Le sélectionneur du XV de France, Fabien Galthié s’est confié via Midi Olympique pour évoquer le calvaire vécu en Argentine avec l’affaire Jegou – Auradou.
Le technicien Français est revenu dans les détails sur cette sordide affaire.
Il explique comment tout a commencé, le lundi 8 juillet dernier. Extrait:
“J’étais avec Mathieu Brauge (le team manager du XV de France) et William Servat. Et là, c’est… (il marque une pause, ému) Les policiers sont arrivés, nous ont demandé les passeports d’Oscar et Hugo. La direction de l’hôtel nous a mis à disposition un local, où nous sommes restés enfermés pendant trois heures pour essayer de comprendre ce qui se passait. Au fur et à mesure de ces trois heures. J’ai beaucoup écouté Oscar et Hugo, ce qu’ils avaient à dire.”
L’échange avec les policiers n’a pas été simple en raison de la langue. Extrait:
“Ce n’était pas simple, parce que les policiers parlaient en espagnol, sans traducteur. Mathieu (Brauge) le parle, William (Servat) qui était venu avec nous, aussi. Comme je vous l’ai dit, on a découvert au fur et à mesure ce qui se passait. C’est difficile de détailler ces trois heures-là.”
Il indique avoir ressenti ses deux joueurs très surpris par la situation. Extrait:
“Je ne suis pas dans leur tête, c’est dur d’en parler. J’ai vu deux personnes très surprises. Mais je ne suis pas dans leur tête.”
Fabien Galthié connait très bien David Auradou, le père d’Hugo Auradou. Il a beaucoup pensé à sa famille. Extrait:
“Il est évident que j’ai beaucoup pensé à son papa, à sa maman que je connais très bien. Je pense toujours à eux… Puisque vous l’évoquez, je veux bien en parler. Ils sont arrivés le vendredi soir, oui. Mais j’ai toujours été en lien avec eux. Quand Oscar et Hugo sont partis au commissariat, j’ai prévenu immédiatement les familles. J’ai appelé David (Auradou), ensuite Marie (son épouse). J’ai eu Marie en premier car David dormait. Et j’ai téléphoné aussi au papa d’Oscar. C’est la première chose que j’ai faite. C’était la nuit, en France. J’ai pensé à leur douleur… (long silence) Je me devais de le faire. C’est mon rôle.”
Tout s’est alors enchaîné. Extrait:
“Heureusement le président de la Fédération Florian Grill et son vice-président Jean-Marc Lhermet sont arrivés le lundi soir, quelques heures après qu’Oscar et Hugo ont été transférés au commissariat. Entre-temps, nous avions bien avancé avec Agustin Pichot et Rodrigo Roncero qui nous avaient trouvé un avocat. Ils nous ont expliqué aussi le contexte en Argentine, la façon dont ça allait se passer. Puis, Florian et Jean-Marc ont repris la main. Et… Nous avons essayé de basculer sur le déplacement en Uruguay et la gestion des joueurs qui devaient rester en Argentine.”
Il a ensuite convoqué le groupe France pour faire le point. Extrait:
“Nous sommes un staff, nous avons une organisation. Dès l’instant où les joueurs ont été conduits au commissariat, j’ai informé l’ensemble de la délégation. Nous avions une réunion programmée à 19h00 qui devait être le débrief du premier match. Nous devions le faire uniquement avec la délégation partant en Uruguay le lendemain. J’ai finalement convoqué l’ensemble du groupe pour partager l’information.”
En apprenant la nouvelle, les joueurs ont souhaité passer du temps ensemble pour rester soudés. Extrait:
“J’ai interrogé les joueurs sur ce qu’ils souhaitaient faire. Je leur ai laissé le choix de faire tout de même le débriefing ou tout autre chose. Nous avons fait une pause. Et Baptiste Couilloud est venu me voir pour me dire : “On ne peut pas travailler, mais on veut passer du temps ensemble.” Nous sommes restés ensemble jusqu’à 22h00/22h30. Nous avons dîné et ensuite les gars ont partagé du temps ensemble. Nous avons beaucoup échangé. Et là, sont arrivés Florian Grill et Jean-Marc Lhermet vers 23h30 avec qui nous avons travaillé jusqu’à environ deux heures du matin.
Le lendemain matin, tout le monde s’est mis au travail pour mettre en place le meilleur accompagnement possible pour nos deux joueurs. Il y avait là la FFR, Rodrigo Roncero, l’avocat argentin. De notre côté, nous sommes partis vers 9h00 pour rejoindre l’Uruguay.”
Pour conclure, il indique avoir une intime conviction concernant cette affaire, mais ne souhaite pas la partager. Extrait:
“Je n’ai pas de sentiment à partager à ce niveau-là. Je suis ferme là-dessus. Nous mettons tout en œuvre, avec la FFR et les différentes institutions, pour aider la justice argentine à bien faire son travail. Oui, j’ai une intime conviction, bien sûr. Aidons la justice argentine à bien travailler. Le plus puissamment possible. Le plus fermement possible. Et le plus justement possible.”