Le club de Hyères-Carqueiranne-La Crau a été placé en liquidation judiciaire.
Les repreneurs intéressés par le projet du RCHCC n’ont pas été en mesure de sauver l’équipe professionnelle.
Le RCHCC a donc disparu et une nouvelle association a été créée.
Tous les joueurs de l’équipe première ont donc été forcés de quitter le navire.
Le pilier gauche de Hyères-Carqueiranne, Eli Serra-Miglietti a tenu un témoignage émouvant via Midi Olympique.
Ce-dernier raconte notamment la difficulté dans laquelle se sont retrouvés tous les joueurs du RCHCC en cours de saison dernière, et cet été.
A lire ci-dessous :
“Je peux dire haut et fort que l’on a vécu un calvaire. Pour ma part, j’ai vite compris que la situation était impossible à relever. J’ai d’ailleurs été le premier à appeler un avocat. Je fais encore le lien avec mes anciens équipiers. À l’heure actuelle, nous n’avons toujours pas perçu nos salaires impayés. Le mandataire judiciaire est un peu dépassé et le combat s’annonce long avant que les assurances règlent nos situations. C’est un nouveau combat. Il pourrait d’ailleurs se finir devant les prud’hommes. Bref, nous en avons encore pour quelques années. Nous devons vivre avec cela dans notre reconstruction.
Aujourd’hui, j’ai encore une rage intense. Nous avons été abandonnés par nos présidents et les instances. Personne de la Fédération n’est venu mettre le nez dans notre affaire. Pendant un mois, nous avons repris l’entraînement, avec notre nouveau manager David Penalva, sans que personne ne vienne nous voir. On ne comprend toujours pas comment c’est possible d’avoir vécu cela sans aucune aide extérieure. Sans contrat du jour au lendemain, nous avons été contraints de trouver des portes de sortie au mois… d’août !
Je fais partie des chanceux : j’ai signé à l’Olympique marcquois, en Nationale. Je me dis chanceux car cela est presque inespéré. La proposition est tombée à un moment où j’allais accepter d’aller en Fédérale 1. Mon esprit a ainsi basculé vers le positif. Cette aventure sur le terrain sera un exutoire, une bouffée d’oxygène alors que le combat, comme je l’ai dit, s’annonce encore long. La passion du jeu est toujours là. La place de l’humain dans le rugby professionnel m’a en revanche dégoûté. Après ça, on voit notre sport différemment. Ce sentiment est partagé par mes coéquipiers.
D’ailleurs, en les évoquant, je me dois de dire que je pense à eux. Si je me sens chanceux, c’est aussi en voyant que d’autres, talentueux et dotés d’un état d’esprit remarquable, se retrouvent à jouer dans le monde amateur. Je ne dénigre personne mais ces mecs n’évoluent pas à leur niveau. Je suis dégoûté pour eux et cela me rend fou de les voir dans ces situations. Ils vivent une injustice alors qu’ils se sont battus, pendant des années, pour devenir des professionnels. Nous sommes marqués et liés à vie par cette expérience. À l’avenir, on ne se parlera pas tous les jours. Ce serait mentir. On gardera en revanche des liens forts et de beaux souvenirs, sur le terrain, où nous avons su défendre nos couleurs et battre des clubs historiques. Nous avons été jusqu’au bout irréprochables.
Maintenant, je souhaite qu’il y ait un après pour le rugby. Il y a eu Blagnac, il y a eu Hyères-Carqueiranne. La Nationale est-elle viable sur le plan économique ? Les instances doivent réfléchir et, surtout, accompagner les clubs et les joueurs. D’ailleurs, avant d’être des joueurs, nous sommes des hommes, certains des pères. Ce sont ces pères qui se retrouvent sur le carreau, avec des familles à charge, au moment où tout vole en éclats. Des années de sacrifices, à courir après nos rêves et faire bouger nos familles, pour ça ? C’est dur ! Pour le futur, pour tous les rugbymen, j’émets juste le souhait que les pions d’aujourd’hui, placés sur l’échiquier du rugby, soient juste traités comme des humains à part entière.”