L’ancien joueur emblématique du Rugby Club Toulonnais, Daniel Herrero s’est confié dans les colonnes du journal régional Var-matin.
Ce-dernier a notamment parlé de son amour pour le rugby et pour le XV de la Rade.
Il explique comment il est tombé dans la marmite.
Il avait 5 ans. Extrait:
À 5 ans, je vais voir jouer mon frère chez les cadets de Toulon. Je rentre dans le stade du RCT. C’est vite un temple pour moi. Je vais tout le temps garder l’idée que c’est dans cet antre-là que je construis ma manière d’être au monde. Je ne sais pas bien pourquoi je vais porter ce maillot avec tant de joie.
Mais ça m’habite, car je suis tellement heureux d’être de Toulon, et tellement heureux d’être dans ce monde sacré, ce temple magique. C’était ma maison légitime, où je pouvais être authentiquement Toulonnais. Mais je ne me suis pas dit: “Je suis Toulonnais.” Je me suis dit, de façon un peu prétentieuse: “Je suis Toulon.
Il raconte ensuite le style de joueur qu’il était. Extrait:
Moi, je ne me suis jamais senti allergique à aucun des secteurs de jeu. Assez tôt, jeune, on m’a d’ailleurs fait jouer demi de mêlée. En équipe première aussi. On m’a même mis au centre. Ce que je sais, c’est que je jouais à un poste dominant: troisième ligne. C’est l’absolu du tout, tu peux tout y faire, avec un seul amour: la balle. Et moi, on me pose là. Ce poste va m’offrir l’idée de l’universel. C’est là où j’étais invité avec le moins d’interdits. Mais, le truc, c’est que je suis Toulonnais. Et on m’a fait comprendre qu’il y a des choses qu’on ferait, d’autres non. (rires)
Il ne manque pas de parler de l’évolution du rugby. Extrait:
Les joueurs d’aujourd’hui n’ont pas énormément de différences avec ceux que j’ai entraînés. L’espèce bouge, mais bouge peu, même si le jeu de rugby a subi quelques percussions qui l’ont un tantinet transformé. De fait, il en a subi une grosse. Et c’est le champ moral qui a été touché. À partir de l’an 2000, il y a eu un changement de loi: on sera rugbyman pour réussir sa vie. Le statut professionnel, qui a mûri lentement mais sûrement depuis les années 1960, touche un peu l’âme. Les rugbymen sont toujours aussi sociables. Mais ils sont pros. Ils sont mercenaires au sens propre du terme, car ils vont jouer pour ceux qui les payent. Le rugby, lui, souffre, mais reste un jeu sublime.
Interrogé sur les affaires qui ont éclaté en Argentine et qui ont sali l’image du rugby Français, Daniel Herrero réagit à sa manière. Extrait:
Je vois avec une forme d’inquiétude les choses d’aujourd’hui. La jeunesse est turbulente, et c’est l’une de ses richesses. Mais, entre la turbulence et l’espièglerie, il y a des proximités. Et entre l’espièglerie et la bêtise, ça s’approche encore. De fait, le jeune, quand il rencontre la force du groupe, est potentiellement à l’orée d’une aventure sublime pour l’homme et, en même temps, d’un certain nombre de risques qu’il n’évacuera jamais: la violence potentielle, l’irrespect des autres…
Car, à chaque carrefour, il y a risque. […] Le jeu de rugby, lui, n’est pas coupable. Au contraire. Le jeu de rugby est encore une espérance. D’aucuns le penseraient même à l’échelle sociétale, comme moi. Mais il n’est pas pompier de la société. Il ne va pas éteindre tous les feux. Le monde ovale n’a jamais estimé que notre jeu était un remède. Il est une expérience de vie.
Très très belle analyse de la situation actuelle et du rugby en génétal.