L’ailier international Français Louis Bielle-Biarrey s’est confié via L’équipe à l’approche de la Tournée des Bleus.
Ce-dernier avoue avoir évolué et grandi. Extrait:
Il s’est passé beaucoup de choses pour moi depuis un an. J’ai beaucoup grandi. Mon statut a effectivement peut-être évolué après avoir joué la Coupe du monde et le Tournoi des Six Nations mais ma manière d’être reste la même. J’essaie, malgré tout, de prendre petit à petit un peu plus de place dans l’équipe, davantage de leadership comme me le demandent les coaches en club et en sélection. Ça me plaît.
Concernant le jeu, il se sait très attendu.
Par conséquent, il souhaite rester imprévisible pour pouvoir surprendre ses adversaires. Extrait:
Je sais que je suis beaucoup plus attendu. On commence à connaître mes forces et mes faiblesses. Quand on débute, on est jeune, avec une certaine fougue, et on surprend un peu tout le monde. Mais après plusieurs saisons, c’est peut-être plus compliqué de faire des différences.
Je veux rester imprévisible et parvenir à me réinventer constamment – notamment quand ça va un peu moins bien – pour rester longtemps au plus haut niveau. Le challenge est excitant. Si je fais tout le temps la même chose de mes 18 ans à la fin de ma carrière, je serai assez lisible et forcément à un moment ça ne fonctionnera plus.
Je dois essayer de développer d’autres qualités, en particulier par la polyvalence pour être performant à la fois à l’aile, où j’ai beaucoup évolué, et à l’arrière. Les deux postes sont directement liés notamment sur le placement au fond du terrain. En plus, de nombreux staffs optent maintenant pour des bancs en 6 (avants)-2 (trois quarts), voire parfois en 7-1. Avoir des joueurs sur le terrain qui peuvent jouer à deux postes est vraiment devenu essentiel.
Il rappelle être un arrière de formation, même s’il évolue régulièrement à l’aile. Extrait:
Mon poste de prédilection reste plutôt celui d’arrière même si ça fait trois ou quatre ans que je joue plus à l’aile. Sur les phases statiques, ça change un peu mais dans le jeu courant, je me retrouve parfois en position d’ailier quand je suis arrière, et inversement. Je dois surtout être conscient pendant le match que je suis au poste d’arrière parce qu’il y a quand même certaines différences. Par exemple, lorsque l’on est en attaque et que l’on perd la balle, si on est ailier, on va peut-être plus rester dans le premier rideau et l’arrière va s’occuper du champ profond. Sur ces petits moments, il ne faut pas trop planer et être bien concentré.
Il précise d’ailleurs ne pas se préparer de la même manière selon s’il joue arrière ou ailier. Extrait:
Non, quand je suis ailier, le fil directeur de ma semaine, c’est plutôt tout ce qui est ballon haut, même si je le bosse aussi en 15. Dans ces semaines-là, il y a plus de duels, des coups de pied par-dessus et des rasants. Et quand je suis arrière, je fais plus de jeu au pied long et plus de chandelles potentiellement. Mais au final, vu que je tourne assez souvent, ça m’aide à tout bosser.
Il indique apprécier pouvoir alterner à ces deux postes. Extrait:
Oui, ça me plaît. À l’UBB, avec la blessure de Nans Ducuing, Yannick (Bru, le manager) m’avait dit qu’il allait compter sur moi à l’arrière. Avoir vraiment la polyvalence ailier-arrière, ce n’est pas seulement jouer 10 minutes en fin de match de temps en temps. Si on veut être vraiment performant, il faut commencer des rencontres. Je l’ai fait deux fois cette saison dans des situations pas forcément simples, à Toulouse (12-16, le 29 septembre) et à La Rochelle (32-22, le 20 octobre). Je suis content parce que ça me met en difficulté. Ça me challenge.
À l’aile, j’ai pris goût à marquer des essais (6 en 11 sélections). C’est toujours jouissif. Si un ailier dit qu’il n’aime pas marquer des essais, il ment… C’est à ce poste que je suis le plus performant. Mais j’apprécie aussi de jouer à l’arrière parce que j’aime bien relancer et créer des espaces. Et j’aime bien aussi organiser un peu le jeu. Je suis quand même dix de formation, donc ça me plaît toujours de me frotter à ça. Plus on a de l’expérience, mieux c’est pour jouer en 15.
Dans la foulée, il affirme que marquer des essais n’est pas une obsession pour lui. Extrait:
Non, je ne fais pas une fixation mais c’est vrai qu’il y a parfois plus de petites frustrations quand on ne marque pas lorsqu’on est ailier plutôt qu’arrière. Un ailier est aussi jugé à son nombre d’essais même si c’est réducteur parce qu’on n’est pas là que pour ça. Ce n’est pas comme un buteur au foot qui peut être nul durant 90 % d’un match et qu’on félicitera finalement s’il plante deux buts. En rugby, ce n’est pas parce que tu marques 30 essais par saison que tu es forcément meilleur que celui qui en inscrit 7, même ça reste bien sûr un élément mesurable. Un essai ou une passe décisive, c’est pareil pour moi. Ce qui compte c’est d’être important pour l’équipe et de savoir sentir les coups. On doit être altruiste sans trop l’être non plus.
Au poste d’arrière, il précise toucher davantage de ballons. Extrait:
C’est vrai qu’on touche plus de ballons et qu’on est davantage au coeur du jeu. Mais il n’y a plus beaucoup d’arrières relanceurs qui prennent la balle et traversent le terrain face à des défenses bien regroupées. Moi, j’aime bien des joueurs comme Beauden Barrett bien sûr. Blair Kinghorn a aussi un style de jeu intéressant. Will Jordan est également très inspirant, j’ai un peu le même profil ailier-arrière que lui, avec quelques kilos en moins. Thomas Ramos, lui, est dans un registre un peu différent quinze-dix.
Patrick Arlettaz est content de mon début de saison sur les deux postes. Mais, dans l’immédiat, je pense que je ne commencerai pas à l’arrière mais plutôt à l’aile, avec la possibilité de basculer en cours de match.
En revanche, il ne se voit pas vraiment évoluer à l’ouverture. Extrait:
Même si j’aime l’aspect stratégique et les responsabilités du dix, je crois que je n’y débuterai jamais une rencontre. Peut-être que dans ma carrière je pourrai dépanner mais ce n’est pas du tout à l’ordre du jour (rires). Je vais déjà me concentrer sur le poste d’ailier et potentiellement celui d’arrière.