Le Directeur Général de la Ligue Nationale de Rugby, Emmanuel Eschalier s’est confié via Le Figaro pour évoquer les affaires extra sportives qui se sont passées cet été.
Dans un premier temps, il évoque la responsabilité individuelle des joueurs et des clubs. Extrait:
«C’est de la responsabilité individuelle des joueurs mais aussi de celle des clubs. Il y a un effort de prévention et de sensibilisation qui est fait. On n’a pas attendu les récents événements pour engager des programmes de fond. Quand il y a un cadre et que celui-ci n’est pas respecté, la réponse doit être ferme : c’est la sanction. Il y a des droits mais aussi des devoirs qui vont avec le statut de joueur professionnel. Mais ces événements doivent nous amener à redoubler d’efforts pour apporter des réponses sur les deux terrains : fermeté quand il y a des écarts et trouver des solutions plus pertinentes aux cas difficiles.
Nous allons continuer à mener ce chantier avec détermination mais en gardant notre calme. Ces affaires n’ont pas donné une belle image du rugby et ce n’est pas à la hauteur de tout ce que notre sport apporte de formidable en termes d’éducation et de lien social. Mais il ne faut pas faire d’amalgame. Les débordements c’est une chose, les situations d’addictions c’est autre chose. Il faut apporter les réponses appropriées et on s’y emploie ; vigilance, cadre de vie, prévention, accompagnement et sanctions le cas échéant. Comme tous les environnements sociaux et professionnels, le rugby n’échappe pas aux situations de faiblesse ou d’addictions.»
Il évoque ensuite la santé mentale des joueurs. Extrait:
«On met en place un projet ambitieux. En plus de la ligne téléphonique où des médecins sont à disposition pour les joueurs qui ont besoin d’en parler – ce qui permet de déceler et de mieux prendre en charge les troubles psychologiques – nous venons d’instaurer un protocole harmonisé. Il y a désormais un bilan psychologique annuel pour détecter les signaux faibles.
Nous menons également une action de prévention auprès des 30 clubs professionnels. L’ancien joueur Raphaël Poulain témoigne de son expérience très forte pour ouvrir le dialogue et un psychologue donne des clés de lecture. Le message est simple : tout le monde peut être confronté à une situation de mal-être et il ne faut pas hésiter à en parler librement.»
Il précise que la LNR continue de lutter contre les propos homophobes et racistes dans les stades. Extrait:
«Ce n’est pas du tout rugby. C’est encore minoritaire mais c’est un sujet de préoccupation. Nous sommes très vigilants. Il y a des moyens de répondre à ces signaux que nous prenons très au sérieux. Le premier, c’est une fermeté absolue dans les sanctions. C’est et ça restera notre ligne de conduite. On ne peut pas s’en exonérer. Ensuite, il y a le travail entamé par les clubs concernés – ils ne le sont pas tous, loin de là – qu’ils se sont engagés à accentuer. Un travail, entre autres, avec leurs groupes de supporters. La fédération des supporters de rugby est à nos côtés avec une position extrêmement claire à ce sujet. Elle nous soutient.
Nous faisons en sorte que ces incidents ne se reproduisent plus. La culture rugby qui règne dans les stades, un climat convivial, apaisé, avec des supporters qui se mélangent, reste et doit rester notre quotidien. Nous lançons justement une campagne publicitaire grand public pour réaffirmer notre promotion et notre respect de la diversité, notre lutte contre l’homophobie et le racisme. La diversité c’est notre force.»
Le secteur de l’arbitrage est également un sujet tendu. Extrait:
«Là aussi, il faut être intransigeant. Un gobelet jeté sur un arbitre quand il sort du terrain, des messages haineux dans le stade ou sur les réseaux sociaux, c’est inacceptable. Quant aux contestations à la hausse des joueurs, il y a eu un recadrage à mi-saison l’année dernière qui a produit ses effets. La règle a été rappelée et elle est claire : seul le capitaine a le droit de parler à l’arbitre.»