Invité de BFMTV ce mardi 3 septembre, Me Antoine Vey affirme que la défense des rugbymen Hugo Auradou et Oscar Jegou, accusés de viol avec violence, s’appuie sur des arguments tangibles et non sur “l’émotion” générée par les témoignages de la plaignante.
Ce n’est plus qu’une question de temps. Après presque deux mois en Argentine, Oscar Jegou et Hugo Auradou vont embarquer dans un avion en direction de la France. “A priori”, leur arrivée devrait être pour mercredi 4 septembre, a déclaré Me Antoine Vey ce mardi sur le plateau de BFMTV.
Un peu plus tôt dans la journée, les deux joueurs du XV tricolore ont reçu le feu vert de la juge Eleonora Arenas, conformément à la demande du parquet. Cette décision de justice ne signifie pour autant pas la fin de la procédure lancée contre les deux internationaux, mis en examen pour “viol aggravé”.
Ils sont accusés par une femme de 39 ans de relations sexuelles non consenties et de faits de violence dans la nuit du 6 au 7 juillet, au terme d’une soirée en discothèque, à Mendoza, après un match des Bleus. Le Rochelais et le Palois reconnaissent des relations sexuelles avec la plaignante mais contestent les faits. Selon Me Antoine Vey, “la décision qui vient d’être rendue, si on sait la décrypter, les innocente”.
Les deux joueurs libérés le 12 août
“Depuis le début, le parquet, qui a accès à tous les éléments de l’enquête et qui sait véritablement ce que cette enquête a produit -elle a produit la marque de l’innocence de ces deux joueurs-, a d’abord autorisé, il y a un mois, la remise en liberté en Argentine”, rembobine l’avocat, qui rappelle que “toutes les décisions qui ont été rendues ont été favorables aux joueurs”.
Après leur arrestation, les deux joueurs avaient été placés en détention provisoire. Une dizaine de jours plus tard, ils ont été assignés à résidence avant d’être libérés le 12 août, sans toutefois être autorisés à quitter le territoire argentin. Les avocats des joueurs ont déposé la semaine dernière une demande de non-lieu, pour laquelle une date d’audience n’a pas encore été fixée.
“Un match médiatique”
Me Antoine Vey le clame: “On n’a pas besoin d’attendre une décision de justice pour être innocenté. L’enquête n’aura pas établi les éléments permettant de confirmer l’accusation dont ils ont été les victimes”.
“Il faut quand même savoir à un moment dire: ce sont des gens qui sont innocents, qui ne sont pas présumés coupables, qui ne sont pas présumés violeurs. Il n’y a pas de présumée victime et il n’y a pas de présumé viol. Il y a deux personnes qui ont été accusées à tort de faits graves”, argumente encore le conseil, qui affirme que “l’expertise médicale exclut que les dépositions de la plaignante aient été réelles”.
L’avocat des joueurs estime que, dans cette affaire, “il y a aussi ce match médiatique qui s’est déroulé parallèlement à l’affaire judiciaire, qui est extrêmement désagréable et qui n’est pas objectif en fait”. Et Me Antoine Vey d’insister: “D’un côté, on en appelle à des émotions, à une cause idéologique que chacun comprend et qu’on peut respecter. Nous, on a ces éléments objectifs: les vidéosurveillances, les textos, les téléphones portables, que l’on a remis à la justice alors que la plaignante n’a pas voulu remettre son téléphone.”
Un témoignage de la plaignante bientôt diffusé
Le disciple d’Éric Dupond-Moretti reconnaît qu’il est important de lutter contre les violences faites aux femmes, que c’est “une cause politique” juste. “On veut des lois pour que les femmes soient protégées”, assure-t-il. “Mais ça n’a rien à voir avec un cas individuel dans lequel il peut y avoir des femmes qui ne disent pas la vérité.”
À présent, ses clients souhaitent vivre “une phase de régime médiatique”. “Ils veulent rentrer en France, prendre le temps d’être avec leur famille, rentrer dans leur club, reprendre la compétition sportive”, relate Me Antoine Vey. “Et ils veulent voir comment on va gérer une phase qui est celle de la réhabilitation médiatique.”
Jeudi 12 septembre, France 2 diffusera le témoignage de la plaignante au micro d’Envoyé Spécial. Un extrait glaçant a été partagé dans la soirée de ce mardi, dans lequel elle affirme qu’Oscar Jegou et Hugo Auradou “[l]’ont brutalisée et considérée comme un morceau de viande”.
Elle décrit les sévices qu’elle dit avoir subis cette nuit du 6 au 7 juillet. Des sévices qui l’ont amenée à tenter de se suicider fin août. La trentenaire avait même laissé une lettre d’adieu pour expliquer son geste. “Ils ont ruiné ma vie. Ils ont manipulé la presse sans pitié pour que cela entraîne une condamnation sociale contre moi”, pestait la trentenaire dans ce texte.
Dans cette affaire, les versions s’opposent toujours frontalement et le “match médiatique” n’est peut-être pas encore terminé.
Via RMC Sport