Le manager du Stade-Toulousain, Ugo Mola s’est présenté en conférence de presse ce vendredi midi pour évoquer la reprise du Top 14 et le match de ses joueurs à venir contre Vannes, dimanche soir.
Interrogé sur les affaires extra sportives qui se sont produites cet été, Ugo Mola a expliqué sa manière de voir les choses.
Il estime que ce n’est pas en menaçant les joueurs de licenciement que les choses vont rentrer dans l’ordre.
Il est davantage pour la pédagogie.
Dans la foulée, il ne manque pas de recadrer certains observateurs qui pestent contre ces débordements. Il rappelle que ce genre de débordement ont toujours existé dans le rugby, à toutes les époques.
A lire ci-dessous :
« Toute communication sur ce genre de sujet est délicate et casse-gueule. Ici, au Stade Toulousain, on n’a pas la culture du secret, mais on a celle de la pudeur. Évidemment qu’on a mis des choses en place depuis quelques années. Des choses qu’on souhaite parfois évoquer et d’autres fois un peu moins, parce que c’est sensible et dangereux, ne serait-ce que pour les personnes qu’on serait amenés à accompagner.
On parle aujourd’hui de la cocaïne et de l’alcool, mais il y a aussi l’addiction au jeu ou à d’autres choses. On essaie de répondre à la mutation d’une société, au comportement de jeunes personnes qui disposent de plus de temps et souvent de plus d’argent que Monsieur ou Madame Tout-le-monde. Dire qu’il faut maîtriser et contrôler cet environnement-là me pose toujours un problème. Plutôt que de mettre en place un cadre de vie ou un règlement intérieur qui nous permettrait de nous dédouaner sous prétexte qu’on a contrôlé des mecs de façon aléatoire, on préfère chercher à élever le niveau de prise de conscience de nos joueurs.
Avec Jérôme Cazalbou, on s’est amusés à regarder ce qui se faisait ailleurs dans d’autres sports, notamment aux États-Unis, où des gens ont réfléchi à ça. Honnêtement, j’ai plus envie de présenter un chimiste à nos mecs pour qu’il leur explique ce qu’ils sont susceptibles de prendre ou pas, plutôt que de leur dire : ”Le jour où tu prends ça, t’es viré, t’es dehors, ou on ne te paie que la moitié de ta prime d’éthique ! ”. Il faut qu’on arrive à éduquer, à informer.
Évidemment qu’il y a des règles dans la vie, des règles auxquelles on ne déroge pas. Mais il faut qu’on y mette un peu de mesure. Le tout répressif et le tout interdit, ça ne fonctionne pas, ça a été prouvé dans plein d’endroits. S’engouffrer dans des trucs où tout le monde va se donner bonne conscience en sanctionnant ou en mettant un cadre, non ! Nous, on sait qu’on a des garçons qui ont joué avec la limite. On est dans une ville étudiante, festive, donc on sait très bien que nos jeunes joueurs et nos moins jeunes sont amenés à aller ici ou là. Après, il y a bien manger et mal manger, bien boire et mal boire, etc.
Quand j’entends certains dire que la bière dans le vestiaire, c’est déjà un problème, je ne suis pas d’accord. Moi, je suis profondément traditionaliste. Je pense qu’il y a des choses qu’il faut conserver. Ça ne veut pas dire qu’il faut être complètement con et ne pas les faire évoluer par rapport aux générations nouvelles. La bière du vestiaire, ce n’est pas juste boire de l’alcool, c’est partager un moment où l’on débriefe le temps qu’on a passé sur le terrain. Peut-être que la bière est un mauvais accessoire et qu’il faudra en changer, mais c’est ce temps-là passé entre nous que je ne veux pas tuer. Il est trop important, il ne faut pas le perdre. Pareil pour les bizutages. On peut évidemment contester certains agissements, ce côté un peu rituel peut déranger, mais on a besoin d’intégrer, de faire passer des étapes à nos jeunes joueurs.
Que les mecs tombent des nues sur l’alcoolisme festif, la drogue et le rapport que le rugby a avec les femmes, franchement… Ça ne date pas d’aujourd’hui. Ces mecs-là devaient avoir des miroirs en bois ou des télés en carton, ce n’est pas possible. Il y a eu des agissements dans le passé qui n’étaient pas corrects, sauf que ça passait. Aujourd’hui, ce n’est pas qu’en réprimandant ou en punissant qu’on réglera le problème. C’est aussi en informant, en discutant et en partageant. »