Ce n’est plus un secret pour personne : une charte va être mise en place en équipe de France pour éviter de nouveaux débordements.
Interrogé via L’équipe, le sélectionneur Français Fabien Galthié a expliqué en quoi allait consister cette charte.
Il s’est confié. Extrait:
Il y a trois points saillants dans la charte. D’abord le rapport à l’alcool. Sans autorisation, c’est interdit. Le point 2 concerne l’automédication. Tout doit être déclaré. Enfin, le troisième point interdit la présence dans notre lieu de vie de personnes étrangères, sauf autorisation. Tous ont dit oui.
Il explique que la co-construction du groupe a dérapé à Mendoza. Il tente d’explique pourquoi. Extrait:
Ça a plutôt bien fonctionné pendant cinq ans. Mais avec le temps, cette mécanique qui fonctionnait sur la co-construction, et aussi sur l’expérience et la confiance, a dérapé doucement pour arriver à ce qui s’est produit à Mendoza. C’était une équipe très jeune, avec peu d’expérience internationale, une sélection faite au dernier moment, avec une moins bonne connaissance des joueurs et une moins bonne préparation de ce cadre de vie. Ça nous a amenés à ces accidents, ces faits divers. Les faits sont là, il n’y a rien à dire, ils sont inacceptables.
Il n’est pas contre les sorties mais demande qu’un cadre strict soit posé. Extrait:
Attention, le mot “sortir” n’est pas un mot interdit pour moi. Je pense qu’on a besoin de sortir, d’aller à la rencontre des gens. Si on parle de la consommation d’alcool ou de substances interdites, c’est autre chose. Sûrement qu’il y a eu des abus dans le cadre de coutumes existantes. Mais pendant cinq ans, c’était quand même très bien contrôlé par les joueurs. Par les joueurs, pas par nous.
Contrairement à ce qui se faisait avant, nous, on partageait tout avec les joueurs. Il n’y avait rien de caché, comme auparavant quand il y avait beaucoup d’interdits et donc beaucoup de choses qui se faisaient de manière non-licite. Et ça, ça ne marche pas, parce que ça crée une scission, une incompréhension entre le staff et les joueurs.
Il réagit ensuite quand le journaliste lui explique que l’autogestion n’a pas du tout fonctionné en Argentine. Extrait:
Je peux l’entendre, et je le regrette. Oui, il y a eu des abus non tolérables ou des erreurs. Mais il ne faut pas stigmatiser quelques moments sur cinq ans de vie commune, 52 matchs, 80 semaines. Il y a des moments de fragilité, c’est clair, et il faut avoir beaucoup d’humilité là-dessus.
Il raconte ensuite les coulisses des dérapages de Mendoza. Extrait:
À Mendoza, l’agenda à suivre, c’était : réception avec les Argentins derrière le stade puis retour à l’hôtel, dîner à l’hôtel, remise des capes et sortie. Sortir, c’est respirer, c’est aller à la rencontre, c’est ne pas rester enfermé dans un hôtel, ne pas vivre isolé pendant quatre semaines. En ermite, ça ne marche pas.
Quand tu gagnes le premier test à Mendoza, de la façon dont tu le gagnes, l’ambition c’est de remporter le test à Montevideo trois jours plus tard et le dernier match à Buenos Aires. C’est le message que je passe immédiatement dans le vestiaire. Les enjeux ont été expliqués. Mais ce qui s’est passé dans la soirée a totalement fait exploser notre cadre de jeu, en fait. Parce que le but, c’est quand même la performance. C’est ça le problème, en fait. Ça se retourne contre vos performances.
Une chose est sûre : il n’a jamais pensé à démissionner après ces affaires extra sportives. Extrait:
Surtout pas (il le répète deux fois). Évidemment que ça m’a touché, mais je ne peux pas rester touché. Pour revenir à votre question précédente, non, je ne me sens pas fragilisé. Dans ce type de mission, il y a des gros temps forts, et aussi des temps faibles.
C’est là qu’il faut être bon et juste. Je n’ai pas pris de vacance cet été, justement parce que j’étais totalement engagé, et en pleine puissance, vers l’amélioration de notre cadre de vie. Je n’ai jamais été aussi convaincu de mon engagement que lors de ce moment dans le local avec les deux joueurs et la police. Ça peut paraître paradoxal, je sais.
Il affirme également s’être renseigné sur la manière de faire des autres nations. Extrait:
J’ai regardé comment vivaient les autres équipes et les autres sports aussi. J’avais entendu dire que les Sud-Africains avaient vécu une Coupe du monde sans alcool. Je voulais savoir. Je suis allé voir le maître d’hôtel à Toulon (où était établi le camp de base des futurs champions du monde). Je voulais qu’il me raconte comment les Sud-Africains, qui sont traditionnellement plutôt de gros consommateurs, avaient procédé. Je garderai ça pour moi.