Pour cette tournée de novembre, dans laquelle les Bleus affronteront le Japon, la Nouvelle Zélande et l’Argentine, Fabien Galthié a comme souvent fait le choix de la continuité dans son groupe de 42 joueurs. Mais grâce à des performances remarquées, profitant parfois de méformes ou de blessures, certains petits nouveaux sont parvenus à se faire une place au soleil. Présentations.
Tevita Tatafu, l’évidence
Lui n’est pas vraiment un nouveau dans le groupe France. Suivi depuis un moment par le staff, il a cet été passé quelques jours à Marcoussis pour “prendre une semaine d’avance sur son agenda”, explique le sélectionneur Fabien Galthié.
Non sélectionnable pour la tournée en Argentine, le Tongien d’origine va enfin pouvoir fêter sa première cape à 22 ans. Et représente, aux côtés de George-Henri Colombe, l’avenir d’un poste occupé depuis 10 ans par Uini Atonio.
Arrivé en 2019 à Bayonne, il est peu à peu devenu indispensable au club basque. L’an dernier, il dispute 25 matchs sur 26, dont 17 en tant que titulaire. Et ravit son entraîneur Gregory Patat: “Il a toutes les qualités pour le rugby moderne. Il est explosif ballon en main, et ses adversaires souffrent… C’est un point d’ancrage très intéressant pour notre équipe. Et n’oublions pas son jeune âge. Avoir ce potentiel et ce temps de jeu à son âge, c’est de bon augure pour l’avenir”.
Il associe en effet à ses 135 kg une explosivité qui lui permet de peser de tout son poids sur les défenses du Top 14. Mais au-delà de sa puissance, il est aussi un excellent manieur de ballon, qui parvient à faire jouer derrière lui. Quant à la mêlée fermée, bon courage pour arriver à faire bouger le colosse.
Tevita Tatafu est finalement un vrai ovni comme aime Fabien Galthié. Si certains des petits nouveaux vont devoir se contenter du groupe élargi, ou d’un rôle de rotation, dur d’imaginer le Bayonnais ne pas s’imposer au poste de pilier droit dans les prochaines années.
Marko Gazzotti, la relève attendue
Lui s’est révélé aux yeux du rugby français lors de la saison 2022-2023, à Grenoble en Pro D2. Saison conclue par une défaite en match d’accession contre l’USAP, puis un titre de champion du monde U20, ainsi que la récompense de meilleur joueur du tournoi. Ensuite, son adaptation au plus haut niveau du côté de l’UBB est plus difficile que prévue, il se blesse au pouce dès la première journée et reste éloigné des terrains pendant 2 mois.
De retour après la Coupe du monde, il enchaîne 15 matchs en Top 14, en Champions Cup et chez les U20, gagnant même une première convocation pour préparer le match du XV de France contre l’Italie lors du dernier Tournoi des VI Nations. Sa blessure à la cheville face au Stade Toulousain au mois de mars signe la fin de sa saison.
Cette année, il a retrouvé les terrains avec envie, jouant six matchs sur sept, meilleur bordelais au sein d’une équipe bordelaise ultra dominatrice.
Troisième ligne moderne, celui qu’on annonce comme le successeur de Grégroy Aldritt est un gros porteur de balle, très fort dans le combat frontal et explosif en sortie de mêlée. Ultra complet pour son âge, Gazzotti n’a pas beaucoup de défaut mais une marge de progression qui pourrait lui permettre de s’imposer au plus haut niveau.
Paul Costes, la météorite
Titulaire en finale de Champions Cup, remplaçant en finale de TOP 14 l’an passé, Paul Costes récolte les fruits de sa merveilleuse saison 2023-2024. À 21 ans, le fils du troisième ligne international Arnaud Costes a tout cassé. Arrivé sur la pointe des pieds du centre de formation en 2022-2023, il s’impose dès le début de la saison dernière, dans la lignée de son Mondial U20 réussi avec les Bleuets.
Profitant des absences de nombreux toulousains, blessés ou à la Coupe du Monde, il impressionne son entraîneur Ugo Mola qui en fait son titulaire au centre en phase finale de Champions Cup, reléguant Santiago Chocobares sur le banc. Il passe ainsi de 6 à 22 apparitions avec le Stade Toulousain, avec à la clé des performances remarquées face aux Anglais des Harlequins et d’Exeter.
Et dans le rugby moderne, son profil détonne. Au milieu des puissants Danty, Fickou ou Moefana, il impose son style de passeur, de créateur avec qui il se passe toujours quelque chose. Et il associe à ça une activité et une efficacité impressionnantes en défense.
“Grâce” à la suspension de Yoram Moefana, et la blessure de Nicolas Depoortere il sera à Marcoussis la semaine prochaine. Reste à savoir si son gabarit (1m83, 90 kg) lui permettra de s’imposer au poste de deuxième centre au niveau international.
Joshua Brennan, étape par étape
Deuxième ou troisième ligne, Joshua Brennan peut faire les deux. Et c’est sans doute cette polyvalence qui a séduit le staff du XV de France. Du haut de son mètre 99 et ses 118 kilos, le natif de Dublin, fils de l’international Irlandais Trevor Brennan s’est fait une place au Stade Toulousain, au milieu des Meafou, Flament et autres Arnold.
Licencié au Stade Toulousain depuis ses 12 ans, il est l’exemple type du joueur géré intelligemment par le club, à qui on a laissé le temps d’éclore. Une saison à deux matchs en pro pour commencer, une autre à 13 matchs sans titularisations.
Avant de s’imposer la saison dernière au cours de laquelle il dispute 19 matchs, participant aux deux finales jouées par son club. Et répondant par la même occasion aux attentes de son entraîneur Ugo Mola : “Il a compris certaines choses, les a mises dans l’ordre à la fois dans son développement physique, dans sa préparation. Et aujourd’hui, il est en train de prendre la mesure du milieu dans lequel il évolue. C’est un garçon ambitieux qui a de vraies prédispositions”.
Joshua Brennan a un énorme volume de jeu, véritable numéro 4 moderne, capable de multiplier les déplacements. Et sur les derniers mois, il semble s’être épaissit, et est désormais capable de rivaliser dans la puissance physique avec la plupart de ses pairs du Top 14.
Cette saison, il a disputé six matchs sur sept, avec notamment une performance majuscule face à La Rochelle lors de la deuxième journée, et pourrait avoir une chance en sortie de banc lors de la tournée.
Pierre Bochaton, l’invité surprise
Le solide deuxième ou troisième ligne de l’Union Bordeaux Bègles ne fait pas de bruit. Moins attendu que Marko Gazzotti, moins impressionnant que Posolo Tuilagi, le jeune homme de 23 ans est pourtant devenu un cadre chez les Girondins.
Arrivé très discrètement au club en 2021, en provenance de Fédérale 1, Bochaton est lancé dans le grand bain par Christophe Urios en janvier 2022 en tant que troisième ligne.
Titulaire en phases finales l’année suivantes, c’est à l’arrivée de Yannick Bru qu’il est responsabilisé et devient un élément important du groupe. Il répond présent dans les rencontres décisives, en témoigne son essai face au Stade Français en demi-finale du Top 14 la saison dernière.
Habile en tant que sauteur en touche, il est avec l’Écossais Jonny Gray l’option n°1 pour les lanceurs bordelais. Besogneux, dur sur l’homme et très actif dans le jeu, Pierre Bochaton dispose en plus d’une polyvalence rare, et appréciée par le staff des Bleus, puisqu’il peut évoluer aussi bien en deuxième qu’en troisième ligne. Sur ses 4 titularisations depuis le début de saison, son temps de jeu est parfaitement réparti entre les deux postes. Il aura de la concurrence en Bleus, mais cette polyvalence pourrait être un avantage considérable pour postuler une place sur le banc de touche durant la tournée.
Via RMC Sport