Les parents de Mehdi Narjissi, Djalil et Valérie ont tenu une conférence de presse à Agen, ce mardi après-midi, pour évoquer la disparition de leur enfant en Afrique du Sud.
Dans des propos relayés par Midi Olympique, Djalil Narjissi explique avoir reçu un appel de la Fédération Française de Rugby le 7 août, vers 18h00. Extrait:
On a reçu un coup de téléphone du président de la Fédération, le 7 août. J’ai rappelé son appel en absence. À 17 h 59, je l’ai rappelé. Il m’a dit qu’il y avait eu un accident, que Medhi avait… Voilà. Tout s’arrête. On a du mal à entendre ça. J’ai posé des questions, ma femme lui a parlé puis j’ai repris l’appareil. « Mais comment ça se fait ? »
J’ai repris mes moyens et j’ai posé des questions. « Sur quelle plage ? », « était-ce une plage habituelle ? ». Il m’a dit que oui, que c’était un lieu habituel, où les différentes sélections qui se rendaient en Afrique du Sud allaient régulièrement. J’ai coupé la conversation et puis on a communiqué par Whatsapp. Je lui ai demandé à aller sur place avec ma femme et ma fille, le plus rapidement possible. Et là, là-bas, ça a été l’enfer. Il m’a dit « habituelle », que les différentes équipes de France avaient l’habitude d’y aller.
Selon lui, les équipes de France ne se rendent jamais sur cette plage en particulier. Extrait:
Ce que je sais, après une longue semaine à mener notre propre enquête, c’est que les équipes de France vont chaque année au Cap de Bonne Espérance, pour une journée de découverte, avec une visite du port. Mais jamais qu’ils n’ont fait cette baignade de récupération, à cet endroit.
Il n’arrive pas à comprendre comment les encadrants ont pu laisser les joueurs se baigner sur cette plage. Extrait:
Ce n’est pas une question d’ancien pro ou ancien coach : vous êtes sur une des plages les plus dangereuses d’Afrique du Sud ; nous avons croisé quelques surfeurs qui eux-mêmes nous ont dit que le site était très dangereux, avec des vagues énormes, des courants d’arrachement qui vous balaient et vous emportent. Le sable crée des trous sous vos pieds. Il n’y a pas besoin d’être entraîneur pro pour comprendre que c’est dangereux. N’importe quelle personne, n’importe quel parent… C’est inimaginable.
Le responsable serait le préparateur Robin Ladauge. Extrait:
D’après le rapport de l’enquête et des auditions des enquêteurs sud-africains, c’est le préparateur Robin Ladauge qui prend cette décision, de cette propre initiative. Dans le rapport, Stéphane Camboz, le manager, dit aussi qu’il n’en n’était pas informé. C’est une décision que Ladauge a prise de lui-même.
Il y avait 12 encadrants dans le staff. Sur la plage, avec Ladauge, ils étaient 8. Dont les coachs, les kinés. Ils étaient tous là. Seul le docteur est resté à mi-chemin : cela faisait six fois qu’il allait au Cap de Bonne Espérance, il ne voulait pas descendre d’autant qu’il a du mal à marcher. Ça aurait pourtant dû être sa place à lui aussi, il est docteur et encadrant.
Il dévoile les conditions de la baignade. Extrait:
Le seul dans l’eau, c’est Ladauge. Il a une bouée avec lui, qu’il a récupérée sur la plage, à 90 mètres de l’eau. Il porte une tenue en néoprène. Les enfants, eux, étaient en slip. Une récup, ça ne se fait pas aux chevilles. Vu les conditions et l’endroit, on a très vite de l’eau au-dessus de la taille ! J’y suis rentré, dans cette eau, je le sais. Je n’arrive pas à comprendre ce qui leur ait passé par la tête.
Le manager Stéphane Camboz arrive ensuite sur la plage et constate qu’il y a un problème avec deux joueurs. Extrait:
Il est avec le reste du groupe. Ils avaient fait deux groupes, un qui descendait vers la plage et l’autre qui montait au phare. Quand il arrive sur la plage, il voit que l’autre partie des enfants est déjà dans l’eau. De ce qu’il dit dans sa déposition, il enlève son t-shirt pour y aller aussi. À ce moment-là, il entend Ladauge dire : « allez les enfants, on sort de l’eau ! ». Mais Camboz voit un problème au loin, et les jeunes de l’équipe qui regardent aussi deux silhouettes qui se débattent. Là, il a pris conscience qu’il y avait un problème. Mais comme i n’a pas de signal téléphonique au bord de la plage, il remonte en courant pour alerter les secours.
Il précise qu’aucun adulte n’a tenté de porter secours à Mehdi. Extrait:
Personne. Aucun adulte, en tout cas. Seulement un enfant de 17 ans, Oscar, un coéquipier de Medhi qui a plongé pour essayer de le sauver. Même pas Ladauge, avec sa tenue en néoprène. Il ne retourne même pas dans l’eau pour les aider. Lui, il sort de l’eau.
Il l’affirme : l’attitude de Ladauge est catastrophique. Extrait:
Une catastrophe. Ils sont ceux à qui j’ai confié mon enfant, dans une fédération soi-disant d’élite, et il n’y a aucune action de leur part ? Rien pour aller chercher ces deux gamins qui se débattent dans l’eau ? C’est très grave ce qu’on vit, mais ça aurait pu être dramatique. Si Oscar n’avait pas de bonnes notions de nage…
Je l’ai appelé, ce gamin. J’ai parlé à son père. Oscar, il est un héros pour moi. Il a eu les cou***** d’y aller. Même s’il n’a rien pu faire, il est mon héros. Et aucun adulte n’a bougé ? Un autre enfant a failli mourir, Noah, l’ami de mon fils, son frère (celui qui a été emporté en même temps que Medhi Narjissi, N.D.L.R.). Il l’a dit à son père qu’il avait failli mourir par deux fois, qu’il s’était accroché à un rocher. Oscar, lui, a mis plus de vingt minutes à revenir sur le bord. alors qu’il fait 2 mètres et qu’il est un bon nageur. Et aucun adulte n’a rien fait ? Ils les ont laissés dans l’eau ?
Selon Djalil Narjissi, il ne s’agit pas d’un accident mais d’un acte provoqué. Extrait:
Ce n’est pas un accident, ça a été provoqué. Un accident bus, un avion qui se crashe, ou si Medhi se blesse et devient paraplégique, on est tous désolés, abattus. Mais pas ça, pas une chose comme ça. Ils ont joué avec la vie de nos enfants. C’est le nôtre qui a disparu. Medhi, c’était notre soleil. Mais ils ont aussi joué avec la vie des autres enfants, Oscar ou Noah, son meilleur ami, qui l’a vu mourir et qui s’est vu mourir aussi.