser les bonnes personnes pour m’accompagner sur ce chemin.
Il explique ensuite que tout se passe bien au sein du groupe France. Extrait:
J’ai été super bien accueilli, très vite intégré. Je suis tombé sur un coquin en la personne de William Servat qui devait connaître mon goût prononcé pour la chanson et qui m’a mis au défi de chanter à l’ambassade de France, ici à Buenos Aires. Ce n’est pas une surprise pour les supporters du Stade français qui savent que je suis capable de prendre le micro à la bodega pour ambiancer les soirées d’après-match. William a été bon et j’avoue que ça m’a bien fait marrer. Pour moi, c’est aussi ça le rugby : faire de nouvelles rencontres, partager de bons moments et vivre sa passion à fond. En plus, le groupe est très jeune, ça me fait du bien. Mais je n’en oublie pas l’objectif majeur : repartir d’Argentine avec le maximum de victoires.
S’il est l’un des plus vieux du groupe France, il indique vouloir rester à sa place. Extrait:
Sur ma carte d’identité, je suis un des plus anciens. Mais je découvre le niveau international. J’essaie donc de rester à ma place, d’engranger le maximum d’informations, ce qui n’est pas simple à mon âge (rires). En très peu de temps, j’ai eu beaucoup de choses à assimiler : les plans de jeu, les combinaisons en touche… Je ne me sens pas encore suffisamment bien adapté pour endosser un rôle de leader. En revanche, pour ce qui est de l’envie et de la détermination, le staff sait qu’il peut compter sur moi. Je vais prendre tout ce que je peux prendre.
Il espère vraiment pouvoir jouer au moins un match. Extrait:
Je rêve de rentrer à la maison avec une cape. Surtout, je me répète, je ne veux rien regretter. Je prendrai tout ce que l’on voudra bien me donner.