Arrivé en France sur les cendres encore fumantes des Jaguares, l’éphémère franchise argentine intégrée au Super Rugby, Juan Cruz Mallía a débarqué à Toulouse sur la pointe des pieds.
C’était en janvier 2021. « Juanchi » avait 24 ans, était un néo international (6 sélections à l’époque) et débarquait à Toulouse sur la pointe des pieds.
Sa signature ressemblait à une opportunité de marché pour les « rouge et noir », en quête d’un joker médical pour pallier les absences conjuguées de Thomas Ramos, Romain Ntamack (retenus en équipe nationale), Lucas Tauzin, Arthur Bonneval et Pita Ahki.
Son contrat initial, pour une durée de six mois, a vite été prolongé. Dès juillet 2021 et la fin d’une saison terminée sur un doublé Brennus / Champions Cup, Mallía paraphe un nouvel engagement, encore prolongé en 2023 (jusqu’en 2026).
L’Argentin fait désormais partie des premiers noms couchés sur la feuille de match par le manager toulousain Ugo Mola, que ce soit à l’arrière, à l’aile, au centre, ou même à l’ouverture. Ah, il peut buter aussi à l’occasion.
Une polyvalence extrême et rare à ce niveau, tant le joueur peut évoluer à différents postes sans baisse d’influence ou de rendement. Durant cette saison conclue par deux titres (Champions Cup et Top 14), Mallía a endossé tous les rôles avec la même efficacité.
Dans une interview téléphonique accordée au média argentin La Nación, le joueur, laissé au repos pour la tournée des Bleus sur les rives du Rio de La Plata au contraire de son coéquipier en club Santiago Chocobares, a confié pourquoi il s’était parfaitement intégré à ce collectif ultra performant, à l’image de la raclée collée en finale de Top 14 à l’UBB (59-3).
« Ici, tu viens pour être champion »
« Quand je suis arrivé, j’ai eu une discussion avec les entraîneurs, qui m’ont demandé mes objectifs. Gagner ma place, me montrer… Ils m’ont répondu ‘ça, c’est l’attitude à avoir, mais ajoutes-y une chose : ici tu viens pour être champion. Tout ce que tu dois faire, c’est gagner et terminer champion’ ».
Le message a été plutôt bien reçu par le joueur, sacré trois fois champion de France (2021, 2023, 2024) et deux fois champion d’Europe (2021, 2024) depuis qu’il revêt la tunique « rouge et noir ».
Mallía a sa part de responsabilités dans ces succès. Il était titulaire dès les finales de 2021, et cette année, il a participé à toutes les rencontres à fort enjeu, au niveau national ou continental, quand des joueurs-cadres se sont retrouvés sur le banc à cause de l’énorme concurrence qui règne à Toulouse. Demandez donc à Thomas Ramos, cantonné au banc lors des phases finales de Coupe d’Europe.
Le joueur originaire de Córdoba, 700 km à l’ouest de Buenos Aires, voit d’ailleurs dans la philosophie toulousaine une des parties des succès du club.
« Ici (à Toulouse, ndlr), on ne considère pas les erreurs de la même manière. Elles font partie de l’apprentissage, surtout à l’entraînement, mais aussi en match. En Argentine, on sanctionne beaucoup les erreurs, ce qui inhibe. Ici, elles sont totalement possibles. Les entraîneurs valorisent beaucoup l’intention. Cela vous permet de progresser. Sinon, vous ne savez pas jusqu’où vous pouvez aller. Cela contribue à repousser les limites. »
À 27 ans, Mallía ne les a sûrement pas atteintes, ses limites. « À l’aise dans le groupe et sur le terrain », l’arrière polyvalent sent qu’il a « beaucoup progressé » depuis qu’il a rejoint la Ville rose. « Le club m’a aidé à grandir. L’envie d’être là m’a motivé à faire les efforts nécessaires pour élever mon niveau de jeu. »
Sous contrat avec le Stade jusqu’en 2026, et bien qu’il juge que les installations toulousaines « ne sont pas les meilleures d’Europe » , ‘Juanchi’ Mallía sait qu’il a tout ce qui faut au pied du Capitole pour continuer à s’améliorer individuellement et par ricochet, à rendre les Pumas meilleurs d’ici la Coupe du Monde 2027, le prochain objectif du joueur avec sa sélection. D’ici là, il a le temps d’empiler quelques trophées supplémentaires avec son club.
Via Rugby Pass