Comme vous le savez, les deux internationaux Français Oscar Jegou et Hugo Auradou ont été libérés lundi dernier.
S’ils ne peuvent pas revenir en France car leur passeport est toujours confisqué, en revanche, ils ne sont plus en détention.
Et pour cause, le parquet a estimé que les charges retenus contre les deux inculpés n’étaient pas assez solides.
Le journal L’équipe indique avoir eu accès à des documents confidentiels rédigés par le procureur en chef de l’Unité de poursuite des délits contre l’intégrité sexuelle.
Ce document explique précisément pourquoi les deux joueurs Français ont été libérés. Extrait:
« La première version fournie par la plaignante a été affaiblie par divers éléments de preuve qui ont été versés au dossier et qui ont révélé une série de contradictions en ce qui concerne la mécanique de l’acte et l’existence d’un consentement, qui sont pertinentes et ne peuvent être ignorées par le ministère public. »
Selon le magistrat donc, le témoignage initial de la plaignante a perdu en exactitude tout au long de l’enquête. Extrait:
« La doctrine et la jurisprudence reconnaissent que, dans ce type de crime qui se déroule dans l’intimité et hors de la vue des tiers, la preuve pertinente est la déclaration du témoin naturel des faits, c’est-à-dire la victime présumée, dont la persistance dans le temps, la corroboration périphérique de ses déclarations et l’absence d’incrédulité subjective due à des motifs fallacieux sont également appréciées aux fins de la considérer comme une preuve concluante. »
Dès le début de la rencontre avec Hugo Auradou en boite de nuit, la plaignante indique s’être sentie humiliée. Extrait:
« Il a essayé de m’emmener de force à trois reprises dans des toilettes différentes de la boîte de nuit, déclare-t-elle le 7 juillet, une déclaration qu’elle confirmera dans son audition devant les procureurs le 6 août. Quand j’ai vu ses intentions, Dieu merci il y avait des femmes à la porte de toutes les toilettes. J’ai dit à la femme de sécurité qui était là : “Ne me laissez pas passer.”
Avec ma tête, je lui faisais signe, je lui ai dit en espagnol parce qu’Hugo ne comprenait pas l’espagnol. Il n’était pas satisfait. Après, il a essayé de me forcer à entrer dans les toilettes des hommes, et après dans des toilettes du rez-de-chaussée. Je me retrouve alors dans la même situation et je fais la même demande aux officiers de sécurité : “Ne me laissez pas entrer, je ne veux pas avoir de relations sexuelles, je ne veux rien dans une boîte de nuit ou dans un endroit quelconque.” »
Et c’est là qu’une incohérence a été détectée par la magistrate : pourquoi la plaignante a accepté de se rendre jusqu’à la chambre d’hôtel d’Hugo Auradou alors qu’elle s’était sentie humiliée quelques minutes plus tôt ?
Autre incohérence : la plaignante aurait assuré à Hugo Auradou qu’elle était d’accord pour se rendre dans sa chambre d’hôtel uniquement pour continuer à boire de l’alcool.
Or, quand Hugo Auradou se rend à la réception pour récupérer la clé de sa chambre, la plaignante tape à plusieurs reprises à la porte de la chambre pour s’assurer que personne n’était dans la chambre.
Pourquoi voulait-elle s’assurer que la chambre soit vide si c’était seulement pour boire un verre ?
La magistrate explique cette incohérence. Extrait:
« Lorsqu’on lui a demandé pourquoi elle faisait cela, écrit le procureur en chargé de l’enquête, elle a répondu qu’elle voulait s’assurer qu’il n’y avait pas d’autre personne à l’intérieur, sinon elle ne serait pas entrée ; cette explication n’est pas cohérente étant donné qu’elle a dit qu’elle allait à l’hôtel pour continuer à boire, ce qui implique qu’elle ne voulait pas être seule avec le sujet. »
Dans l’ascenseur, Hugo Auradou a baissé son pantalon. Un geste qui ne laisse que très peu de doute sur la réelle volonté du joueur.
Pourquoi la plaignante n’aurait pas quitté les lieux à ce moment-là ?
Le procureur enchaine. Extrait:
« Elle avait la possibilité de quitter les lieux ou de demander de l’aide au moment où elle était seule à attendre qu’Hugo revienne de la réception avec la carte. »
Dans une autre déclaration, la plaignante affirme avoir hurlé à l’aide et avoir tapé sur les murs pour être secourue. Mais les joueurs se trouvant dans les chambres à côté n’ont absolument rien entendu.
Par ailleurs, le médecin a clairement indiqué que les blessures constatées sur le corps de la plaignante ne sont pas forcément liées à des violences physiques.
Le procureur relève d’autres incohérences. Extrait:
« Elle dit qu’elle ne s’approche pas de l’accueil lorsque Hugo parle à la réceptionniste alors qu’il est clair qu’elle le fait. Elle mentionne qu’Hugo l’a prise brutalement dans le couloir, ce qui n’est pas observé ; elle dit qu’entre le moment où elle est entrée dans la pièce avec Hugo et celui où Oscar y est entré, il s’est écoulé une heure alors qu’il ne s’est écoulé que six minutes ; elle dit qu’Hugo a ouvert la porte à Oscar alors qu’on voit clairement que c’est ce dernier qui l’a ouverte à l’aide de la carte magnétique. »
Enfin, lors de sa sortie de la chambre, elle quitte l’hôtel sans alerter personne.
Le procureur ne comprend pas ce récit. Extrait:
« On ne comprend pas non plus comment, en état de choc, elle quitte la chambre, se coiffe dans l’ascenseur, salue les clients qui entrent dans l’ascenseur. »
C’est donc pour toutes ces raisons que les deux joueurs Français ont été libérés.